LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Ex-junte malienne : Un Etat dans l’Etat ?

Publié le jeudi 19 avril 2012 à 02h16min

PARTAGER :                          

Quinze jours, voilà le temps qu’aura duré le règne de la junte malienne qui a renversé le président Amani Toumani Touré (ATT) le 22 mars 2012. Pris en tenaille par les sanctions et les pressions de la Communauté internationale, notamment la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), les putschistes avaient été contraints de se dégonfler, de renoncer au pouvoir, ce qui a permis d’enclencher les procédures constitutionnelles en matière de vacance du pouvoir.

Ainsi, Diocounda Traoré, le président de l’Assemblée nationale, a été investi président de la République du Mali et une amnistie générale a été accordée aux militaires. Les pourparlers maliens se sont tenus à Ouagadougou dans le but de mieux planifier et gérer la transition.

Alors même que le président Diocounda venait de nommer l’oiseau rare, le fameux Premier ministre de consensus doté des pleins pouvoirs, en la personne de Cheick Modibo Diarra, on a appris avec stupeur que les putschistes ont opéré une vague d’arrestations de militaires et de personnalités politiques. D’autres arrestations ont encore eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi dernier. En faisant la nique aux institutions républicaines, l’ex-junte, qui a gardé intacte sa capacité de nuisance, rappelle à tous ceux qui semblaient l’oublier que, malgré le retour à l’ordre constitutionnel, elle reste le véritable capitaine à bord du navire battant pavillon malien.

Du coup, cette situation pose avec la plus grande acuité la question de l’existence, voire de la place des ex-putschistes dans le nouveau dispositif du pouvoir exécutif malien. Si tant est qu’on est vraiment revenu à un ordre constitutionnel, ces militaires ne peuvent, en aucun cas et de leur propre chef, décider d’arrêter des gens et de les embastiller.Le bicéphalisme de fait qui a cours sur les berges du Djoliba porte en lui-même les germes des éventuelles avaries de la période de transition qui vient de s’ouvrir au pays de Soundjata Kéïta. Et dans ces conditions, il ne serait pas étonnant un jour de voir les mutins de Kati reprendre carrément le pouvoir à Bamako.A présent, par suite des récents développements, on a le sentiment qu’avec l’Accord-cadre pour un retour à l’ordre constitutionnel, on n’a rien réglé en réalité. On a vite fait de pondre un papier, un accord pour contenter tout le monde, mais, à l’épreuve du terrain, il ne marche pas. La preuve est que l’ex-junte, au lieu de retourner en caserne et d’obéir aux ordres du pouvoir exécutif, entend jouer au mieux au veilleur, au pire, au guide de cette période de transition.

Alors on peut légitiment se demander pourquoi, lors des négociations, on n’a pas eu le courage de dissoudre le CNRDRE (Conseil national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat de droit).

On convient qu’un accord, surtout comme celui-là, goupillé en si peu de temps ne peut pas tout régler, car contenant beaucoup de faiblesse et d’omissions. Il faut forcément des accords additionnels pour parfaire les choses et avancer. C’est pour cela qu’il aurait fallu prévoir un cadre permanent de concertation qui pourrait permettre, justement, de polir les aspérités de l’Accord-cadre.

Reste à espérer que les médiateurs de la CEDEAO, qui sont retournés à Bamako, sauront convaincre l’ex-junte qu’elle n’a plus de rôle politique à jouer et que sa place est dans la caserne. Si cette vérité n’est pas assenée aux putschistes, il faut craindre qu’ils ne continuent de faire les django dans la république avec, à la clé, de graves risques de retour à l’Etat exception.

Les 40 jours constitutionnels de la transition sont déjà entamés, et il ne reste pas plus d’un mois. Il urge donc de trouver un mécanisme pour la poursuite de cette transition aux multiples défis. Le président Diocounda Traoré, qui s’est borné à indiquer qu’il n’était pas au courant des arrestations, n’a publiquement rien entrepris pour que les embastillés de Kati recouvrent la liberté. Pourtant, le président a intérêt à vite reprendre la main sur l’ex-junte, sinon sa crédibilité et celle de son Premier ministre seront écornées. Et au finish, le peuple malien, parce que voguant entre Etat de droit et Etat d’exception, sera bien contraint de jouer au Sisyphe de la démocratie.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 19 avril 2012 à 10:06, par KO En réponse à : Ex-junte malienne : Un Etat dans l’Etat ?

    Moi je pense qu’il fallait s’y attendre. Lorsqu’on coud mal un sac percé, la suite, c’est que ce qui se trouvait dans le sac aura toujours un échappatoire...
    C’est aller trop vite la résolution de cette fameuse crise. Autrement dit, c’était si beau et facilement entrepris si les médiateurs réussissaient sans un deuxième voir un troisième round.
    Le Blaiso est encore attendu !Pauvre de toi Médiateur. Il faut une autre paire d’expérience et savoir être ferme avec la junte.
    Attendons de voir.

