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OUVRAGE « LE DETENU POLITIQUE » : Lumière sur une période sombre de notre histoire

Publié le mardi 15 mai 2012 à 01h56min

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Dominique Boureima Sisso, auteur de l’ouvrage « Le détenu politique », a procédé, le 12 mai dernier, à la dédicace dudit ouvrage, son dernier écrit, dans la salle de conférences du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, en présence de « compagnons de lutte » et de la jeune génération pour « la relève ». Allassane Baldé, le prisonnier politique n° 35, est le personnage principal de l’œuvre. A travers ce récit, c’est la violation des droits de l’Homme sous ses pires formes, qui est décriée par l’auteur afin que la démocratie et la liberté d’expression triomphent en Afrique. En outre, selon l’auteur, il s’agit d’un devoir de rendre compte des pages sombres de l’histoire qui ont tendance à être « arrachées ».

En d’autres termes, « un livre pour la postérité et un éclairage nouveau » selon les termes du fondateur des éditions « Le Pays », Boureima Jérémie Sigué.

« Je suis allergique à tout ce qui est injuste et à tout ce qui est mensonger. La violation des droits de l’Homme est injuste et les raisons pour la justifier sont toujours mensongères. » C’est là une conviction de Dominique Boureima Sisso, fonctionnaire à la retraite âgé de 72 ans, qui l’a motivé à écrire le livre de 344 pages intitulé « Le détenu politique », dont la dédicace a eu lieu le 12 mai dernier à Ouagadougou. Pour l’occasion, l’auteur de l’ouvrage était entouré de ses « compagnons de lutte », entre autres, Amédé Badini, parrain de la cérémonie de dédicace, Alidou Ouédraogo, président d’honneur du Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP), Louis Dominique Ouédraogo et Marc Yao, tous deux anciens diplomates ainsi que Boureima Jérémie Sigué, fondateur des éditions « Le Pays ».

« Un livre pour la postérité »

Ce dernier, tout en félicitant « son ami » pour ce récit de cas de tortures injustifiées pour des raisons politiques, a affirmé qu’il s’agit d’un « livre pour la postérité et un éclairage nouveau pour la jeune génération ». En outre, pour lui, l’auteur a utilisé les mots justes pour dépeindre une période sombre de notre histoire, celle des années de braise. Le parrain a loué l’initiative de l’auteur visant à partager son expérience dans un contexte où la tradition orale est toujours pesante sur les populations. Aussi, il a affirmé que l’auteur a fait preuve d’audace car dans ce climat hostile aux critiques, cette œuvre peut être source d’angoisses pour lui. Le parrain a, pour sa part, souligné quelques insuffisances éditoriales comme la non-précision de la date d’édition et a, pour ce faire, interpellé « Les presses africaines » qui est la maison d’édition. Cela, a souligné Amédé Badini, permettra de protéger le droit d’auteur.

« Il n’y a plus d’arbre à palabres, ils l’ont coupé »

Dominique Boureima Sisso, auteur du « Prisonnier n° 35 », s’est dit très honoré par la présence de ses « compagnons de lutte » et cette marque de considération à son égard. Il a affirmé dans son ouvrage qu’en Afrique, « les hommes politiques avaient vanté les mérites de l’arbre à palabres, mais il n’y a plus d’arbre à palabres, ils l’ont coupé. Presque partout, c’est le monologue d’un homme ou d’un parti » ; la conséquence immédiate étant la violation des droits à la liberté d’expression, a-t-il renchéri. « Le détenu politique » s’est conclu en ces termes : « La vie est courte et on ne vit pas deux fois, mais on vit toujours pour un idéal. Le mien a été de faire de mon pays une place où les gens s’aiment et vivent heureux dans une société ouverte et sans exclusion de qui que ce soit.

J’ai échoué comme un bateau sur un récif. D’autres bateaux prendront la mer, avec les mêmes risques et les mêmes espoirs d’atteindre l’autre rive. L’Afrique de demain se trouve sur l’autre rive. Ramons encore plus fort, mais ramons tous ensemble ». Une conclusion qui, sans doute, traduit la vision de l’auteur pour qui, le témoin doit être passé à la jeune génération qui doit à son tour compter avec les aînés pour arriver à l’idéal d’une Afrique où la démocratie et les droits de l’Homme triomphent.

Qui est Dominique Boureima Sisso ?

Dominique Boureima Sisso est un fonctionnaire à la retraite. Après des études primaires et secondaires en Haute Volta, actuel Burkina Faso, il a poursuivi ses études supérieures en France et en Grande Bretagne. « Je n’appartiens à aucun parti politique », précise t-il. Par contre, il est actif dans de nombreuses associations à caractère social. Il s’intéresse beaucoup à la culture et c’est dans ce cadre qu’il a publié son premier écrit intitulé : « La linguistique appliquée ». Les mots d’emprunt de la langue mooré. Dominique Boureima Sisso est marié et père de quatre enfants. Il a aujourd’hui 72 ans qui, à l’en croire, ne l’empêcheront de produire toujours des œuvres pour un devoir de mémoire vis-à-vis de la jeunesse et pour rétablir la vérité dans l’histoire, car affirme-t-il, « les pages noires ont été arrachées alors qu’elles aussi en font partie ».

Germaine KERE

Le Pays

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