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Et si l’armée nous était financièrement contée !

Publié le mardi 22 mai 2012 à 01h08min

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Les lecteurs de cet éditorial pourraient nous traiter de fou ou de rêveur de personnes qui prennent leurs rêves pour des réalités. Ils auront peut-être raison car comment imaginer que quelqu’un demande à l’armée de parler de ses finances et de ses dépenses tout en connaissant la culture du silence qui règne en son sein ? Comment peut-on vouloir exercer un contrôle citoyen dans un domaine où tout est interprété comme raison d’Etat ou sujet de souveraineté nationale ? On pourrait glaner quelques chiffres ça et là comme ceux qui indiquent qu’en 1995, le nombre de militaires du Burkina Faso était de 9000 et que ce chiffre a évolué pour atteindre 10 000 en 1999 et 2000. Il en est de même pour le budget de la défense qui aurait représenté respectivement 1,9 ; 1,1 et 1,13% du budget national en 1998, 1999 et 2007.

Ces chiffres sont-ils vraiment indicatifs des dépenses consacrées à la question militaire au Burkina Faso ?

Quoiqu’il en soit, les informations des armées, celle du Burkina Faso en particulier demeurent une chasse gardée militaire. La grande muette est muette. Partant de ce postulat, les citoyens tolèrent que la vie de l’armée reste pour eux un mystère. Peu importe l’importance du budget des dépenses militaires par année. Peu importe la part financière de l’armée dans le budget de l’Etat. Peu importe ce que fait l’armée des deniers publics. Soit !!!

La question des dépenses militaires doit-elle continuer à faire l’objet d’une indifférence totale contrairement aux secteurs comme l’éducation et la santé où l’on veut que la moindre dépense soit communiquée et où on est enclin à réclamer des comptes publics ? La question mérite d’être posée.

Lors d’un atelier portant sur le contrôle parlementaire, le lundi 07 mai 2012, le sujet a été soulevé mais le sentiment qui régnait dans la salle nous semblait être l’indifférence et le laissez-faire réservés à l’armée quant aux dépenses qu’elles effectuent. Tout le monde semblait être convaincu que l’armée n’accepterait jamais ouvrir ses comptes pour une histoire de contrôle. L’armée n’accepterait jamais surtout que des civils veuillent jeter un coup d’œil dans leur assiette. Elle ne pourrait pas être dénoncée dans des rapports comme ceux de la Cour des Comptes. L’armée a ses services de contrôle qui régulent la transparence et la gestion en son sein. Point.

Autrement dit, les citoyens doivent se contenter de la rumeur et des supputations par rapport à sa gestion budgétaire et financière. Nous n’avions rien contre et nous savons qu’ainsi fonctionne cette institution. Mais il y a des risques qui nous autorisent à questionner la problématique du contrôle des comptes et des dépenses. Car, à force d’avoir une telle attitude indifférente devant l’armée, on pourrait se retrouver devant des situations extrêmement malheureuses. Les récents événements de l’armée malienne nous en disent beaucoup de choses. Cette armée a été mise en déroute ou a dû fuir les combats parce qu’elle n’avait pas, dit-on, de la logistique et armement nécessaire pour apporter la réplique aux attaques des troupes rebelles. Il est vrai que ces rebelles avaient un matériel sophistiqué mais le cri de cœur du capitaine Sanogo et ses camarades par rapport au dénuement matériel et logistique de l’armée malienne est révélateur.

C’est dans l’épreuve et au moment où les Maliens avaient besoin de cette armée qu’ils se sont entendus dire qu’elle n’avait pas les moyens pour rivaliser. Or, on leur faisait comprendre que les moyens à la hauteur des ambitions de l’armée nationale ont toujours existé. Soit les citoyens se sont laissés berner par les propos flatteurs du gouvernement, soit ils se sont renfermés dans l’illusion que leur armée est bien parée pour les défendre parce qu’il existerait un budget conséquent pour la défense nationale.

Au Burkina Faso, la crise de 2011 est venue comme un renseignement. De tout ce qu’on a entendu des mutins, on retient quelque part que notre armée manquerait de matériel. Notre armée s’est clochardisées alors que dans la tête des citoyens, elle fait partie des institutions les mieux quottées financièrement. Ce qui est suffisant pour désorienter les contribuables. Pour être plus direct, qu’est-ce qui nous dit que l’armée achète le matériel qu’elle prétend avoir payé ? Y a-t-il une gestion transparente des fonds alloués aux forces armées nationale ? N’y a-t-il pas lieu de réfléchir à comment les citoyens peuvent contribuer d’une manière ou d’une autre au contrôle de l’armée pour garantir davantage la transparence et permettre à l’armée d’avoir ce qu’il faut ? Les parades et les défilés militaires sont souvent trompeurs sur les situations réelles de nos armées.

Par Bendré

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Vos commentaires

  • Le 22 mai 2012 à 02:19, par Samy En réponse à : Et si l’armée nous était financièrement contée !

    Je pense qu’au non d’une liberté quelconque de la presse on ne doit pas laisser certains pseudo journaliste en manque de notoriété mettre la vie de la nation en danger en publiant des chiffons comme ceux-ci.
    En voilà un qui ignore tout du secret militaire, et c’est cette forme d’expression d’ignorance qu’il faut canaliser surtout par ces temps où le pays cherche à défendre son intégrité territoriale face à une éventuel attaque des terroristes du nord-Mali.

    • Le 22 mai 2012 à 14:57, par Ibrahimo En réponse à : Et si l’armée nous était financièrement contée !

      M Samy votre réaction face à cet article traduit votre état d’abrutissement intellectuelle face à la pertinence de la problématique posée ici.t’es pas obligé de partager le point de vue du journaliste c’est ton droit mais saches que nous sommes dans un Etat de droit et comme tel parler de l’armée ne doit être un tabou pour personne car avant tout c’est l’argent du contribuable qui est utilisé par elle.donc tout citoyen doit avoir un droit de regard et s’interroger sur l’utilisation qu’en font tout bénéficiaire, fut-il l’armée.Aussi, le comportement actuel de nos armées nous le recommande fortement. Mieux vaut prévenir que de guérir

  • Le 22 mai 2012 à 13:59, par SOUMCHA En réponse à : Et si l’armée nous était financièrement contée !

    Quelque soit le budget de l’armée, moi je m’en moque je ne veux pas seulement me retrouvé comme réfugié au Togo et au Ghana.

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