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Liberté de presse au Burkina : Appréciation mitigée des journalistes Bobolais

Publié le jeudi 3 mai 2012 à 01h15min

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Boniface Coulibaly

Le monde des médias commémore en ce jour 3 mai 2012, la liberté de la presse. Le Burkina Faso occupant la 76é place, selon le classement de Reporters sans frontière, en matière de liberté de presse n’est pas en reste. A Bobo-Dioulasso, nous avons approché quelques journalistes pour entendre leur compréhension sur la dite liberté, et si elle est réelle au Burkina. Métier de tous les risques, il a été aussi question de savoir s’ils subissent des pressions les empêchant de s’exprimer sur des sujets.

-  Boniface Coulibaly, journaliste, directeur régional de la communication (Hauts-Bassins)

« Beaucoup de Burkinabè ignorent la liberté de presse »
« La liberté de la presse est un droit fondamental reconnu à tout être humain. Ce droit est bien reconnu par les instruments juridiques internationaux. La liberté de presse va de paire avec la déclaration universelle des droits de l’homme. On entend alors par cette liberté, la latitude de s’exprimer, de communiquer, de diffuser mais dans le respect des lois en vigueur. Pour dire que les journalistes ont un champ libre d’expression mais ils ne doivent pas faire du tort à une tierce personne. Au Burkina Faso, le droit de la liberté de presse est inscrit dans la constitution. Ce qui signifie qu’elle est autorisée. Aussi, la loi fait obligation à l’Etat burkinabé de permettre à tous les citoyens d’avoir l’accès à l’information. Je pense donc que la liberté de presse est une réalité au Faso. Malheureusement beaucoup de Burkinabè ignorent cette liberté. J’ai fait 24 ans dans le métier, et je n’ai jamais été empêché de m’exprimer sur un sujet précis. Je reconnais toutefois la responsabilité sociale du journaliste qui m’a amené souvent à l’autocensure. Ce sont généralement des questions qui pouvaient troubler l’ordre public. En cela donc, je trouve que le journaliste doit s’imposer une autocensure pour une paix durable ».

- Issa Soma, directeur régional des éditions Sidwaya/Ouest : « Le liberté de la presse est une réalité dans notre pays »

Issa Soma

« La liberté de presse pour le journaliste est d’exercer pleinement sa profession sans être inquiété par qui que ce soit. Mais le journaliste doit éviter tout acte de diffamation ou d’atteinte à l’intégrité morale ou physique des citoyens. Et cette liberté d’exercer la profession est une réalité dans notre pays. La floraison du paysage médiatique en est une illustration. De nos jours, nous avons une pléthore de radio, de télévision, de la presse écrite, mais cela ne voudra pas dire que les hommes de média doivent se permettre certaines affirmations ou déclarations. Le journaliste ne doit pas outrepasser la loi sur la liberté de la presse. Je trouve alors que la liberté de presse existe au Burkina bien qu’il occupe la 76é place selon le classement de Reporters sans frontière. Il y a eu beaucoup d’amélioration mais il faudra songer à la consolider ».

- Josias Zounzaola Dabiré, journaliste aux éditions Le pays (Bobo) :
« De l’autocensure pour sauver sa peau »

Josias Zounzaola Dabiré

« La liberté de la presse, à mon sens est cette liberté qui est donnée à un journaliste ou un organe de presse de s’exprimer sur un sujet sans être inquiété, ni poursuivi. Je crois que le Burkina Faso est en marche vers cette liberté, mais en réalité, on ne l’a pas encore atteint. En ce sens que l’accès à l’information reste toujours un combat. Il y aussi le traitement de la presse privée qui laisse à désirer. On peut quand même noter des avancées significatives en matière de préservation de la vie du journaliste. Mais il faut reconnaître que beaucoup de journalistes subissent des pressions de façon dissimulée. Je n’ai pas encore été empêché de m’exprimer sur un sujet donné, mais il faut savoir que bon nombre de journalistes s’autocensurent à longueur de journée pour sauver leur peau ».

- Ahmed Zerbo, journaliste et directeur de publication du journal Libération : « Elle est l’œuvre de Norbert Zongo »

Ahmed Zerbo

« La liberté de presse, c’est de donner l’information juste et claire à la population sans une pression. Elle est en voie d’être réelle depuis l’assassinat de Norbert Zongo. Je pense que de nos jours, les journalistes sont libres de s’exprimer ou de dévoiler certains actes malhonnêtes sans se soucier de ce que peut être le résultat sur leur vie. En 2002, j’ai été traduit en justice pour avoir écrit sur un conflit de lotissement et une bisbille qui s’était produite entre forces de sécurité. C’aurait été aujourd’hui, je pense que cela n’allait pas être amené sur une telle dimension ».

- Amadou Aristide Ouédraogo, journaliste, chef de station de la RTB2 : « Le journaliste burkinabé peut se flatter d’être libre »

Amadou Aristide Ouédraogo

« Les journalistes bénéficient de certains droits garantis par l’article 19 de la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, et du pacte relatif aux droits politiques et civils. Ce droit reconnaît alors aux journalistes la recherche, le traitement et la diffusion libre de l’information sans immixtion du gouvernement. Cela sous entend que les autorités ne peuvent ni les intimider, ni les harceler ou entraver leur travail de quelque manière que ce soit. Ceci résume, à son sens, la liberté de presse. Et je pense qu’elle est une réalité dans notre pays. Bien qu’il y ait eu des interpellations sur des diffamations et des propos non vérifiés. En tout cas, pour l’instant le journaliste burkinabé peut se flatter d’être libre. Je puis dire que je n’ai pas encore subie de pression m’empêchant de m’exprimer sur un sujet donné, ni d’être contraint dans le choix et le traitement de l’information »

Propos recueillis par Bassératou KINDO

L’Express du Faso

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