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LETTRE AU PRESIDENT DU MALI : « Nul ne peut régenter la vie d’une nation par l’intimidation »

Publié le mardi 24 avril 2012 à 03h05min

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Les forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (FARE), plateforme de soutien à Modibo Sidibé, adressent cette correspondance au président de la République du Mali. Elles s’insurgent contre la récente arrestation de Modibo Sidibé.

Monsieur le Président de la République

Votre investiture, le jeudi 12 avril 2012, a marqué un moment important pour tous les démocrates, convaincus du possible retour à la légalité constitutionnelle dans notre pays, conformément aux annonces faites par le CNRDRE le 1er avril et suite à la signature de l’accord de sortie de crise entre le CNRDRE et la CEDEAO.

La tenue de la Conférence des forces vives du Mali, les 14 et 15 avril à Ouagadougou, sous l’égide du Médiateur de la crise malienne S.E.M. Blaise Compaoré, président du Burkina Faso, avait constitué un nouveau pas positif vers la normalisation de la vie publique dans notre pays.

Monsieur le Président de la République,

Comment, dès lors, comprendre que sous votre autorité, des élements du CNRDRE se livrent à l’enlèvement et la séquestration de personnalités, sans aucune réaction de votre part ?

Dans la nuit du lundi 16 au mardi 17 avril, des élements du CNRDRE ont, en effet, procédé nuitamment à l’arrestation, à son domicile, de M. Modibo Sidibé, ancien Premier ministre et candidat à l’élection présidentielle. Dans les heures qui ont suivi, dans la matinée et dans la journée du mardi 17 avril 2012, plusieurs autres personnalités militaires et civiles, dont M. Soumaïla Cissé, ancien président de la Commission de l’UEMOA et candidat à l’élection présidentielle, ont également été arrêtées par le CNRDRE.

Ces différentes personnalités sont depuis détenues par le CNRDRE, en dehors de tout cadre légal et sans qu’aucune charge précise n’ait été annoncée contre elles. Nous sommes fortement préoccupés par la détention, en dehors de toute garantie, de ces personnalités.

Monsieur le Président de la République,

Ces faits constituent des violations du processus de sortie de crise, en ce qu’ils se situent en contradiction flagrante de la dynamique consensuelle de décrispation et de retour à la normale dans laquelle vous-même, le CNRDRE et l’ensemble des forces vives de la Nation, vous étiez tous engagés.

Ces faits sont d’une gravité extrême en ce qu’ils constituent un déni d’engagement du CNRDRE vis-à-vis de la communauté nationale, vis-à-vis du Médiateur et vis-à-vis de la CEDEAO et de toutes les instances internationales.

Ces faits, Monsieur le Président de la République, sont inadmissibles aussi, parce que contraires à l’esprit et à la lettre de la Constitution de 1992 qui interdit toute arrestation et détention en dehors des dispositions légales.

Notre conviction est qu’après la signature de l’Accord-cadre du 06 avril 2012, le président par intérim, investi dans ses fonctions le jeudi 12 avril, c’est-à-dire vous Monsieur le Président, est désormais l’Autorité suprême du pays reconnue comme telle par la Nation et l’ensemble de la communauté sous-régionale et internationale.

Notre conviction est également que nul ne peut régenter la vie de la Nation, par des méthodes d’intimidation et de terreur contraires à l’esprit et à la lettre de l’Accord-cadre conclu avec la CEDEAO ; et contraires aux principes et valeurs démocratiques souscrits par nous.

Monsieur le Président,

Nous en appelons à Votre autorité et aux bons offices du Médiateur de la crise, pour qu’il soit signifié au CNRDRE qu’il n’a pas qualité à s’ériger en autorité judiciaire, pour arrêter de façon arbitraire et sélective des citoyens maliens.

Nous demandons avec insistance que les leaders politiques que sont MM. Modibo Sidibé et Soumaïla Cissé, et toutes les autres personnalités civiles et militaires détenues, soient libérés sans condition et sans délai.

Nous tenons le CNRDRE pour responsable de l’intégrité physique des personnes séquestrées par lui et prenons à témoin le Médiateur et l’ensemble de la Communauté internationale, pour que leur sécurité soit garantie.

Monsieur le Président,

Nous vous appelons instamment à œuvrer, de concert avec le Médiateur, de manière à faire cesser les arrestations par le CNRDRE et tenir le cap du retour de la légalité républicaine, de la sécurité et de la paix dans un Mali ayant recouvré son intégrité territoriale. Seuls comptent, en effet, ces objectifs prioritaires aux noms desquels MM. Modibo Sidibé et Soumaïla Cissé ont publiquement salué la cérémonie républicaine du 6 avril 2012 et apporté leur soutien à l’accomplissement des lourdes responsabilités qui vous sont désormais confiées.

En vous renouvelant l’assurance de cet accompagnement, nous vous prions d’agréer, Excellence Monsieur le Président de la République, l’expression de notre déférente considération.

Bamako, le 18 avril 2012

La Coordination des FARE

Le Pays

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