LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

29 avril 2012, Journée mondiale de la danse : Message du Centre de Développement Chorégraphique - La Termitière

Publié le lundi 30 avril 2012 à 00h38min

PARTAGER :                          

Lancée en 1982 par le Conseil International de la Danse (CID), placé sous l’égide de l’UNESCO, la Journée mondiale de la danse est célébrée le 29 avril de chaque année. Pour cette année, les Chorégraphes Salia Sanou et Seydou Boro livrent leur message.

La danse, et pourquoi une journée internationale ?

Chers professionnels et amoureux de la danse*

La date du 29 avril revêt une importance capitale pour nous professionnels de la danse. Elle nous donne l’opportunité de nous exprimer hors des plateaux de danse et des théâtres. Elle nous permet d’attirer l’attention des uns et des autres sur des questions majeures qui nous interpellent tous au sujet de la danse.

Parole du corps en mouvement – qui lui-même naît d’une réflexion, d’une intelligence et d’un engagement – la danse impose de la rigueur au corps et constitue un lieu de découverte et d’éveil corporel pour nos enfants. Elle contribue à la santé, elle est une thérapie du corps, et opère aussi une thérapie de la société entière. Elle offre des moyens d’expression à la jeunesse africaine, consciente des enjeux du développement économique et social du continent. Discipline engagée, la danse va interroger la société, questionner les comportements dans la communauté et témoigner du temps qui passe.

Les enjeux et perspectives de la danse au Burkina Faso

Malgré son rôle dans le bien être de la société, la danse n’est pas exempte des mutations que connaît le monde, provoquées par la percée technologique et les différentes crises. Au Burkina Faso et ailleurs sur le continent, la danse reste le parent pauvre en termes de soutien et d’accompagnement financier, structurel et juridique. La richesse et la vitalité culturelles dont se glorifie le pays cachent bien mal les difficultés que rencontre notre art. Qu’elle soit mal aimée, mal aidée ou mal connue au plan national, notre discipline artistique est obligée de se tourner vers les financements extérieurs pour exister et se développer.

Après la génération des pionniers qui ont fait émergé et développé au Burkina Faso la danse contemporaine, une nouvelle génération de danseurs voit le jour. Ces jeunes viennent à la danse avec leurs convictions, leurs histoires, leurs parcours singuliers. Bien sûr, ils viennent aussi avec leur danse. Du coup, il se dégage des défis nouveaux, des perspectives nouvelles pour la danse au Burkina Faso.

Appel aux autorités publiques et partenaires au développement

Le CDC-La Termitière saisit l’occasion de la Journée Internationale de la Danse pour lancer un appel à tous les acteurs sur les problématiques actuelles du champ chorégraphique. Ces problématiques se situent à plusieurs niveaux :

Au niveau des Politiques culturelles sectorielles : le CDC-La Termitière pense qu’il faut une politique sectorielle pour la danse en vue du développement de la discipline.

Au niveau de la recherche et des publications : force est de constater que rien, sinon peu de réflexion de livres, d’articles scientifiques, de mémoires de fin d’études, de documentaires télé, sont conçus et publiés sur la danse au Burkina Faso malgré sa richesse et l’originalité de son patrimoine-danse. Le CDC-La Termitière croit que le développement de la discipline danse passe inéluctablement par la recherche, la critique. Nous lançons donc cet appel à l’endroit des chercheurs et étudiants du Burkina et à l’endroit de la nouvelle direction générale de la formation et de la recherche du ministère de la culture et du tourisme pour une orientation des recherches vers la danse.

Au niveau de l’éducation et de la formation, nous lançons un vibrant appel aux autorités en charge de l’éducation pour une prise en compte des arts chorégraphiques dans la formation de l’élève et de l’étudiant. La formation des danseurs et des créateurs est aussi essentiel pour le développement des arts chorégraphiques au Burkina Faso. Nos espoirs sont une fois encore tournés vers la nouvelle direction de la formation et de la recherche. Le CDC-La Termitière, avec une petite poignée de structures essaient des actions dans ce sens mais cela n’est pas suffisant pour la professionnalisation des nombreux jeunes qui embrassent le métier de chorégraphe.

Au niveau du financement de la danse nous lançons un appel aux structures, entreprises nationales, partenaires techniques et financiers pour un soutien courageux de la danse.

Au niveau de la communication, nous souhaitons un accompagnement de la presse écrite, audio et visuelle ; nous n’avons pas assez de journalistes spécialisés en critique d’art chorégraphique ce qui joue négativement sur la promotion de la valorisation de la danse au Burkina Faso. Nous pensons qu’il est possible d’impliquer les médias dans le développement de notre art par des mesures structurelles.

Bref ! Les enjeux sont énormes et nous sommes convaincus que la concertation et la volonté politique constituent une bonne partie de la réponse à ces enjeux-là.

Bonne fête de la danse à toutes et à tous !

Seydou Boro et Salia Sanou
Directeurs artistiques du CDC-La Termitière

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique