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La BIB aux Etats-Unis : "Offrir les meilleures conditions de transfert d’argent"

Publié le jeudi 28 octobre 2004 à 07h10min

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De retour d’une mission aux Etats-Unis d’Amérique où il est allé s’entretenir avec la diaspora burkinabè vivant dans ce pays, le président directeur général (PDG) de la Banque internationale du Burkina (BIB), M. Gaspard Ouédraogo nous situe ici sur les raisons de son déplacement, le produit qu’il est allé proposer aux compatriotes burkinabè, l’accueil qu’a connu le produit.

Sidwaya (S.) : Des agents de la Banque internationale du Burkina (BIB) ont effectué courant septembre 2004, une mission aux Etats-Unis d’Amérique. Qu’est-ce qui peut bien amener la BIB aux Etats-Unis ?

Gaspard Ouédraogo, Président directeur général de la BIB (G.O) : La BIB a effectivement effectué une mission du 18 septembre au 03 octobre 2004 aux Etats-Unis. La mission s’est déroulée en deux étapes : la première étape a consisté en un déplacement de cadres de la Banque, notamment du directeur commercial et du responsable du département organisation. Ce premier déplacement avait pour objectif de mettre en place les outils de l’accord avec notre banque partenaire aux Etats-Unis et rencontrer les responsables des Associations de Burkinabè résidant aux Etats-Unis, en vue de préparer la grande rencontre entre la BIB et la diaspora burkinabè aux Etats-Unis. La deuxième étape de la mission a été conduite par moi-même à mon arrivée à New-York le 23 septembre.

La rencontre avec nos compatriotes burkinabè vivant aux Etats-Unis a eu lieu le 26 septembre dernier au Harlem State office Building à New-York.

S. : Pourquoi une mission de la BIB aux Etats-Unis ?

G.O. : La BIB conduit depuis fin 1998, une action en direction de la diaspora burkinabè. Pour ce faire, nous avons visé les pays où la concentration des Burkinabè est la plus forte avec une capacité élevée de mobilisation de l’épargne.

La première expérience que nous avons menée dans ce sens a concerné la Côte d’Ivoire. Nous avons en son temps présenté à nos compatriotes de Côte d’Ivoire le produit de collecte de l’épargne. Sur les deux premières années, nous avons pu collecter environ 10 milliards de FCFA. Cette somme ramenée à la collecte d’une année dépassait de loin les performances de collecte du réseau interne de la BIB au Burkina dans le segment des comptes d’épargne.

C’est une indication importante pour nous, car la BIB contrôle dans le système bancaire du Burkina, 45% des dépôts sur livrets. La bonne couverture du territoire national par la BIB qui est une banque de proximité est un atout majeur dans l’activité de collecte de l’épargne. Les performances de l’opération Côte d’Ivoire étaient pour nous un signal fort sur le potentiel d’épargne de nos compatriotes qui sont à l’extérieur.

Après l’étape de la Côte d’Ivoire, nous sommes allés en France. Là-bas, nous avons ouvert un guichet en partenariat avec la Compagnie des banques internationales de Paris (CBIP) ; grâce à ce partenariat, nos compatriotes résidants en France et en Belgique peuvent ouvrir des comptes BIB au Burkina à partir du guichet de Paris.

Après la France, la troisième destination a été le Sénégal. Dans ce pays, nous avons passé un partenariat avec la Compagnie des banques de l’Afrique de l’Ouest (CBAO). Les Burkinabè résidant au Sénégal peuvent ouvrir des comptes auprès des guichets de la CBAO au Sénégal. Les 400 000 Burkinabè environ, qui vivent au Sénégal, se voient offrir par la BIB, la possibilité d’ouverture de compte, de constitution d’épargne mais aussi de transfert de fonds au pays.

Après le Sénégal, l’étape suivante a été les Etats-Unis. Il y a une communauté burkinabè très dynamique dans ce vaste pays implantée essentiellement à New-York et à Atlanta. Etant donné que nous ne souhaitons pas mettre en place des systèmes de collecte coûteux qui nécessiteraient des investissements, nous avons choisi, dans chaque pays, de travailler en partenariat avec des banques qui partagent notre vision, celle de faire participer les diasporas des pays à la mobilisation de l’épargne pour le financement des activités économiques de leur pays. Aux Etats-Unis, nous avons noué un partenariat avec la Banque de l’habitat du Sénégal (BHS) qui a un agrément pour la collecte de fonds aux Etats-Unis depuis 12 ans. C’est un partenaire qui connaît la réglementation aux Etats-Unis, et qui a une excellente expérience en matière de collecte d’épargne auprès des Sénégalais vivant aux Etats-Unis.