  • Le 19 avril 2012 à 10:19 En réponse à : Ex-junte malienne : Un Etat dans l’Etat ?

    tout ce cafouillage vient de la cedeao avec ses préfets de la françafrique qui ont peur des coups d’état parcequ’eux mêmes sont pires que att.
    sinon analysons froidement le problème qui est que att a failli dans sa mission avec son fameux concensus où tout le monde venait bouffer le gateau malien sans se préoccuper des maliens et parmi les fautifs,il y a la classe politique,la société civile,les généraux dodus etc. tout ce monde cherchait a manger et tant qu’il y a a manger,tous ces voleurs n’osaient rien dire a att que la situation est grave.
    c’est dans ce contexte que att a été renversé par la junte et je trouve normal que tout ceux qui ont accompagné,cautionné la gestion calamiteuse de att soient aussi arretés sinon pourquoi c’est att qui doit payer tout seul les pots cassés ? c’est pas normal sinon on ne règle rien puisque les memes habitudes faites de corruption,de détournements vont se poursuivre comme avant.
    donc l’ordre normal passe par l’arrestation de tous ces politiciens maliens fautifs et ces généraux dodus et il ne peut y avoir d’ordre constitutionnel mais un état d’exception car meme ce dioucounda traoré président intérimaire devait etre arrêté aussi,il a sa part de responsabilité de ce qui est arrivé au mali car extrapolons le problème en prenant le cas du burkina faso avec une gestion chaotique depuis 20 ans. trouverez-vous normal,qu’on mette le président de l’assemblée nationale a la place de blaise compaoré et aussi qu’on laisse tous ces courtisans connus en liberté entrain de narguer toujours les gens ? la réponse est mille fois non lorsqu’on veut que les choses changent positivement.
    je pense que la cedeao a tout faux dans cette histoire car par calcul,elle est venue mettre encore la pagaille au lieu d’accompagner la junte à nettoyer proprement la maison malienne de ces rebelles au nord,de ces corrompus de la classe politicienne malienne et ensuite on peut parler des élections transparentes avec de nouveaux visages à savoir tous ceux qui n’ont pas trempés dans des magouilles mais hélas,les présidents de la cedeao sont aussi corrompus et c’est pour cela ils ne s’attaquent pas aux vrais problèmes mais cherchent a sauvegarder leur fauteuil au cas où

  • Le 19 avril 2012 à 10:32, par Juste En réponse à : Ex-junte malienne : Un Etat dans l’Etat ?

    Bonjour a tous !
    Je ne croyais pas si bien dire lorsque je suggerais au Mediateur de faire proceder a une explication du contenu de l’accord-cadre au capitaine Sanogo. L’auteur de cet article m’a rejoint dans mes propos et sa conclusion est d’une pertinence on ne peut plus tres claire, quand il declare que depuis le retour a l’ordre constitutionnel, la junte n’a plus de role a jouer ! Pourquoi d’ailleurs ne l’a-t-on pas dissoute apres la signature de l’instrument ?
    Je pense qu’il n’est encore pas tres tard de le faire ! Il faut egalement expliquer a ce petit capitaine de Sanogo que l’amnistie ne couvre pas les betises qu’il commettra apres le retour a une vie constitutionnelle normale ! Ce sont la des actes assimilables a la conspiration et attentatoires a la surete de l’Etat malien ! Il faut etre clair avec cet abruti de Sanogo. Pendant ce temps, les rebelles consolident leurs positions au Nord occupe !
    Ayez pitie du Mali et de son peuple ! SABARI !!!!!!!

  • Le 19 avril 2012 à 10:35, par Samsa En réponse à : Ex-junte malienne : Un Etat dans l’Etat ?

    Cet article est nul, rien de plus qu’une narration digne d’un compte africain... Vous divaguez et vous n’allez pas à l’essentiel. Vous parlez d’arrestation, vous ne citez personne et vous ne dites même pas en quoi l’arrestation de ces personnalités (inconnus ?) peut nuire au processus de rétablissement de l’ordre constitutionnel.
    De grâce, n’écrivez jamais un article sous l’effet du Yantoro !

  • Le 19 avril 2012 à 10:51, par el kabor En réponse à : Ex-junte malienne : Un Etat dans l’Etat ?

    je doutais fort de la sincérité de l’homme fort de Kati.Il n’y a qu’à bien regarder son attitude au sortir de la rencontre avec dioncounda Traore lors de leur entretien.sur le pas de l’escalier meme si la voix etait off on pouvait imaginer ce qu’il disait aux journalistes.Dès lors j’ai compris que ce gars est un aventurier et s’il n’y prend garde il sera le seul perdant.tous ceux qui l’entourent ne sont que frileux de la camera et d’un mieux etre au moindre petatd sanogo n’aura que ses yeux pour pleurer.

