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Burkina-Canada : une canadienne au secours des productrices de beurre de karité

Publié le mercredi 27 octobre 2004 à 07h19min

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Depuis 1990, le Groupement féminin Songtaaba œuvre en économie sociale auprès des femmes du Burkina Faso. Au cœur de leur stratégie de développement, on retrouve le karité, « le fruit aux mille vertus ».

L’amande de ce fruit fournit une matière grasse comestible, le beurre de karité, matière première de plusieurs produits cosmétiques vendus à travers le monde.

Chantal Bernatchez, étudiante à la maîtrise en génie industriel à l’UQTR développera un projet de recherche appliquée qui aidera les femmes de Songtaaba à se doter d’outils de gestion de la qualité et d’équipements adéquats pour la production de beurre de karité biologique.

« Le karité, c’est l’or vert des femmes du Burkina Faso. »

« L’objectif de Songtaaba est de créer de l’emploi pour les femmes. Pour qu’elles soient libérées, elles doivent être indépendantes économiquement », explique Marceline Ouedraogo, coordonnatrice de cette coopérative d’économie sociale qui regroupe aujourd’hui 1200 femmes à travers le Burkina Faso. Les femmes produisent différents produits à base de karité, dont les savons et le beurre de karité certifié biologique, depuis 2002. Grâce à ses activités de production, Songtaaba peut offrir de la formation en alphabétisation et en santé à ses membres, majoritairement regroupées en milieu rural.

Le beurre de karité est extrait de l’amande de ce fruit très répandu au Burkina Faso.

Chantal Bernatchez a eu le coup de foudre pour les femmes de Songtaaba en 2001 alors qu’elle avait relevé le défi de vivre un stage en génie industriel d’une durée de trois mois dans la capitale, Ouagadougou. Elle avait eu pour mandat de réaliser une étude de préfaisabilité technique et budgétaire pour la mise en place d’une certification biologique Ecocert, pour la production de beurre de karité. Avant de se lancer dans cette aventure, Chantal possédait déjà une bonne base d’expérience en génie alimentaire et dans les normes biologiques. Emballée par cette aventure culturelle et professionnelle, elle a toujours maintenu des liens avec Marceline Ouedraogo.

Du sirop d’érable au karité

Marceline Ouedraogo, Georges
Abdul-Nour, Demagna Koffi
et Chantal Bernatchez.

Trois ans plus tard, Chantal vient de compléter son baccalauréat en génie industriel à l’UQTR. Le monde alimentaire et les normes biologiques ont teinté sa formation. Son projet de fin d’études portait d’ailleurs sur les normes alimentaires internationales HACCP, appliquées au sirop d’érable québécois. Son prochain objectif était d’acquérir le MBA.

Puis son superviseur de projet de fin d’études, le professeur Georges Abdul-Nour, est intervenu. « Je lui ai dit pourquoi ne pas poursuivre à la maîtrise en génie industriel. Il y a beaucoup de possibilités à l’Institut de recherche sur les PME (INRPME). Elle m’avait déjà beaucoup parlé de son expérience au Burkina Faso. J’ai tout de suite vu un parallèle entre le sirop d’érable et le karité. Chantal devra travailler sur l’amélioration du produit et le transfert technologique. À l’UQTR, nous possédons une solide expertise en transfert technologique, nous y travaillons depuis 10 ans à l’INRPME », signale celui qui est également directeur de l’École d’ingénierie de l’UQTR.

C’est la possibilité de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des femmes de Songtaaba qui a influencé le choix final de Chantal. « C’est devenu pour moi une passion d’aider les femmes du Burkina Faso. Elles sont très dynamiques et surtout courageuses. On fait beaucoup la promotion du génie humain à l’UQTR, alors ce projet va démontrer que le génie peut vraiment aider », souligne-t-elle.

« Mon projet consiste à améliorer la qualité du beurre de karité et la robustesse du système de production à l’aide de la méthode de design expérimental Taguchi. Cette démarche permettra de déterminer les paramètres et les caractéristiques de la qualité du karité, établir les facteurs de contrôle, analyser les résultats et optimiser la chaîne logistique par un transfert technologique. Ce transfert contribuera à l’essor des productrices de karité, dans un contexte de développement durable », a-t-elle expliqué.

Évidemment pour Marceline Ouedraogo, l’objectif ultime du projet de Chantal Bernatchez consiste à renforcer ses efforts dans le développement des activités de fabrication et de commercialisation de différents produits à base de karité. L’enjeu est grand, car l’expansion de Songtaaba permettra de lutter davantage contre la pauvreté des femmes africaines en milieu rural.

Le projet de maîtrise de Chantal Bernatchez sera codirigé par Georges Abdul-Nour, professeur de génie industriel et Demagna Koffi, professeur de génie mécanique. Ce dernier travaille déjà sur un projet de coopération internationale avec l’Afrique. Originaire du Togo, pays voisin du Burkina Faso, il connaît bien le continent africain et le karité. La Direction de la coopération internationale de l’UQTR soutient financièrement le projet de Chantal Bernatchez.

par Serge Boudreau
Université du Québec à Trois-Rivières
http://www.uqtr.ca/description.php?no_fiche=3994

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