A mon arrivée aux Etats-Unis, nous avons, mes collaborateurs et moi rencontré la Direction de la BHS New-York pour finaliser notre accord avant de rencontrer la diaspora burkinabè le 26 septembre.

S. : Les Burkinabè vivant aux Etats-Unis ont-ils adhéré à votre initiative ?

G.O. : Nos compatriotes aux Etats-Unis sont venus nombreux à la rencontre qui a également connu la présence du premier conseiller et du chancelier de notre représentation auprès des Nations unies à New York. L’avantage de cette opération, c’est qu’elle permet à nos compatriotes de participer à la mobilisation de l’épargne pour le financement de notre économie. Les Burkinabè que nous avons rencontré étaient intéressés non seulement à ouvrir des comptes à la BIB mais à participer aux opérations de mobilisation de l’épargne sur le marché financier.

Ils ont été attentifs à l’intérêt d’opportunités comme la levée d’emprunt obligataire pour le projet ZACA ou a des souscriptions d’actions dans le cadre des opérations de privatisation. Au cours de la rencontre, beaucoup de questions nous ont été posées surtout par les jeunes. Nous pensons avoir, grâce à cette initiative, touché du doigt l’intérêt que pouvait manifester la communauté des Burkinabè des Etats-Unis pour leur pays et les opportunités qu’ils peuvent y trouver.

S. : Dans la pratique, comment allez-vous procéder concrètement à la mobilisation de l’épargne des Burkinabè des Etats-Unis ?

G.O. : Le produit que nous avons proposé à nos compatriotes, c’est essentiellement un service d’ouverture de comptes. Comme il s’agit d’opérations dans un autre pays, nous avons la double contrainte du respect de notre réglementation bancaire mais aussi de celle des Etats-Unis. Voilà pourquoi nous avons choisi comme partenaire dans cette opération, la banque de l’habitat du Sénégal.

Pour ouvrir un compte, il faut présenter des documents d’identité en cours de validité (passeport, carte consulaire, carte d’identité...). Nous demandons aussi au candidat à l’ouverture d’un compte de nous fournir un document officiel qui nous permet d’avoir son adresse exacte aux Etats-Unis. Nous demandons également à l’intéressé de nous fournir 4 photos d’identité et un versement minimum au départ de 150 dollars pour l’ouverture du compte. Les Burkinabè vivant aux Etats-Unis ont la possibilité d’ouvrir leur compte à la BHS qui compte plusieurs guichets dans ce pays : deux guichets à New York, à Manathan et à Harlem. Une autre possibilité leur sera offerte très bientôt à Atlanta où la BHS va ouvrir un guichet avant la fin de l’année. Nous avons aussi donné la possibilité à ceux qui résident dans d’autres Etats, d’ouvrir des comptes à distance à la BHS au guichet de leur choix en présentant les mêmes documents que j’ai cités tantôt. Pour le versement, ils utilisent ce qu’on appelle aux Etats-Unis le "money order’’. C’est une sorte de mandat postal qu’on peut acheter un peu partout dans les bureaux de poste. Le versement sera alors constitué par ce "money order’’ qui sera adressé au guichet de la BHS de leur choix pour l’ouverture à distance de leur compte.

L’intérêt de cette opération, c’est d’une part de sécuriser les transactions parce qu’elles sont faites par un intermédiaire agréé. Sur chaque versement, les commissions que nous percevons, correspondent exactement à des commissions de transfert. Le versement est fait aux Etats-Unis, mais le compte de l’intéressé est crédité valeur jour ouvrable plus un comme si l’opération se passait ici. Par ailleurs, les comptes sont ouverts depuis les Etats-Unis dans n’importe qu’elle agence BIB de notre réseau. Le compte sera effectivement ouvert dans la localité du choix du client.

S. : Selon les études et les estimations, combien comptez-vous collecter par an ou par mois ?

G.O. : La population de Burkinabè résidant aux Etats-Unis se chiffre entre 4000 à 5000 personnes. La concentration la plus forte de Burkinabè s’observe à New York avec environ 3000 personnes. En fonction de ces chiffres, nous avons fait des projections que je ne souhaite pas communiquer.

S. : Qu’est-ce qui pourrait inciter un Burkinabè résidant aux Etats-Unis à passer par la BIB pour faire un transfert d’argent plutôt que de passer par un autre canal ?

