FOOTBALL AFRICAIN : La tragédie des anciennes gloires
Comme une traînée de poudre, la nouvelle de la mort de l’ancien international nigérian, Rashidi Yekini, le 4 mai 2012, a fait le tour du monde. Ainsi, le décès de celui qui aura marqué le sport roi dans les années 90 a surpris plus d’un. En effet, ce qui étonne, c’est bien plus les conditions dans lesquelles il a quitté ce monde que la mort elle-même. Ceux qui ont connu ce natif de Kaduna, bourreau des défenses et qui portait bien le surnom de « Taureau de Kaduna », ont été surpris d’apprendre qu’il était malade. Après avoir mis un terme à sa carrière de footballeur, Rashidi Yekini s’est lancé dans des affaires où il n’a pas eu la même réussite qu’en football et a été pratiquement ruiné. Dès lors, il a basculé dans la déprime et se serait même clochardisé.
Une triste fin pour une ancienne gloire dont la renommée avait franchi les frontières du Nigeria et du continent africain. Elles sont nombreuses ces anciennes gloires du sport africain qui finissent ainsi. Comment peut-on expliquer qu’un sportif de sa trempe soit resté à quai et n’ait pas pu intégrer le circuit du monde du sport dans son pays ? Une question à laquelle il est difficile de répondre.Mais une chose est sûre, c’est une situation que vivent bien des sportifs du continent, auxquels la moindre reconnaissance morale n’est pas reconnue. Le cas Rashidi Yekini est un cas de trop.
Certes, on dira une fois de plus qu’il a connu une grande carrière de footballeur surtout en équipe nationale et aurait pu penser à l’après-football, comme bien d’autres l’ont fait et le font présentement. Est-ce pour autant qu’il faut en vouloir à Rashidi Yekini ? Ce n’est pas faute pour lui de n’avoir pas essayé de réussir sa vie. Tout le monde ne peut pas forcément réussir sa reconversion. Ce sportif au physique impressionnant, généreux dans l’effort et qui reste le meilleur fusil de l’équipe nationale du Nigeria avec 43 buts, aura tout donné à son pays, en faisant ce qu’il pouvait, tout en lui apportant des lauriers de prestige. De ses exploits, on continuera d’en parler, mais on retiendra qu’il a su mettre en pratique la célèbre phrase de l’ancien président américain John Fitzgerald Kennedy qui disait : « Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, demande ce que tu peux faire pour ton pays. » Pour le peu qu’il a fait, Rashidi Yekini méritait tout de même une certaine attention de la part de la nation nigériane afin d’être associé d’une façon ou d’une autre à la marche du sport dans son pays. C’est aussi une leçon pour ces sportifs qui se font plein les poches actuellement.
Ils doivent se construire un avenir pour ne pas subir l’ingratitude de leur nation qui les adule aujourd’hui pour les ignorer demain. C’est un combat qui se mène depuis belle lurette sans succès pratiquement, alors qu’une volonté politique peut aider à ce qu’on n’assiste plus à cette clochardisation des sportifs, parce que tous ne peuvent pas réussir leur post-carrière.
Antoine BATTIONO
Le Pays