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Liberté de la presse : le Burkina 64è sur 167

Publié le jeudi 28 octobre 2004 à 07h16min

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Reporters sans frontières publie son troisième classement mondial de la liberté de la presse. C’est en Asie orientale (Corée du Nord, 167e en dernière position ; Birmanie, 165e ; Chine, 162e ; Viêt-nam, 161e ; Laos, 153e) et au Moyen-Orient (Arabie saoudite, 159e ; Iran, 158e ; Syrie, 155e ; Irak, 148e) que la liberté de la presse est le plus menacée.

Dans ces pays, soit la presse indépendante est tout simplement inexistante, soit les journalistes sont soumis à une répression et à une censure quotidiennes. Ni la liberté de l’information, ni la sécurité des journalistes n’y sont garanties. En Irak, la guerre qui perdure est la plus meurtrière de ces dernières années pour la profession (44 tués depuis le début du conflit, en mars 2003).

Il reste malheureusement beaucoup d’autres points noirs dans le monde pour la liberté de la presse. Cuba (166e) est, après la Chine, la plus grande prison du monde pour les journalistes (26 détenus). Depuis le printemps 2003, ces journalistes indépendants croupissent en prison, après avoir été condamnés à des peines allant de 14 à 27 ans de réclusion.

Au Turkménistan (164e) et en Erythrée (163e), il n’existe aucune presse privée. Les habitants de ces pays n’ont aucune autre source d’information que les médias d’Etat, relais dociles de la propagande officielle.

En tête de ce classement, on retrouve majoritairement des pays d’Europe du Nord (Danemark, Finlande, Irlande, Islande, Norvège, Pays-Bas), véritables havres de paix pour les journalistes. Sur les vingt pays les mieux classés, seuls trois (Nouvelle-Zélande, 9e ; Trinidad et Tobago, 11e ; et le Canada, 18e) ne sont pas européens.

D’autres petites démocraties, souvent pauvres, se glissent également parmi les pays traditionnellement les plus respectueux de la liberté de la presse : El Salvador (28e) et Costa Rica (35e) en Amérique centrale, le Cap-Vert (38e) et la Namibie (42e) en Afrique, ou le Timor-Leste (57e) en Asie.

Pour établir ce classement, Reporters sans frontières a demandé à ses organisations partenaires (14 associations de défense de la liberté d’_expression dispersées sur les cinq continents), à son réseau de 130 correspondants, à des journalistes, des chercheurs, des juristes ou des militants des droits de l’homme de répondre à 52 questions permettant d’évaluer la situation de la liberté de la presse dans un pays. 167 nations y apparaissent, les autres sont absentes, par manque d’informations.

La presse privée en voie de disparition
En Erythrée (163e), la situation est dramatiquement simple : il n’y a plus de presse privée, plus d’_expression libre et plus de correspondants étrangers. Quatorze journalistes et directeurs de journaux sont emprisonnés quelque part au secret, sans procès. Au Zimbabwe (155e), le paysage médiatique est à peine plus riche. Depuis les attaques répétées des autorités à l’encontre du Daily News, la presse indépendante est réduite à un ou deux hebdomadaires au tirage confidentiel. Parallèlement, alors que des élections générales sont prévues en 2005, le gouvernement a décidé d’interdire purement et simplement l’accès du principal parti d’opposition aux médias d’Etat.

Les traces de la guerre
En Côte d’Ivoire (149e) et en République démocratique du Congo (141e), la guerre et les blocages dans la reconstruction du pays ont de lourdes conséquences sur la liberté de la presse.

A Abidjan (dans le Sud) comme à Bouaké (capitale de la zone tenue par les Forces nouvelles), les journalistes prennent chaque jour de gros risques afin de poursuivre leur devoir d’information. Un journaliste français, Jean Hélène, a payé de sa vie ce climat de haine envers la presse, en octobre 2003. Et Guy-André Kieffer, journaliste franco-canadien, est porté disparu depuis avril 2004.

Un climat d’extrême violence prévaut dans certaines régions de l’immense République démocratique du Congo. De nombreux cas de brutalités ou d’arrestations arbitraires ont été signalés tout au long de l’année, à Kinshasa et dans les provinces. A Bukavu, au mois de juin, un homme, confondu avec son frère, directeur d’une radio, a été abattu par des militaires dissidents, lesquels ont fait régner un climat de terreur ciblant particulièrement les médias.

Dans une moindre mesure, en Sierra Leone (88e) et en République centrafricaine (104e), les journalistes continuent de payer le prix d’une situation politique instable et fragile.

Au Nigeria (117e), plusieurs « raids » récents de la police d’Etat contre des médias indépendants font craindre un durcissement du régime d’Olusegun Obasanjo envers les journalistes les plus critiques.

Une amélioration réelle
En plus des pays traditionnellement respectueux de la liberté de la presse (Afrique du Sud, 26e ; Bénin, 27e ; Cap-Vert, 38e ; Namibie, 42e ; Maurice, 46e ; Botswana, 50e ; Mali, 56e ; Ghana, 57e) il faut noter quelques améliorations sensibles. Le Togo (75e) a gagné vingt places dans ce classement après avoir mis fin aux nombreuses arrestations arbitraires de journalistes et dépénalisé les délits de presse. L’Angola (91e) poursuit sa lente remontée après un quart de siècle d’une guerre qui a fait plusieurs victimes parmi les journalistes.

Enfin, les années qui passent ne semblent avoir aucun impact sur l’impunité qui demeure au Burkina Faso (64e). Six ans après l’assassinat du journaliste, le dossier Norbert Zongo est loin d’être réglé.

www.rsf.org

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