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CONSTRUCTION DE LATRINES FAMILIALES : Briques et dalles cherchent preneurs en campagne

Publié le mercredi 23 mai 2012 à 03h07min

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Le ministère de l’Agriculture et de l’Hydraulique a initié, à travers sa direction générale de l’assainissement des eaux usées et excréta, un projet-pilote de réalisation de latrines familiales dans chacune des régions du Nord et du Centre-Est. Le projet bien que pertinent et fort apprécié des populations de la région du Nord connaît des difficultés sur le terrain.

Yamba Komboïgo est un septuagénaire du village de Batono dans la province du Passoré. Il s’est très vite inscrit à la mairie de Samba d’où relève Batono lorsqu’il a eu vent du projet de réalisation de latrines familiales dans sa commune. Après des mois d’attente, le vieillard est informé de la disponibilité des dalles et des briques pleines. Habitant loin de la mairie, Yamba Komboïgo ne cache pas aujourd’hui son inquiétude de ne pas pouvoir transporter sa dalle et ses 80 briques pleines exigées pour la construction de sa latrine.

Par manque de moyen, le vieux Komboïgo se trouve aujourd’hui dans le doute. « Je me suis inscrit au niveau de la mairie pour l’opération de construction de latrines. Les dalles et les briques sont à la mairie mais je n’ai pas encore eu les moyens d’aller les chercher », raconte Yamba Komboïgo.

La difficulté que connaît Yamba Komboïgo est le gros obstacle de l’opération visant à soulager les familles rurales par la construction de latrines.11 490 dalles et 919 200 briques ont été fabriquées et déposées en 2011 dans chacune des régions du Nord et du Centre-Est. Chaque ménage inscrit a droit à une dalle et 80 briques pour la stabilisation de la fosse. L’Etat assure le paiement de la main-d’œuvre du maçon. Il est demandé au ménage bénéficiaire la contribution d’un sac de ciment et l’apport des agrégats (sable et gravier).

Cependant, des centaines de dalles et briques peinent encore à trouver preneurs dans certaines zones de la région du Nord. Les premiers responsables de communes se disent conscients de la situation mais ne disposent pas de solutions rapides et ont le regard tourné vers l’Etat.

La solution viendra-t-il de l’Etat ?

La commune de Samba a droit à 315 latrines familiales et a commencé la distribution des dalles et briques. Mais « il y a le problème du transport qui se pose. Tout est fait sur le site du chef-lieu ici. Pour une latrine familiale, il faut 80 briques pleines de 10 et une dalle. Le cultivateur qui se trouve à 20 km, (notre dernier village est à 25 km du chef-lieu de la commune), comment peut-il les transporter chez lui ? C’est difficile. Ce qui fait que les populations continuent de faire leurs besoins dans la nature », révèle le 1er adjoint au maire de Samba, Vilma Michel Bazié.

Même son de cloche dans la commune de Bassi, province du Zondoma, où 800 latrines doivent être réalisées. Certains bénéficiaires s’évertuent à les enlever sur la place de la mairie mais d’autres semblent avoir renoncé.?« Le gouvernement a bien fait mais il reste encore beaucoup à faire parce que tout a été conçu en un seul endroit et les populations ont des difficultés pour l’enlèvement de ces dalles. Quelqu’un qui est à 15 km et qui vient avec une charrette, il ne peut transporter que peut-être la dalle et 40 briques. Il doit faire deux à trois voyages. Il y a aussi le problème du ciment », explique le maire de Bassi, Mathias Ouédraogo. Et de poursuivre : «  ?Dans ma commune, les gens souffrent beaucoup.

Il y a la famine. La dernière saison n’a pas été bonne et les populations ont des difficultés pour avoir du ciment et construire leurs latrines. Je pense qu’en dotant chaque famille d’un sac de ciment, c’est un accompagnement que l’Etat peut faire pour résoudre la question de l’assainissement ».

Si les uns et les autres apprécient l’initiative de l’Etat visant à assainir le cadre de vie des populations, ils sollicitent davantage d’appui de la part de l’Etat. « Ce n’est pas que les populations ne veulent pas de latrines mais ce sont plutôt les moyens qui font défaut. Le sac de ciment coûte 7 ?000 FCFA. Ce n’est pas à la portée de quelqu’un qui a le choix entre prendre ces 7000 F pour acheter 50kg de maïs et payer un sac de ciment. Ce sont tous ces aléas qui expliquent la présence encore des briques et dalles sur place ici à la mairie ».
Dans d’autres communes comme La-Toden, dalles et briques ont été enlevées en un temps record, selon les autorités municipales, preuve que le besoin est là.

Le projet-pilote a suscité beaucoup d’engouement en milieu rural. Il y a seulement lieu de le réajuster pour résoudre les difficultés rencontrées sur le terrain et le péril fécal peut être évité dans la nature en milieu rural. Accorder des avenants aux communes pour le transport des briques et dalles jusqu’aux différents villages demandeurs ou confectionner ces matériaux dans les villages donnerait plus de chance au projet qui est d’une utilité certaine.

Enok KINDO

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 23 mai 2012 à 09:15, par LeSage En réponse à : CONSTRUCTION DE LATRINES FAMILIALES : Briques et dalles cherchent preneurs en campagne

    Félicitations à notre cher auteur qui touche du doigt les conséquences de nos planifications dans nos bureaux feutrés de la capitale. Surement que un gros marché géré depuis la capitale alors que les Maires auraient pu les exécuter localement pour autant qu’on leur fasse un peu confiance !!!