  • Le 19 avril 2012 à 11:38, par KORODJO En réponse à : Ex-junte malienne : Un Etat dans l’Etat ?

    LA CEDEAO POUR RECTIFIER LE TIR DU RETOUR A UNE VIE CONSTITUTIONNELLE NORMALE EN FAISANT DISSOUDRE TOTALEMENT LE CNRDRE. TOUS LES ELEMENTS QUI LA COMPOSENT DOIVENT QUITTER LE MALI POUR DES MISSIONS ONUSIENNES OU DES FORMATIONS MILITAIRES POUR QU’ON PUISSE REGLER LE PROBLEME DU NORD QUI EST PAR ORDRE DE PRIORITE LE PLUS IMPORTANT DES PROBLEMES DU MALI. J’ENCOURAGE LES ETATS DE LA CEDEAO A LA CONSTITUTION DE LA FORCE MILITAIRE POUR ERADIQUER DEFINITIVEMENT LES ISLAMISTES ARMES ET LES TOUAREGS DU MNLA QUI SE SONT AFFILIES A EUX POUR FAIRE DE CETTE PARTIE DU MALI UNE ZONE DE NON DROIT. LA CEDEAO NE DOIT PRENDRE EN COMPTE QUE L’INTERETS DE LEUR REGROUPEMENT ET DE LAISSER TOMBER LES AVIS DE LA MAURITANIE DE L’ALGERIE ET DE LA FRANCE CAR DES PAYS COMME LE NIGER LE NIGERIA ET LE BURKINA SONT EN PREMIERE LIGNE.

    • Le 19 avril 2012 à 12:06, par Juste En réponse à : Ex-junte malienne : Un Etat dans l’Etat ?

      Mon cher Korodjo, merci pour votre contribution pour une sortie de crise au Mali ! Seulement, je ne partage pas vos propositions pour ce qui est d’envoyer les elements de la junte dans des missions onusiennes comme solution pour les eloigner du Mali ! les missions onusiennes ne sont pas un depotoir pour putchistes ou personnels indesirables ! ce sont des missions où on n’y envoie que des personnes ayant des soldats de la paix aux competences averees.
      On pourrait opter pour la deuxieme solution, c’est-a-dire les envoyer en formation, pour ameliorer leur coefficient intellectuel, car le deficit qu’ils accusent en la matiere est flagrant : ils ne vivent pas avec leur temps (trop en dephasage)et semblent intellectuellement limités), parce qu’ils ne comprennent jusque-la pas leur role au sein de l’armee malienne et n’ont aucune fibre patriotique dans le sang (parce qu’ils s’acharnent sur du superfetatoire alors que l’ennemi reel est au nord où il a occupe une partie du pays et terrorise le Peuple !).

    • Le 19 avril 2012 à 13:41 En réponse à : Ex-junte malienne : Un Etat dans l’Etat ?

      Ils ne peuvent pas quitter le Mali ces putschistes. Il faut qu’ils restent se battre parce qu’ils reprochaient à ATT d’être mouilleurs ! Personne ne quitte le pays ! Il faut leur donner le Ministère de la défense et les envoyer au front.

  • Le 19 avril 2012 à 15:28, par Burkinabé en Asie En réponse à : Ex-junte malienne : Un Etat dans l’Etat ?

    Excellence médiateur Compaoré, Dadis est bien installé à Ouaga !
    Il devra être de même pour ces ex-putschistes si l’on veut vraiment normaliser le Mali !
    Excellence Compaoré, ce capitaine de Sanogo vous defie. Il faut que vous l’ameniez à Ouaga comme vous avez amenez Dadis à Ouaga ! Il faut en découdrer avec ces ex-putshistes !

    • Le 19 avril 2012 à 21:45 En réponse à : Ex-junte malienne : Un Etat dans l’Etat ?

      tu n’ aimes pas le Mali. J’ ai compris. Donner le ministere de la defense a ses plaisantins ? C’est pour que ces racistses touareg nous egorgent en u n seul jour. Tant qu’ on ne va pas sanctionner ces pagailleurs, on aura l’ impression que n’ importe quel petit capitaine qui ne parle meme pas francais niveau ce2 peut faire un coup d’ etat. la cedeao va se lveer crier, le petit capitaine dechard lache la chose mais gagne en avantages. Il ne perd rien au change. Que les militaires ne se croient pas dotes de cette mission de sauver le peuple. Seul le peuple pourra se sauver. Pas vous. Rares sont les militaires qui prennent le pouvoir pour le bien de tout le monde. Alors, pas de coup d’etat militaire et ausi gouvernants, gerez la chose publique dans l’ alternance , al democratie et la ttransparence afin de ne pas donner des idees aux aventuriers genre Dadis qui ont tue des milliers de gens et qui ose dire qu’ il vit bien a ouagadougou. Quand il a perdu son fils noye au Canada, est-ce qu’ il n’ a pas pleure ? mais pourquoi il tue et fait violer les enfants des autres ?

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique