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L’économie coloniale de la Haute-Volta

Publié le jeudi 24 mai 2012 à 02h08min

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Le système colonial fit de la Haute-Volta une productrice de produits de base destinés à l’exploitation. Après des tentatives d’exportation du caoutchouc, puis du karité, du sisal, de l’arachide, des fibres de kapok, les Français concentrèrent leurs efforts sur la culture du coton. La production bat des records depuis la dévaluation du franc CFA intervenue en 1994. 500 000t en 2003 et un objectif de 600 000t en 2004, soit une production multipliée par 3,5 par rapport aux années antérieures en 1994. S’il est vrai que le coton jouait un rôle important dans l’économie précoloniale (culture, filage, tissage, commerce), la puissance coloniale lui donna une nouvelle orientation dès les années 1920. La politique d’intensification de la production cotonnière mise en œuvre, connut quatre étapes :

de 1924 à 1927, institution des cultures forcées, imposition des champs du commandant

de 1927 à 1932, tentative d’adoption d’une politique souple caractérisé par la persuasion et l’appui à une élite en vue de faire d’elle un modèle

de 1932 à 1947, production léthargie en raison de la dislocation de la colonie

de 1948 à 1960, reprise de la production qui passa de 136t en 1951-1952 à 1018t en 1959-1960 ; création de la Compagnie Française pour le Développement des Textiles (CFDT).

Si la vulgarisation des cultures de rente à la période coloniale visait à satisfaire les besoins métropolitains, la recherche de devises pour l’Etat, la création d’emplois en milieux rural et urbain, la fixation des jeunes sur leur terroir en furent les raisons principales après 1960. Depuis lors, certains Organisme Non Gouvernementaux (ONG), comme OXFAM soulevèrent une controverse autour du coton et son impact négatif sur l’environnement et le développement des cultures vivrières, ses effets très limité sur la création d’industries textiles nationales ; plus récemment, le débat fut ouvert à l’éventuelle introduction des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM).

Enfin, les produits miniers avaient fait l’objet de tentatives d’exploitation. Ainsi après des échecs dans l’exploitation industrielle de l’or dans les régions de Gaoua et de Poura et du cuivre à Gaoua, les actions coloniales furent axées sur le renforcement de la recherche minière. Outre l’or et cuivre, la bauxite, le manganèse et les minéraux des pagmatites-pneumatolytes granitiques furent découverts en Haute-Volta. Excepté l’or, ces richesses restent inexploitées ; la concurrence, la baisse des prix sur le marché international, l’éloignement des gisements des zones de consommation expliquent le désintérêt des investisseurs.

Le secteur secondaire, quant à lui, très embryonnaire se limitait à deux types d’industries : premièrement les besoins intérieurs incitèrent à la création d’entreprises répertoriées (... ) Ce secteur était complété par toute la gamme des entreprises de construction, travaux publics, électricité, peinture, plomberie, menuiserie… deuxièmement, l’on nota la création d’unités industrielles dont la vocation consistait à mettre sur le marché extérieur des produits du cru.

L’artisanat traditionnel parvint-il à survivre face à la vague des produits industriels ? Les Voltaïques, en particulier ceux des villes, adoptèrent ces nouveaux produits qui symbolisaient la modernité. Dans l’ensemble l’artisanat traditionnel, sans appui consistant, résista (production de bière de sorgho…), même si certains métiers (tissage, cordonnerie…) présentèrent des signes d’essoufflement face à la concurrence des produits industriels qui bénéficiaient de moyens importants de promotion. De nos jours, le débat se focalise sur la place du secteur informel dans le développement. Les économies classiques n’avaient conçu le développement que dans les sens des secteurs primaire, secondaire et tertiaire. Mais depuis la période coloniale, le secteur informel composé de petits métiers ou petites entreprises fut très actif ; il est devenu le premier pourvoyeur d’emplois en milieu urbain. Au début des années 1980, dans le sillage de la crise, un autre débat fut lancé, cette fois-ci dans le cercle des scientifiques d’une part, et des politiques d’autre part, sur la valorisation des ressources africaines.

Au niveau du secteur tertiaire, signalons la création d’institutions financières telles que la Banque de l’Afrique Occidentale (BAO), la Banque Nationale pour le Commerce et l’Industrie (BNCI) et l’Agence de l’Institut d’Emission de l’AOF et du Togo. Dans le domaine commercial, quelques grandes maisons européennes monopolisaient la branche de l’import-export. Ce sont la Compagnie Française d’Afrique Occidentale (CFAO), la Compagnie Internationale de la Côte d’Afrique (CICA), la Société Commerciale Ouest Africaine (SCOA) et Peyrissac… Ce grand commerce était complété par celui des Libano-Syriens et des Africains.

Source : L’héritage colonial : quelques aspects de l’économie, Batenga Moussa Willi, université de Ougadougou.

Par Bendré

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Vos commentaires

  • Le 29 décembre 2017 à 17:54, par yameogo marius parfait En réponse à : L’économie coloniale de la Haute-Volta

    cet article est très pertinent mais il faut songer à donner les autres types d’évolution

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