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CRISE MALIENNE : Peut-on encore compter sur cette armée ?

Publié le jeudi 3 mai 2012 à 01h26min

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Le nouveau feuilleton de l’armée malienne, l’affrontement entre les bérets rouges, corps d’élite de la garde du président déchu, Amadou Toumani Touré et les bérets verts, fidèles au capitaine Sanogo, suscite des inquiétudes. A vrai dire, cette guerre fratricide qui a laissé sur le carreau de nombreux morts, n’augure rien de bon pour le Mali. Elle vient d’étaler au grand jour les dissensions au sein de cette armée malienne. Et l’on se demande si l’on peut encore compter sur cette armée pour sortir le Mali de la crise. Cette armée qui devrait être le moteur du retour à la normale, à la paix, s’est plutôt métamorphosée en un obstacle à la résolution de la crise. Comment pourra-t-elle, dans un tel climat délétère, faire face aux rebelles touaregs qui règnent en maîtres absolus sur le Nord du pays ?

Avec quels soldats le capitaine Sanogo, qui ne veut voir un seul soldat étranger sur le sol malien, ira-t-il combattre les éléments du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), ceux d’Ansar Dine et d’AQMI, pour ne citer que ceux-là ? Avec cette situation, l’armée malienne vient prouver, si besoin en était encore, que son objectif premier n’est pas de combattre les extrémistes qui occupent le Nord mais d’avoir la mainmise sur le pouvoir. Tout bon démocrate sait que le rôle régalien d’une armée nationale, c’est de défendre l’intégrité du territoire et de protéger les institutions républicaines.

Mais quand des éléments d’une même armée, au lieu de jouer ce rôle, en viennent à se tirer dessus comme des lapins, il y a lieu de se demander si cette armée est encore digne de confiance. De toute évidence, cette prise de bec entre les bérets rouges et les bérets verts, plonge le Mali dans une vraie incertitude. Voilà des hommes qui disent ne pas disposer de moyens conséquents pour combattre les rebelles touaregs qui font la pluie et le beau temps au Nord, mais qui ont curieusement des moyens pour s’entretuer. De qui se moque-t-on ? Le capitaine Sanogo n’a-t-il d’ailleurs pas justifié en partie le putsch qu’il a perpétré contre le régime d’ATT par le manque de moyens ?

Il est clair que le flou artistique auquel on assiste actuellement, risque fort de rendre l’équation de la crise malienne difficile à résoudre. Sans être dans le secret des dieux, la question de la junte malienne sera sans doute au centre des débats de la rencontre de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), à Banjul, ce jeudi. La question-clé que l’on se pose est de savoir quelle potion magique l’organisation sous-régionale trouvera pour ramener les deux unités de l’armée à la raison. Comment faire pour que les colombes de la paix viennent se poser sur les épaules du capitaine Sanogo et que la sagesse vienne habiter les commandos parachutistes fidèles à ATT ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que le dossier malien devient de plus en plus complexe. Un véritable casse-tête pour la CEDEAO, qui devrait urgemment trouver une parade, au grand bonheur du peuple malien.

Dans tous les cas, la CEDEAO n’a pas droit à l’erreur. Si elle tient à être crédible, elle devra vaille que vaille trouver une issue à cette crise malienne qui commence à s’éterniser.

Dabadi ZOUMBARA

Le Pays

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