G.O. : La BIB offre à nos compatriotes aux Etats-Unis, plusieurs avantages. Il y a tout d’abord la sécurisation des transferts. Lorsque nous les avons rencontrés, ils nous ont fait savoir qu’ils passaient par plusieurs moyens pour faire parvenir leur argent au Burkina Faso : des porteurs de valises, des gens qui rentrent au pays... Mais très souvent, ils ont au bout du compte des surprises désagréables. Soit ils ne retrouvent par leur argent ou ils le retrouvent partiellement amputé. Le deuxième avantage se rapporte au coût des transferts. Nous leur offrons des coûts qui sont de moitié inférieurs à ce que d’autres institutions de transfert proposent. Le troisième avantage est que nous leur offrons une pluralité de services marquée par la possibilité d’ouverture de comptes à la SBIF notre partenaire sur le marché financier sous-régional. Un autre avantage que nous offrons, c’est de permettre à nos compatriotes de se sentir concernés par ce qui se fait dans leur pays en matière de financement de l’économie.

S. : Le produit "BIB collecte USA’’ consiste-t-il seulement au rapatriement des fonds de Burkinabè vivant aux Etats-Unis ou peuvent-ils en plus utiliser cet argent comme dans le cas d’un compte courant ?

G.O. : Ils ont la possibilité d’épargner l’argent qu’ils rapatrient. Ils ont également la possibilité en cas de besoin de faire revenir cet argent aux Etats-Unis où ils résident. Ils ont aussi la possibilité de mettre cet argent à la disposition de tiers. Par exemple en cas d’événement dans leur famille, ils ont la possibilité de mettre cet argent à disposition d’une tierce personne pour l’assistance à la famille. Ceci leur tient beaucoup à cœur.

S. : Comment se fait concrètement la mise à disposition de l’argent à un tiers en cas de besoin ?

G.O. : La mise à disposition se fait à partir des guichets de la banque. Depuis les Etats-Unis, le client peut donner l’ordre de débiter son compte et de le mettre à la disposition d’une tierce personne dont il communique les références d’identité à la banque. Et quand cette personne clairement identifiée se présente au guichet de la BIB, nous lui remettons les fonds. Ça c’est la première hypothèse. La deuxième hypothèse beaucoup plus simple, consiste pour le client, en ouvrant son compte, de prendre une carte bancaire BIB. Il peut s’agir de la carte "cauri’’ ou de la carte "wari’’. Ces cartes bancaires de la BIB, offrent la possibilité d’adosser à la carte principale qui est la vôtre, une carte secondaire que vous pouvez remettre à qui vous voulez. La carte secondaire peut avoir le même plafond que la carte principale ou un plafond inférieur. Ainsi, depuis les Etats-Unis, le compatriote peut remettre une carte secondaire plafonnée à un montant précis à sa famille. La famille pourra, tous les mois, procéder à un retrait sur le compte ouvert à partir des Etats-Unis. Au Burkina, nous sommes la seule banque à mettre à la disposition de notre clientèle des cartes bancaires avec des cartes secondaires adossées à la carte principale. En plus, la carte principale peut être adossée sur plusieurs comptes (à la fois sur le compte d’épargne et le compte de chèques).

S. : Est-il possible pour un Burkinabè résidant aux Etats-Unis de passer par la BIB pour construire sa maison au Burkina ?

G.O. : Nous offrons la possibilité d’ouvrir des comptes et d’épargner. Celui qui veut acheter ou se faire construire une maison, nous donne l’ordre de débiter son compte et de le mettre à la disposition de telle ou telle personne et ce sous sa responsabilité.

Rabankhi Abou Bâkr ZIDA (rabankhi@yahoo.fr)
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 13 janvier 2007 à 07:17, par Sanou Ali En réponse à : > La BIB aux Etats-Unis : "Offrir les meilleures conditions de transfert d’argent"

    Slt Monsieur,
    Je suis Ali Sanou,residant burkinabe a Manhattan(117w 142st apt #4).Excusez-moi Monsieur,d’abord Harlem et Manhattan,c’est le meme quartier,le meme arrondissement,ok ;J’y reside depuis 2001,you know.De koi,vous me parlez.
    La BHS meme pas commercial,urbanisme,infrastracture,de koi vous me parliez[partenariat].
    C’est decevant et choquant.Pourquoi pas definitly un siege B daIB representant la BIB en tant que l’une des premieres banques internationales africaines.Je dis c’est tres decevant parce qu’on est une dizaine de ouagalais residant a NY(USA) voulant ouvrir des comptes pour pouvoir faire des transfers d’argent dans notre pays.
    un compte bancaire very effectif et reel.
    Vous direz la verite au peuple et la verite vous affranchira mes chers.Je ne suis pas le seul a avoir lu cet article tres decevant.

  • Le 28 juin 2016 à 15:35, par Jean Renaud kabore En réponse à : La BIB aux Etats-Unis : "Offrir les meilleures conditions de transfert d’argent"

    Jaimerai bien ouvrir un compte depargne tout en resident New York

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