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Rapatriés de Côte d’Ivoire : réinsérés tant bien que mal

Publié le dimanche 26 octobre 2003 à 07h42min

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Du 09 au 15 avril 2003, une mission d’hommes de médias conduite par l’Association des journalistes du Burkina (AJB) s’était rendue à Banfora, Niangoloko, Gaoua et Pô pour toucher du doigt les conditions de retour des Burkinabè non concernés par l’Opération bayiri. Cinq mois après, les journalistes sont revenus sur leurs pas, cette fois-ci, pour un reportage sur « l’insertion ou la réinsertion des rapatriés ». Ces six jours de périple ont permis de vivre des situations aussi complexes les unes que les autres.

Ayant fui la guerre en Côte d’Ivoire, des Burkinabè sont revenus et continuent d’ailleurs de revenir par milliers dans la mère patrie. Ce retour s’est parfois effectué dans une douleur extrême qui n’a pas laissé indifférentes les âmes sensibles. Des efforts tous azimuts ont été déployés pour leur venir en aide mais les problèmes demeurent. Le 19 juin 2003, le gouvernement lançait à Gaoua un programme d’appui à la réinsertion socio-économique des rapatriés de la Côte d’Ivoire. Ce programme est centré essentiellement sur la production agricole, halieutique et forestière.

Il s’agit pour les autorités d’utiliser les connaissances acquises au pays d’Houphouët par nos compatriotes pour renforcer la productivité et la production nationales, tout en permettant aux intéressés de (re) gagner leur vie et de se réinsérer dans la société burkinabè. D’un montant total de 3 milliards, ce programme vise donc à les doter de moyens pour s’insérer rapidement dans le tissu productif national. Dans les localités que nous avons visitées, les principaux problèmes tournent autour du manque de terres pour cultiver, de la scolarisation des enfants, de l’alimentation, de la santé, et l’application des mesures édictées par le gouvernement à Gaoua est toujours attendue.

Une solidarité agissante

Les bonnes volontés ne se sont pas fait prier pour voler au secours de nos frères revenus de chez Gbagbo. Ainsi, à Bobo-Dioulasso, l’Alliance chrétienne pour la coopération économique et le développement social (ACCEDES) que dirige M. Robert Sanou s’est illustrée de fort belle manière dans l’aide aux rapatriés : entre le 18 décembre 2002 et le 3 mai 2003, elle a initié une première phase d’un programme de secours d’urgence à leur profit. Avec l’aide de l’Action sociale, elle a identifié 1 100 personnes environ qui étaient dans le besoin. A ceux-là il a été distribué une fois par semaine du riz (35 tonnes), du haricot (5,5 tonnes), du sel (25 sacs de 25 kgs), du savon (726 boules), du sucre (1 tonne), de l’huile (21 fûts de 200 litres) et des habits.

Une seconde phase a consisté en des activités de développement. De petits prêts dont les montants varient de 50 000 à 150 000 f cfa ont été attribués pour être remboursés à moitié au bout de cinq mois. Beaucoup sont à jour de leur remboursement. Les sommes remboursées, selon M. Sanou, seront utilisées dans le cadre de la scolarisation des enfants rapatriés ; ainsi, des élèves, 92 au total, ont bénéficié de fournitures scolaires. Certains ont réussi à créer une activité génératrice de revenus grâce à cette aide de l’Alliance. La première phase a englouti 14 813 885 f cfa et la seconde 8 750 000 f cfa. L’ACCEDES a aussi mené des opérations ponctuelles de distribution de vivres dans la ville de Bobo (230 sacs de 25 kg de riz, 115 sacs de 100 kg de maïs), à Bérégadougou (80 sacs de 25 kg de riz, 40 sacs de de 100 kg de maïs), à Niangoloko (100 sacs de 25 kg de riz, 50 sacs de 100 kg de maïs), pour un total de 5 543 500 f cfa.

Niangoloko à la traîne ?

Parmi les localités qui avaient de sérieux problèmes pour s’occuper des rapatriés et que nous avions visitées une première fois en avril 2003, figurait en bonne place Niangoloko, qui manquait du minimum vital. Cinq mois après, nous avons pu constater un léger mieux dans la gestion de nos frères revenus de Côte d’Ivoire, mais comme dirait l’autre, « C’est bon, mais c’est pas arrivé ».

Certains rapatriés qui ont décidé de s’installer dans la zone ont des difficultés pour survivre, malgré l’aide de quelques structures au nombre desquelles l’Association Ton que coordonne M. Issaka Samandé. Sont de ceux-là Boubacar Soré (un planteur qui possédait un champ de 7 ha et une maison de 80 tôles à Pélézi) ; et son voisin Amado Forgo tous deux de Gourcy, province du Zondoma qui se retrouvent dans la brousse avec leurs familles sans rien. Il n’y a pas d’école dans les parages pour les enfants, pas de dispensaire, et le seul forage du coin étant défectueux, l’eau des mares fait bien leur affaire malgré tous les risques qu’ils encourent. Ils vivent toutefois en harmonie avec les autochtones et ont emprunté à ces derniers des terres pour cultiver, espérant pouvoir récolter un peu de céréales.

D. Evariste Ouédraogo
L’Observateur Paalga du 7/10/03

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