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Lucien Marie Noël BEMBAMBA aux Assemblées de printemps du FMI et de la Banque Mondiale : Le Burkina toujours apprécié par ses partenaires

Publié le lundi 7 mai 2012 à 01h20min

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Le ministre de l’Economie et des Finances du Burkina Faso, Monsieur Lucien Marie Noël BEMBAMBA, accompagné d’une délégation dont l’Ambassadeur Seydou BOUDA, a pris part du 19 au 22 avril 2012 à Washington D.C aux Etats-Unis d’Amérique, aux travaux des Assemblées de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Dans l’entretien qui suit, le Ministre BEMBAMBA, après la crise qui secouée notre pays il y a de cela un an, tire les leçons de la participation de cette délégation aux différentes réunions de haut niveau, généralement consacrées à l’évaluation de l’économie mondiale, au développement international et aux marchés des capitaux internationaux.

Il se penche aussi sur les résultats de ces rencontres notamment avec les responsables des institutions financières, FMI et Banque mondiale, certains de ses homologues et bien d’autres partenaires techniques et financiers du Burkina Faso venus à ces réunions. Pour lui, ces rencontres avec les partenaires du Burkina se sont déroulés dans une totale ambiance de confiance retrouvée.

Lucien Marie Noel BEMBAMBA : Vous savez, ces genres de rencontres donnent l’occasion aux ministres en charge de l’économie et des finances de l’ensemble des pays du monde de se retrouver pour échanger et apprécier l’évolution de la situation économique et monétaire du monde. Dans un monde planétaire, cette évaluation régulière est importante. Il est extrêmement approprié que nous puissions ensemble, avoir la même appréciation et la même analyse de la situation économique du monde et partant, envisager éventuellement des solutions à apporter aux problèmes.

Vu sous cet angle, je pense que nous sommes satisfaits de notre participation. Par ce que nous avons pu assister aux échanges, nous avons pris connaissance de la situation actuelle et des perspectives de l’économie mondiale. C’est là que nous avons pu noter, qu’il est vrai que le monde traverse une situation difficile, mais que l’un dans l’autre, et grâce aux mesures qui ont été prises ça et là, on sent tout de même qu’il y a un léger frémissement en termes de reprise de l’activité économique mondiale. Cela nous aide, dans le cas de notre pays, à affiner notre analyse par rapport à l’impact que cela peut avoir sur notre économie nationale.

A ces réunions de printemps, nous avons aussi eu l’occasion de suivre les discussions au sein des instances du FMI et de la Banque Mondiale notamment sur les réformes en cours au sein de ces deux niveaux. C’est ainsi que pour ce qui est du FMI, nous nous réjouissons qu’il y ait des perspectives d’un renforcement du capital des ressources du Fonds. Ce qui est une très bonne nouvelle pour nos pays en développement, dans le sens que cela va permettre au FMI d’accroître ses capacités en termes d’interventions au profit de nos Etats.

Au niveau de la Banque Mondiale, nous nous réjouissons qu’il y ait aujourd’hui un certain nombre de questions qui sont prises en charge, comme celle de la protection sociale. Vous savez que dans nos pays, la marginalisation et la précarité des populations sont des réalités. Que la Banque Mondiale s’en préoccupe et nous aide à trouver des solutions crédibles, je crois que ce sont là de bonnes perspectives. En considération de tous ces aspects, je peux affirmer que nous repartons satisfaits.

De vos discussions au sein de ces deux instances, comment a-t-on perçu le comportement somme toute exceptionnel de l’économie burkinabè face à la crise qu’elle a vécue, et par ailleurs confronté cette année à la famine et à l’arrivée des refugiés maliens. Est-ce que vous en avez échangé avec les partenaires du Burkina ?

Lucien Marie Noel BEMBAMBA : Tout à fait. L’un des avantages aussi de ces assemblées, c’est de pouvoir avoir des rencontres avec des partenaires avec qui vous avez une coopération particulière, à commencer par la Banque Mondiale et le FMI. Avec ces deux institutions, je peux vous affirmer que nous avons eu des séances de travail avec les équipes pays qui ont particulièrement la mission de suivre au quotidien les dossiers du Burkina au sein de la Banque Mondiale et du FMI. Avec les membres des différentes équipes, nous avons ensemble procédé à une évaluation de l’économie du Burkina au regard de la situation de crise récemment vécue par notre pays. Avec ces équipes, nous avons ensemble examiné les possibilités pour ces institutions de nous apporter leur appui ou comment elles peuvent nous accompagner dans la consolidation de notre économie après cette crise.

Je puis vous affirmer qu’au niveau de ces instances, nous avons pu leur faire part de nos préoccupations à savoir que nous avons une situation interne qui est quelque peu difficile, principalement sur les aspects de la situation alimentaire. A cela il faut ajouter la situation des refugiés, nos frères maliens que nous accueillons. Toute chose qui impacte nos possibilités financières. Par conséquent, nous avons demandé que ces institutions puissent nous accompagner. Sur cet appel, je puis vous affirmer que nous avons eu une oreille attentive de part et d’autre. Des promesses ont été faites. Le FMI et la Banque Mondiale ont promis de voir comment des appuis additionnels peuvent être apportés par rapport à ce qui était initialement programmé pour accompagner le Burkina dans la résolution de ces crises.

