LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Forum de la société civile : Impressions et appréciations de quelques participants

Publié le mercredi 27 octobre 2004 à 07h37min

PARTAGER :                          

Alors que les lampions s’éteignaient sur le 1er forum de la société civile organisé en prélude au Xe sommet de la Francophonie, Sidwaya a donné la parole à quelques acteurs de la rencontre. Tous saluent les résultats atteints et proposent surtout l’institutionnalisation d’un tel cadre. Nous avons collecté aussi pour vous quelques faits saillants qui se sont déroulés côté coulisses de ce forum.

* Ambassadeur Jean Baptiste Ilboudo (président de la Commission forum)

Comme annoncé à l’ouverture, le forum de la société civile s’était donné pour objectif de réfléchir sur les quatre thèmes principaux que sont : La société civile par elle-même ; la société civile et la lutte contre la pauvreté ; la société civile, droits de l’Homme, démocratie et bonne gouvernance et la société civile, prévention et résolution des conflits.

Tout au long des travaux, nous avons délibéré avec beaucoup de dynamisme dans les ateliers. Au sortir de ces trois jours, le forum est arrivé à des conclusions et recommandations que nous allons transmettre aux chefs d’Etat. Cela traduit le résultat de préoccupations exprimées à la base par les participants au forum. Ils ont trouvé là une occasion de dialogue avec nos dirigeants mettant ainsi leurs contributions tout à fait positives à la réflexion pour l’élaboration de ce qu’on appelle le Cadre stratégique décennal qui sera adopté par les chefs d’Etat.

La société civile, ce sont les électeurs, les acteurs de terrain. Ce sont aussi les oreilles et les yeux des gouvernants qui sont là pour donner des avis. Ce sont là des moyens de mobilisation, l’expression de cette opinion qui constitue les moyens de contre-pouvoir à la société civile. Le pouvoir moral a l’endroit des dirigeants est un moyen de contrainte dont dispose la société civile. Elle peut sanctionner les actions des gouvernements et c’est cela l’expression de la démocratie. Comme j’aime à le dire, là où sévit la dictature, c’est là où la société civile est privée de ses pouvoirs, de ses moyens. Où fleurit la démocratie, c’est toujours l’expression de la vitalité de la société civile.

* Me François Cantier (président des Avocats sans frontières, France)

Je retiens de ce forum que des hommes et des femmes venus de trois continents (l’Afrique, l’Europe et l’Amérique du Nord) se sont rencontrés pour parler des problèmes de la société et notamment des problèmes que rencontre le continent africain sur la lutte contre la pauvreté, la lutte contre les violences faites aux femmes, la lutte contre les discriminations de toute nature, contre les violations des droits de l’Homme. Et cela pour demander aux chefs d’Etat de prendre des mesures concrètes pour mettre fin à ce que nous considérons comme inacceptable. C’est très positif comme bilan de la rencontre.

La société civile n’a certes pas les moyens de contraindre les chefs d’Etat par rapport à nos recommandations, mais elle est tout de même composé de citoyens. Moi je suis par exemple avocat ; d’autres sont médecins, travailleurs agricoles. Et donc, l’opinion de la société civile, c’est aussi l’opinion des électeurs qui votent car ses membres sont eux-mêmes des électeurs. Les chefs d’Etat écoutent les citoyens en général et les citoyens électeurs en particulier. Et puis, nous, nous ne sommes pas en opposition avec les chefs d’Etat. Nous ne sommes pas là pour critiquer ; nous sommes-là pour faire des constats et des propositions concrètes. Et nous espérons que nous serons entendus.

* Halidou Ouédraogo, président de l’UIDH du Burkina :

Les conclusions du forum sont positives. D’abord ceux qui ont participé à la rencontre ont pris la mesure de la détermination de la société civile à transformer nos pays en véritables démocraties. Tour à tour, la question de la pauvreté a été abordée. Nous avons demandé l’annulation de la dette. Pour ce qui est des droits humains, nous avons demandé la protection des militants des droits humains.

En matière de gestion des conflits, nous avons avancé des propositions pour des mécanismes efficaces de règlement de ces crises.

