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Tracasseries policières sur l’axe Bobo-Dioulasso - Abidjan : Un corbillard racketté

Publié le mardi 24 avril 2012 à 03h05min

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C’est un fait réel qui a été vécu par un des chauffeurs de Burkina secours, une organisation non gouvernementale (ONG) qui exerce à Bobo-Dioulasso. Malgré que cette ONG ait pris toutes les dispositions pour évacuer la dépouille d’un Guinéen vers la Côte d’Ivoire, le chauffeur Boubié Nébié a été racketté durant le trajet situé dans la partie ivoirienne. Une affaire de racket qui pose avec acuité les problèmes de tracasseries policières vécues par les passagers en voyage dans les pays de la CEDEAO.

Burkina Secours est une organisation non gouvernementale (ONG) qui a vu le jour depuis 1972 à Bobo-Dioulasso. Elle a ouvert ses portes dans la ville de Sya avant même les Sapeurs pompiers. Son directeur fondateur est Saignol Alain de nationalité française. Dotée d’un équipement adéquat, cette structure humanitaire se bat nuit et jour pour l’évacuation des malades, des accidentés, des personnes décédées.

Les activités menées par Burkina Secours ne se limitent pas seulement à la ville de Sya, mais s’étendent un peu partout dans les treize régions du Burkina Faso et dans la sous-région. L’ONG a peu de moyens financiers certes ; mais il a un personnel qualifié apte à aller partout en cas de besoin.

Selon l’un des chauffeurs de Burkina Secours, Boubié Nebié, « souvent Burkina Secours se déplace jusqu’à 15 km de la ville de Bobo-Dioulasso pour évacuer un malade. Le patient ne débourse que la somme modique de 2 ?000 FCFA ». Et le chauffeur Nébié militaire à la retraite d’ajouter « Moi je suis venu à Burkina Secours, il y a bientôt dix mois. Je n’ai pas un bon salaire, mais je suis content d’y être car, l’ONG considère la vie de l’homme plus que l’argent ».

Dur dur d’évacuer une dépouille en Côte d’Ivoire

La libre circulation des personnes, des biens et des services est un volet fondamental et prioritaire de l’intégration régionale dans l’espace CEDEAO. Depuis l’adoption des protocoles d’accord entre les pays membres, la mise en œuvre de l’objectif de la libre circulation des personnes, des biens et des services butte à des contraintes. Des exemples sont toujours constatés sur certains axes. En effet, sur les routes de la Côte d’Ivoire, du Bénin, du Togo et du Ghana, les rackets et autres tracasseries sont plus que jamais présents.

Selon certains passagers des compagnies de transports, « il est même parfois plus difficile de passer d’un pays à l’autre que de passer par le trou d’une aiguille ». Le 24 mars 2012, le chauffeur Boubié Nébié a été instruit par son directeur fondateur, pour ramener le corps d’un homme décédé au Centre hospitalier universitaire Souro Sanou de Bobo-Dioulasso en République de Côte d’Ivoire. Tout un calvaire que Boubié a vécu à l’aller tout comme au retour de Côte d’Ivoire.

Malgré qu’il ait tous ses documents en règle, les pièces du véhicule servant de corbillard qui a transporté le cadavre, il a été racketté de plus de deux cent mille (200 ?000) FCFA par les agents de la sécurité routière de la Côte d’Ivoire.

Pire, le corbillard et le corps ont été saisis et le chauffeur enfermé par la gendarmerie de Yamoussokro pendant plusieurs heures. Une femme parente du défunt qui, était dans le véhicule et qui accompagnait le corps a passé tout son temps à pleurer. Et ce n’est qu’à quatre heures du matin que le chauffeur a été libéré.

Pourtant, son permis de conduire, sa carte d’assurance, ses papiers d’évacuation du cadavre sont à jour. Durant le trajet, lorsqu’il présente ses papiers à un poste de contrôle, les prétendus agents de sécurité lui disent dans le langage vulgaire « monsieur, nous ne mangeons pas du papier ».

Parlant du problème que son chauffeur a rencontré en Côte d’Ivoire, le fondateur Burkina secours dit : « Le chauffeur a bien joué son rôle. Il a sauvé l’honneur de la maison. Burkina Secours est social et essaie de développer le côté humain. C’est du reste ce qui nous a poussé à accepter amener le corps du Guinéen de Bobo-Dioulasso en Côte d’Ivoire. Sa famille a cherché quelqu’un pour amener le corps en Côte d’Ivoire. Elle n’a pas trouvé. Et nous avons accepté de le faire.

La somme de 230 ?000 mille francs rackettés par les agents de sécurité est purement et simplement du vol. Et c’est grave ». Pour M. Saignol, cela fait des années que Burkina Secours fait des évacuations sur la Côte d’Ivoire. Lui-même personnellement, est allé en Côte d’Ivoire ramener à Bobo-Dioulasso le maire d’Abidjan pour des soins médicaux.

Malheureusement ça n’a pas marché, il est décédé et j’ai ramené le corps à Abidjan. J’ai amené en Côte d’Ivoire un enfant de deux ans qui souffre d’une malformation cardiaque. Et c’est la gendarmerie de Yamoussokro qui m’a pris en charge à l’époque. Mais tout cela s’est passé avant la crise. Actuellement, nous avons pris la décision de ne plus effectuer des évacuations en Côte d’Ivoire, bien que nous ayons nos frères dans ce pays ».

Le premier responsable du Burkina secours interpelle les autorités burkinabé à renforcer la sécurité sur les différents axes surtout ceux menant vers la Côte d’Ivoire. Ce qui permettra de lutter contre le banditisme et les différents accidents qui se produisent presque tous les jours.

Félix G. OUEDRAOGO Correspondant à Bobo-Dioulasso

L’Hebdomadaire du Burkina

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