Nous avons aussi eu à rencontrer des représentants d’autres pays avec qui nous entretenons des relations de coopération. Nous avons, non seulement saisi l’occasion pour faire avec eux, le point de notre coopération mais, nous leur avons aussi demandé et obtenu qu’ils nous apportent leur appui dans les discussions au sein du conseil d’administration du FMI et de la Banque mondiale lors de l’examen de nos dossiers. Vous savez bien que c’est le conseil d’administration qui décide et ce sont les Etats qui y siègent. Donc, nous avons saisi l’opportunité de ces réunions de printemps pour rencontrer les représentants des Etats et leur présenter nos préoccupations afin qu’ils plaident notre cause le moment venu. Sur tous ces plans, je puis vous affirmer que nous sommes satisfaits.

Le Burkina Faso sort d’une crise de grande ampleur avec une forte sollicitation des finances publiques. Un an après ces événements, est-ce que vos partenaires ici à Washington ont partagé vos points de vue sur la façon dont la crise a été gérée ? Sont- ils disposés à vous apporter un quelconque appui financier ?

Lucien Marie Noel BEMBAMBA : Les partenaires techniques et financiers nous ont compris. Je peux même dire que la façon dont nous avons résolu la crise a même été un atout pour nous. Rappelez-vous que plusieurs pays ont connu des crises. Mais dans notre cas, les partenaires ont particulièrement apprécié notre démarche dans la gestion de la crise. Par ce que, pour eux, voilà une des rares fois qu’un pays a pu gérer sa crise de façon efficace par lui-même. Ils ont apprécié le fait que nous avons géré la crise sans répression ; au contraire, notre pays l’a fait dans un esprit de dialogue et de concertation. Surtout, notre pays a géré la crise sans remettre en cause ces équilibres financiers. De sorte qu’à toutes nos rencontres avec nos partenaires, cette façon de faire des autorités du pays a été un élément apprécié très positivement. Et cela, les a confortés et renforcés dans la bonne vision qu’ils avaient du Burkina.

Je dois dire que de ce côté-là, au contraire, notre démarche dans la gestion de la crise a été plutôt un atout pour nous. Et maintenant, ils conviennent tous qu’il faut davantage faire confiance au Burkina.

Vous voulez dire que les partenaires techniques et financiers n’ont été pas disponibles dès les premiers moments de la crise pour vous accompagner ?

Lucien Marie Noel BEMBAMBA : Si vous vous rappelez, la crise s’est étendue sur pratiquement tout le premier semestre de l’année 2012. Et pendant les six mois, il n’y a pas eu un seul appui de nos partenaires. Nous avons continué à fonctionner, à financer nos besoins à partir de nos ressources propres. Mieux, nous avons été amenés à prendre en charge ce qui n’était pas prévu. Cela a démontré que le Burkina Faso avait des fondamentaux économiques solides dus au fait que nous avons mené des réformes par le passé qui nous ont permis de disposer de ressources financières pour faire face à la crise. Je pense que c’est cet élément qui est un motif de satisfaction de nos partenaires. Ils ont aussi apprécié le fait que le Burkina a eu à faire des réformes qui lui permettent, lorsqu’il y a une crise, de pouvoir résister et de s’en sortir. C’est là un atout supplémentaire pour qu’ils continuent de nous accompagner. Et d’ailleurs, la plupart de nos partenaires que nous avons rencontrés, ont renouvelé leurs engagements à nous apporter leur appui, surtout au regard aujourd’hui des enjeux que nous avons en termes de développement économique.

Les 1er et 2 février 2012 vous avez organisé à Paris la conférence internationale sur le financement de la SCADD, avec succès d’ailleurs si je ne m’abuse. Quel est maintenant votre agenda de l’après Paris ?

Lucien Marie Noel BEMBAMBA : Assurément, cette rencontre a eu tout le succès que nous escomptions. Rappelez-vous qu’à l’époque, en organisant cette conférence, nous avions aussi comme ambition de retrouver entre autres, la confiance de nos partenaires. Par ce que nous sortions d’une crise. C’était le plus important pour nous. Par conséquent, il fallait essayer de démontrer que le Burkina malgré la crise a une stratégie de développement et quelle est cette stratégie ? La faire partager à l’ensemble de nos partenaires. Comme vous l’avez remarqué, Paris a été une grande conférence internationale qui a connu une bonne participation et des engagements très forts pris par les participants. Dès lors que la conférence est maintenant terminée, il faut vite aller à son opérationnalisation. En cela, la Stratégie de croissance accélérée pour le développent durable (SCADD) nous donne les grandes orientations à suivre. Il nous reste donc maintenant à aller vers les politiques sectorielles des ministères pour la mise en œuvre.

Ce qui est prévu en termes d’opérationnalisation, est que nous puissions tenir les tables rondes sectorielles. A ces occasions, chaque partenaire viendra confirmer de façon précise ce qu’il va faire. Nous l’avons déjà fait pour le monde rural et qui a permis de confirmer les engagements des partenaires dans ce secteur. En juin 2012, nous allons tenir une autre pour le secteur des transports et plus tard pour le secteur de l’éducation. C’est dire donc, que nous sommes dans la phase où, à travers les tables rondes sectorielles, chaque partenaire aura l’occasion de traduire en termes concrets ces engagements pris à Paris.

Vous savez aussi qu’avec la SCADD une importance est accordée au secteur privé. Nous avons dans ce domaine des perspectives. A Paris, les partenaires du privé sont venus très nombreux. Maintenant, nous voulons qu’ils viennent à Ouagadougou pour que de façon concrète nous leur présentions toutes les opportunités de financements qui s’offrent à eux. Les amener sur le terrain et leur faire prendre contact avec le privé burkinabè. Cela se fera au mois de septembre 2012. Nous disposons d’un certain nombre de projets sur lesquels nous comptons sur eux comme l’aéroport de Donsin pour lequel une table ronde est prévue au mois de juin 2012. C’est donc pour vous dire que nous sommes en train d’opérationnaliser les engagements pris par les uns et les autres à la conférence de Paris, de rendre concrets les engagements et je pense que d’ici fin 2012, l’ensemble de ces engagements auront des points d’application et de mise en œuvre dans notre pays.

A ce rythme peut-on affirmer que votre engagement pour une croissance à deux chiffres n’est pas très loin ?

Lucien Marie Noel BEMBAMBA : Je pense qu’avec ce que nous sommes en train de mettre en œuvre comme stratégie de développement, même s’il est vrai que nous avons pris du retard, nous restons toujours confiants. L’essentiel est que nous mettions l’accent sur la mise en œuvre de notre stratégie de développement. Mais on ne dira jamais assez, le secteur agricole recouvre à nos yeux toute son importance pour l’atteinte de cet objectif .Tout ce qu’il y a comme potentialités, à ce niveau, il faut que nous puissions les exploiter. En le faisant, cela aura, non seulement un impact sur la croissance mais aussi sur la composante de la population où il y a le plus de pauvres. Cela va induire une croissance inclusive et permettre d’atteindre l’objectif de la SCADD qui est à terme, une croissance à deux chiffes.

Monsieur le Ministre une partie de l’opinion publique nationale se demande ce que le Burkina Faso gagne dans les médiations dans des pays en crise de la sous région tout en admirant, il est vrai leur franc succès. Vous qui avez en charge les finances et l’économie de ce pays, quelle est votre opinion ?

Lucien Marie Noel BEMBAMBA : Vous savez, le Burkina Faso n’est pas un pays isolé. Tout seul nous ne pouvons pas nous développer. On a besoin des autres. Et vous savez bien que même dans nos coutumes, il est dit que quand la case de votre voisin brûle, il faut lui apporter secours pour le cas où. De ce point de vue, nous avons intérêt à conjuguer nos efforts pour éteindre les tentions dans nos pays voisins et leur apporter assistance. Le faire, c’est prévenir. C’est faire en sorte que ces pays retrouvent la quiétude pour que nous puissions ensemble nouer de bonnes relations notamment de commerce. Parce que l’économie, ce sont des échanges. S’il n’y a pas d’échanges, s’il n’y a pas de flux commerciaux. Comment avoir des flux commerciaux avec des pays en guerre. Nous avons tous été témoins des effets de la crise ivoirienne sur le Burkina. Vous savez comment cela a eu un impact sur l’économie de notre pays. Aujourd’hui que ça reprend en Côte-d’Ivoire, notre économie reprend et revit.

Je pense qu’il faut que les gens comprennent que ces médiations sont essentielles pour notre pays. Elles ont leurs justifications non seulement au plan humanitaire mais aussi sur le plan économique et sur le renforcement des relations économiques entre notre pays et les autres voisins et du monde. Tout seul le Burkina ne peut pas s’en sortir.

Au risque de nous trompez, je peux dire que vous êtes bien en phase avec vos partenaires, qui ont une appréciation très positive du Burkina ?

Lucien Marie Noel BEMBAMBA : A ces réunions de Washington, nous avons eu l’occasion de mesurer à quel point quand même, sur le plan international, notre pays était très apprécié pour ses performances économiques. Nous avons connu des situations difficiles certes, mais nos partenaires approuvent beaucoup notre manière de gérer notre économie et nos finances publiques. Je dois dire que de ce point de vue, je suis satisfait. Parce que l’ensemble de nos partenaires que nous avons eu à rencontrer nous ont réaffirmé leurs fermes engagements à continuer de nous appuyer et de nous apporter assistance technique et financière pour mettre en œuvre la SCADD.

Interview réalisée par Pierre WAONGO
Attaché de presse
Ambassade du Burkina Faso/ Washington D.C.

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