Nous avons aussi évoqué l’éducation des enfants, la promotion de la femme, etc.

Je pense que s’était un bon forum. Il faut regretter seulement que toute la société civile au Burkina n’ait pas pu participer. Il y avait beaucoup de places, de possibilités. On ne sait pas pourquoi, les membres de notre société civile ne sont pas venus. Avec l’institutionnalisation du forum qui s’est déclaré au plus autonome et indépendant, des dispositions seront sans doute prises pour permettre la participation du plus grand nombre et recueillir les contributions de tous.

Concernant l’appel qui n’a été accepté, je dirai que la proposition qui a été faite de proposer l’ensemble des conclusions de nos travaux aux chefs d’Etat est aussi bonne. Pour demain, les uns et les autres devraient apprendre à faire confiance aux acteurs de la société civile pour proposer ces genres de textes en tenant compte effectivement des préoccupations de tous.

* Mme Fatoumata Siré Diakité (Mali) :

C’est la première fois qu’un forum de la société civile est organisé en prélude d’un sommet de la Francophonie. C’est une initiative que nous saluons et nous espérons qu’elle sera suivie et renforcée.

Les préoccupations majeures de notre continent ont été abordées en plénière comme en atelier. Mieux, on a pu s’accorder sur une définition de la société civile. Ce qui nous permettra de faire certainement le ménage dans nos rangs.

S’agissant de la dette qui est un boulet au pied des Africains, nous avons reçu des informations très précises indiquant que cette dette a déjà été payée huit (8) fois et qu’il reste quatre (04) fois à payer. Ces éclairages nous ont permis de faire des propositions courageuses aux chefs d’Etat tout en disant que nous sommes derrière eux dans ce combat. La dette de l’Afrique a déjà largement été payée. Nous pouvons refuser de continuer à payer.

Nous avons en outre souhaité que le point soit fait sur les engagements pris par nos chefs d’Etat à Bamako en novembre 2000 en matière de promotion des droits de l’Homme et de la démocratie.

Parlant de démocratie, nous avons demandé que les femmes soient aussi formées à l’observation des élections pour la qualité et la fiabilité de ces scrutins. Présentement, 80% des observateurs sont des hommes. Il faut régler cette disparité.

Enfin, pour la gestion des conflits, nous demandons que les femmes soient au début, dans la prévention et non à la fin. On devrait également insister sur la mise en œuvre des mécanismes traditionnels de règlement des conflits sur notre continent. Cela ramènerait un peu plus de paix dans notre sous-région qui est la plus touchée dans l’espace francophone.

Pour mettre en œuvre toutes ces propositions, nous pensons que le partenariat société civile/gouvernement doit être renforcé.

Notre rôle est de proposer et d’agir.

Notre contre-pouvoir n’est pas d’aller en contradiction avec tout ce que les gouvernements font ou proposent. Nous nous complétons car nous poursuivons le même but : le bien-être des populations. Nous devons donc travailler dans la concorde mais pas en terme de rivalité. La société civile n’a pas pour vocation de prendre le pouvoir ou de renverser des gouvernements. Elle travaille en partenariat avec les gouvernements, les ONG, les Organisations régionales et internationales pour l’amélioration des conditions de vie des populations de notre espace.

* Christiane Bitougat (Comité syndical francophone de l’éducation et de la formation/Gabon) :

Nous avons bien travaillé. Le forum s’est bien déroulé même si au finish, nous n’avons pas beaucoup apprécié le contenu de l’appel qui nous a été présenté. Le document qui nous a été lu ne reflétait pas le travail en atelier et en plénière. C’est pourquoi, nous avons suggéré que le rapport général soit présenté aux chefs d’Etat et de gouvernement de l’OIF. Nous avions voulu un appel très fort qui invite les chefs d’Etat à mettre en œuvre les conclusions de notre forum. Nous espérons que cette attente sera prise en compte car en deux (2) jours de travaux, nous avons accompli un travail important.

Interview réalisée par Victorien A. SAWADOGO (visaw@yahoo.fr)
Paul Ismaël BICABA bicabai@yahoo.fr
Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV