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ELECTIONS COUPLEES DE 2012 : La biométrie pour un fichier fiable et acceptable

Publié le mercredi 23 mai 2012 à 03h05min

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En Afrique et un peu partout dans le monde, la désignation des dirigeants par la voie des urnes a toujours été sujette à des contestations provoquant parfois des crises graves. Pendant que les uns accusent les autres de bourrage des urnes, les autres estiment que les uns ont fait voter plusieurs personnes à plusieurs reprises. Et ces tensions entre l’opposition et le pouvoir en place découlent malheureusement sur des crises qui plongent les pays dans des spirales de violence. Toutes ces guéguerres qui ébranlent nos pays au lendemain des consultations électorales ont pour dénominateur commun : la fiabilité du fichier électoral.

Cette liste qui répertorie tous les inscrits à une consultation électorale a toujours eu du mal à rencontrer l’assentiment de tous les protagonistes d’une élection à telle enseigne que ce document est devenu au fil de l’approfondissement de la démocratie dans les différents pays, l’enjeu majeur. Comment élaborer un fichier électoral qui satisfasse tout le monde ? Quelle carte électorale pour une élection transparente ? Comment identifier les électeurs pour éviter les votes multiples ? Ces différentes interrogations ont toujours été au centre des discussions des acteurs du processus électoral à la veille des scrutins.

C’est ainsi qu’après plusieurs tentatives, les gouvernements et les institutions en charge de l’organisation des élections ont, dans ces dernières années, décidé de recourir à la science, notamment à la biométrie, pour l’identification des électeurs et l’élaboration d’un fichier électoral fiable. La bonne foi et la culture démocratique Dans notre pays, pour les élections législatives et municipales de décembre 2012, toutes les parties, majorité comme opposition, s’accordent qu’il faut mettre en place un fichier électoral fiable, donc biométrique. Par définition, la biométrie est l’analyse mathématique des caractéristiques biologiques d’une personne, destinée à déterminer son identité de manière irréfutable.

La biométrie repose sur le principe de la reconnaissance de caractéristiques physiques. Il peut y avoir plusieurs types de caractéristiques physiques, les unes plus fiables que d’autres, mais toutes doivent être infalsifiables et uniques pour pouvoir être représentatives d’un et un seul individu. Les empreintes digitales et la gamme d’indices généralement visée par la biométrie, notamment l’iris, la rétine, la main et les empreintes vocales, offrent une preuve de l’identité d’une personne puisqu’elles constituent des caractéristiques biologiques uniques qui distinguent une personne d’une autre et ne peuvent être associées qu’à une seule personne.

Appliquée au fichier électoral, la biométrie permet d’éviter les contestations aux lendemains des élections. Il existe plusieurs caractéristiques physiques qui se révèlent être uniques pour un individu, et il existe également pour chacune d’entre elles plusieurs façons de les mesurer. Les empreintes digitales : la donnée de base dans le cas des empreintes digitales est le dessin représenté par les crêtes et sillons de l’épiderme. Ce dessin est unique et différent pour chaque individu. La géométrie de la main : ce type de mesure biométrique est l’un des plus répandus, notamment aux Etats-Unis.

Cela consiste à mesurer plusieurs caractéristiques de la main telles que la forme de la main, la longueur et la largeur des doigts, la forme des articulations, la longueur inter-articulations, etc. La technologie associée à cela est principalement de l’imagerie infrarouge ; d’une façon générale. L’iris : en ce qui concerne l’iris, l’individu se place en face d’un capteur (caméra) qui scanne son iris. Celui-ci représente quelque chose de très intéressant pour la biométrie car il est à la fois toujours différent (même entre jumeaux, entre l’œil gauche et l’œil droit, etc.), indépendant du code génétique de l’individu, et très difficilement falsifiable.

La rétine : cette mesure biométrique est plus ancienne que celle utilisant l’iris, mais elle a été moins bien acceptée par le public et les utilisateurs, sans doute à cause de son caractère trop contraignant : la mesure doit s’effectuer à très faible distance du capteur (quelques centimètres), qui effectue ensuite un balayage de la rétine. Il est physiquement impossible d’effectuer une mesure rétinienne à une distance de 30cm ou plus sur un sujet mobile. Cette méthode requiert des sujets coopératifs et entrainés. Pourtant, cette technique semble être tout aussi fiable que celle de l’iris.

Le visage : il s’agit ici de faire une photographie plus ou moins évoluée pour en extraire un ensemble de facteurs qui se veulent propres à chaque individu. Ces facteurs sont choisis pour leur forte invariabilité et concernent des zones du visage telles que le haut des joues, les coins de la bouche, etc. Il existe plusieurs techniques en cours de développement à l’heure actuelle ; parmi celles-ci, citons la biométrie basée sur la géométrie de l’oreille, les odeurs, les pores de la peau et les tests ADN. Le fichier biométrique électoral en vue au Burkina sera réalisé à partir des empreintes digitales et de l’imagerie faciale, des données non falsifiables.

En intégrant des données biologiques dans l’identification des électeurs, la biométrie va ainsi contribuer à résoudre certains contentieux qui caractérisent les élections en Afrique. Cependant et malgré la volonté des acteurs politiques, plusieurs obstacles se dressent sur la route de la biométrie. Bonne foi et culture démocratique d’abord L’adoption du système électoral biométrique est actuellement la tendance en Afrique. Des pays en Afrique de l’Ouest comme le Ghana, le Togo, la Guinée, la Sierra-Leone, le Liberia, et le Sénégal s’y sont engagés. Mais le coût de la biométrie constitue un frein à son utilisation. Elle a coûté 300 milliards dans la présidentielle de 2010 en Côte d’Ivoire mais n’a pas réussi à faire admettre les résultats des urnes par toutes les parties. Au Burkina, il faut entre 18 et 30 milliards pour un fichier électoral.

En outre, La biométrie présente malheureusement un inconvénient majeur. En effet, aucune des mesures utilisées ne se révèle être totalement exacte car il s’agit bien là d’une des caractéristiques majeures de tout organisme vivant : on s’adapte à l’environnement, on vieillit, on subit des traumatismes plus ou moins importants, bref on évolue et les mesures changent. Aussi, les données biométriques sont comparables à tout autre système de contrôle d’accès comme des mots de passe, car du point de vue du système informatique, ce ne sont rien d’autres que des séries de bits comme toute donnée. Autrement dit, la difficulté réside dans la contrefaçon de la caractéristique physique et biologique que l’on mesure, mais en aucun cas dans sa valeur numérisée.

A quoi bon se compliquer la tâche en essayant de reproduire une empreinte alors que l’on peut récupérer les données numérisées directement ? Il ne faut donc pas utiliser une mesure biométrique seule pour procéder à une authentification ; on l’utilisera de préférence pour les opérations d’identification plutôt que d’authentification. En outre, la biométrie ne saurait être synonyme d’une élection apaisée où les résultats sont acceptés par tous. Malgré cette technologie, les résultats des élections ont été contestés en Côte d’Ivoire, au Togo et en Guinée. En effet, la biométrie ne saurait être une panacée aux difficultés rencontrées lors des élections. Ce qu’il faut surtout, c’est la bonne foi et une culture démocratique de la classe politique.

Ministère des Transports, des Postes et de l’Economie Numérique

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 23 mai 2012 à 11:12, par GASSE En réponse à : ELECTIONS COUPLEES DE 2012 : La biométrie pour un fichier fiable et acceptable

    C’est stupéfiant de découvrir que pendant que tout le monde se plaint de la vie chère, du manque de travail pour la jeunesse, des conditions d’études et de vie de nos étudiants et scolaires (combien de classes compte aujourd’hui plus de 100 élèves au Burkina), nous allons investir autant d’argent pour constituer un fichier électoral.
    Nous avons eu du mal à mettre en place le fichier d’identification des populations avec la CNIB, nous avons du mal à offrir à chaque burkinabé un acte de naissance, premier document légal prouvant son existence et dans le même temps autant d’argent va être mis sur la table pour offrir à un peu plus de 7 millions de burkinabé en âge de voté, un document dont l’utilité reste limitée. Après les élections couplées de cette année, ce document ne sera de nouveau valable qu’en 2015 pour la prochaine présidentielle, alors à quoi bon ????
    200 CEG, 400 écoles primaires, 100 CMA et bien d’autres infrastructures sociales pourraient être construit et mis en fonction avec les ressources que nous allons mobiliser pour le seul fichier biométrique.
    Le fichier vote pas, le fichier ne désigne pas nos responsables politiques, le fichier ne bat pas campagne et ne peut donc assurer la victoire de X ou Y parti politique, alors pourquoi un tel gâchis ?????

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