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CAMEG : " Les MEG n’ont pas un problème de qualité mais plutôt d’information "

Publié le mercredi 27 octobre 2004 à 07h37min

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Après l’Ouest, la tournée d’information organisée par la CAMEG sur le marché et le circuit de distribution du médicament au Burkina, s’est poursuivie à l’Est et au Centre-est du 18 au 20 octobre 2004.

Les hommes de plusieurs médias ont ainsi pu toucher du doigt les réalités du dépôt régional de la CAMEG de Fada N’Gourma et des régions sanitaires de l’Est et du Centre-est.

La mission s’est effectivement rendue à Fada N’Gourma, Diapaga, Namounou, Tansarga, Tenkodogo et Sassema. Sidwaya s’est entretenu avec le médecin chef du district sanitaire de Tenkodogo, le Dr Djénéba Sanou née Ouédraogo. Elle nous parle de sa propre expérience en matière de médicaments essentiels génériques (MEG) et de la réalité de ces médicaments dans son district.

Sidwaya : qu’est-ce qui motive votre choix pour les médicaments essentiels génériques ou les spécialités quand vous prescrivez une ordonnance ?

Dr Djénéba Sanou : Quand je prescris une ordonnance, ce qui motive surtout mon choix pour les médicaments essentiels génériques, c’est leur disponibilité, leur accessibilité financière à la plus grande majorité de nos populations. Je les prescris aussi à cause de leur efficacité.

S. : Donc vous prescrivez plus de MEG que de spécialités ?

Dr D.S. : Oui. Je prescris effectivement plus de MEG.

S. : Etes-vous informé de l’éventail des MEG disponibles à la CAMEG ?

Dr D.S. : Nous connaissons l’éventail des MEG disponibles à la CAMEG. Chaque année la CAMEG nous envoie un document où est répertorié l’ensemble des médicaments qui existent au niveau de la centrale. Au niveau de notre district sanitaire, nous faisons le point de nos besoins dans les formations sanitaires. Nous commandons alors ce qui nous intéresse en toute connaissance de cause.

S. : Que peut ou doit faire la CAMEG pour amener les prestataires à avoir le réflexe de prescrire des MEG quand un patient se présente ?

Dr D.S. : C’est de rendre disponible à tout moment les MEG et surtout des MEG de qualité. Ce n’est qu’à ces seules conditions que les prestataires feront de la prescription des MEG une chose de tous les jours.

S. : Le dynamisme des délégués médicaux des firmes pharmaceutiques auprès des prescripteurs n’est-il pas à la base des ordonnances de spécialités même quand les équivalents existent en génériques ?

Dr D.S. : Je ne saurai affirmer cela. C’est une possibilité mais je me dis qu’il y a d’abord une question de conviction personnelle. J’ai eu affaire à des délégués médicaux mais c’est ma conviction personnelle par rapport à l’objectif que je vise qui prend toujours le dessus. Si mon objectif est de pouvoir traiter la personne que j’ai devant moi de façon efficiente et à faible coût, je pense que je vais choisir les MEG.

S. : Pensez-vous que la qualité des MEG soit pour quelque chose dans le réflexe de certains médecins à ne pas les prescrire ?

Dr D.S. : Je pense que c’est plutôt un problème d’information. En fait les MEG n’ont pas un problème de qualité. C’est parce que les gens n’ont pas l’information juste en ce qui concerne ces médicaments. Certaines personnes restent encore convaincues que comme les MEG sont des médicaments tombés dans le domaine public, ils ne sont plus de qualité. Ce sont souvent des conclusions qui sont tirées sans qu’il n’y ait des informations fondées à la base. Il y a donc un problème d’information de certains prescripteurs qui pensent que les MEG ne sont pas de qualité.

S. : Que répondez-vous à ceux qui disent que ce sont les médecins qui prescrivent les spécialités et les infirmiers les génériques ?

Dr DS. : Là je ne suis pas d’accord. Comme je l’ai déjà dit, cela est une question d’information sur les MEG et de leur disponibilité. J’ai fait deux ans dans un centre médical mais j’ai toujours prescris les génériques sauf pour les médicaments qui n’existent pas sous la forme générique.

S. : Rencontrez-vous encore aujourd’hui des gens qui pensent que les MEG sont des médicaments au rabais ?

Dr D.S. : Oui. Il y a toujours des gens qui ont une telle conception. Ces personnes se recrutent dans les milieux intellectuels et chez certains prescripteurs. Il faut cependant dire que dans la population en général, les gens ont compris que les MEG sont de bonne qualité.

S. : Parlez-nous de votre expérience en matière de MEG.

Dr D.S. : Depuis l’avènement des MEG en 1994, nous avons commencé à rendre ces médicaments disponibles dans toutes les formations sanitaires. Depuis, la consommation des MEG a augmenté progressivement avec l’acroissement de la population, avec la sensibilisation sur les génériques et surtout avec l’effort fait pour rapprocher le médicament des populations.

Pour le cas précis du district sanitaire de Tenkodogo, il faut savoir que les fonds générés par la vente des MEG nous ont permis de construire le siège du district, le dépôt répartiteur du district, le bureau et le dépôt du programme élargi de vaccination (PEV). Si nous sommes arrivés à cette capacité financière pour faire des réalisations d’environ 40 millions de francs, cela prouve que les populations consomment réellement les MEG. Nos commandes mensuelles de médicaments essentiels génériques sont d’environ 10 millions.

Propos recueillis par
Hamado NANA


Dépôts MEG : Une aubaine pour les formations sanitaires

" La vente des médicaments essentiels génériques constitue une véritable bouffée d’oxygène pour les formations sanitaires dans les provinces ". C’est le sentiment général qui s’est dégagé à l’issue de la rencontre semestrielle des gérants des dépôts MEG du district sanitaire de Tenkodogo le 20 octobre dernier. Instituée il y a quatre ans, cette rencontre permet des échanges sur le bon fonctionnement des dépôts MEG, notamment sur la gestion des médicaments, leur conservation et leur disponibilité. La performance dans la bonne gestion est encouragée et les 15 premiers gérants sont chaque fois primés. Les fonds générés sur la vente des MEG a permis des réalisations de 40 millions de franc CFA au niveau du district sanitaire de Tenkodogo. Dans le village de Sassema situé à une quinzaine de kilomètre de Tenkodogo, les fruits de la vente des médicaments contribuent au fonctionnement du CSPS. "

Avec les bénéfices générés, nous arrivons à payer le gérant, à réparer la moto de l’infirmier, à acheter le pétrole pour le CSPS et à supporter certaines activités comme la vaccination " assure le président du comité de gestion du dépôt MEG. Les principales difficultés auxquelles les dépôts sont actuellement confrontés portent sur l’inadaptation de certains locaux et le transport des médicaments vers les CSPS. Le mauvais état des routes ne facilite pas la tâche à certains gérants obligés de transporter les médicaments sur des motos ou sur des charettes.

H.N

Sidwaya

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