  • Le 23 mai 2012 à 11:05, par Hera En réponse à : CONSTRUCTION DE LATRINES FAMILIALES : Briques et dalles cherchent preneurs en campagne

    Pathétique ! Cela laisse entrevoir que ce sont des bureaucrates qui se sont vautrés dans leur bureau et imaginé un tel projet irréaliste. Comment concevoir un si beau projet sans mesurer les risques ? Comment les paysans vont pouvoir assurer le transport de 80 briques et dalle ? La saison pluvieuse se chargera de les abimer.Les communes aussi sont à incriminer pour avoir accepté se prêter au jeu. Elles qui sont plus proches des populations que nos chers bureaucrates de Ouagadougou, auraient du entrevoir les problèmes dès le départ.

  • Le 23 mai 2012 à 11:19, par Panandba En réponse à : CONSTRUCTION DE LATRINES FAMILIALES : Briques et dalles cherchent preneurs en campagne

    Bonjour et tous mes encouragements aux différents acteurs du projet. Si au Nord, il y a des problèmes d’enlèvement, dans la région du Centre et plus précisément dans le département de Saaba, l’enthousiasme qui animait les villageois à l’annonce du projet est en train de s’estomper. Le projet a démarré de manière parcellaire et avec la saison pluvieuse qui s’annonce, les trous que les villageois ont creusé pour ces latrines vont devenir des dangers pour les enfants qu’on était censé protéger. Il faudra donner un coup de fouet de ce côté pour accélerer les constructions avant fin Juin.

  • Le 23 mai 2012 à 14:33, par lemaitre En réponse à : CONSTRUCTION DE LATRINES FAMILIALES : Briques et dalles cherchent preneurs en campagne

    le projet est interessant. maintenant est ce que des etudes sociomogiques ont été faites avant la confection des briques parce qu’il ya des zones où les gens ne defequent pas dans les wc. chez eux deux trous ne doivent pas se regarder.il est evident que sans sensibilisation dans ces zones ,le projet sera voué à l’echec

    • Le 23 mai 2012 à 17:03, par AUGO En réponse à : CONSTRUCTION DE LATRINES FAMILIALES : Briques et dalles cherchent preneurs en campagne

      Le projet est à encourager. Cependant, j’invite l’ONEA à ouvrir l’oeil sur la qualité des matériaux (dalles et autres) qui sont mises à la disposition des populations. Dans beaucoup de situation, ces matériaux se resument en de la ferraille engloutie dans du sable. Dès que vous les installer, quelques mois après, surtout avec la saison pluvieuse, les dalles se brisent et bonjour les deuils. Les cas sont légions même dans la ville de Ouaga. J’invite l’ONEA a vérifié la qualité de ses matériaux auprès de l’entreprise qui a eu le marché pour les confectionner. Un projet noble pourrait se transformer en un échec cuisant si le suivi n’est pas conséquent. Surtout en milieu rural cela pourrait être un frein à sa vulgarisation. Moi j’ai échappé bel et je remercie encore le Tout Puissant.

    • Le 23 mai 2012 à 17:20, par AUGO En réponse à : CONSTRUCTION DE LATRINES FAMILIALES : Briques et dalles cherchent preneurs en campagne

      Le projet est à encourager. Cependant, j’invite l’ONEA à ouvrir l’oeil sur la qualité des matériaux (dalles et autres) qui sont mises à la disposition des populations. Dans beaucoup de situation, ces matériaux se resument en de la ferraille engloutie dans du sable. Dès que vous les installer, quelques mois après, surtout avec la saison pluvieuse, les dalles se brisent et bonjour les deuils. Les cas sont légions même dans la ville de Ouaga. J’invite l’ONEA a vérifié la qualité de ses matériaux auprès de l’entreprise qui a eu le marché pour les confectionner. Un projet noble pourrait se transformer en un échec cuisant si le suivi n’est pas conséquent. Surtout en milieu rural cela pourrait être un frein à sa vulgarisation. Moi j’ai échappé bel et je remercie encore le Tout Puissant.

  • Le 24 mai 2012 à 10:28, par BADOLO En réponse à : CONSTRUCTION DE LATRINES FAMILIALES : Briques et dalles cherchent preneurs en campagne

    Bonjour cher journaliste et forumistes, je pense que l’article est tronqué. ce projet a été l’un des plus participatif et le plus juste, car avant on payait du ciment et fer et déposait à la mairie je dirai ce que devient ces matériaux la gestion était difficile sans résultat. L’article n’a pas dit que pour s’inscrire il y avait des conditions:on signe une fiche d’engagement qui vous engage à apporter votre contribution et à enlever les briques et les dalles. c’était volontaire, et pense que si on veut avancer dans ce pays il faut que chacun fasse des efforts, vous avez des subventions à plus de 80% (dalle, briques, maine d’oeuvre) c’est déjà un gros effort. Je pari que si c’était autre chose (ciment, tôle, porte, maïs, riz, vivres...)de meme quantité les gens allaient plus de 100Km pour enlever.

  • Le 6 octobre 2014 à 19:37, par GNOUMOU En réponse à : CONSTRUCTION DE LATRINES FAMILIALES : Briques et dalles cherchent preneurs en campagne

    c’est dommage pendant que l’assainissement est en souffrance au BF c’est dommages que ce matériel coure le risque de se détériorer sans être utilisé cela est seulement du au manque de bonnes manières
    En fait les communautés ne savent pas pourquoi il faut réaliser des latrines d’autant plus que c’est les autres qui trouvent que ce n’est pas bien et que la solution serait des latrines
    donc une solution à un problème qui n’existe pas
    juste pour dire qu’il y a un préalable qui a été occulté et que ça ne marchera jamais même si on proposait aux communauté des latrines clé en main
    même la manière dont les dalles ont été construites présente des dangers pour les utilisateurs par ce que certaines conditions n’ont pas été respectées

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