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BCEAO : "La démonétisation, un principe de précaution"

Publié le lundi 25 octobre 2004 à 07h31min

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Koanan Banny

Le gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a donné une conférence de presse le 23 octobre dernier dans les locaux de l’agence principale de la BCEAO à Ouagadougou.

L’opération de démonétisation en cours, les problèmes causés par les billets de série A, la situation en Côte d’Ivoire, sa candidature à la présidence... ont été les sujets évoqués.

"Un principe de précaution !" Derrière cette expression se dresse toute la philosophie explicative de l’opération de démonétisation en cours. C’est une révélation faite par le gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), M. Charles Konan Banny. C’était le 23 octobre dernier au cours d’une conférence de presse à l’agence principale de la BCEAO à Ouagadougou. "Le principe de précaution a précisé le gouverneur est le nouveau nom de ce qu’on appelle la prudence". Pour ce cas de figure, la prise de précaution se fait par rapport à "deux phénomènes" : le faux monnayage et les différents casses des agences de la BCEAO en Côte d’Ivoire.

Pour le premier phénomène, le gouverneur a laissé entendre que la coupure de dix mille francs CFA de la gamme 1992 a fait l’objet d’attaque. Il s’agit, a-t-il souligné, d’une "opération de faux monnayage à caractère très dangereux", perpétrée par des "professionnels". "C’est une filière européenne avec des ramifications en Turquie et au Liban". Dans cette affaire, "l’enquête judiciaire est bouclée", a annoncé Charles Konan Banny : "On attend le procès". La présente opération de démonétisation se veut également une réaction de la Banque centrale suite aux différents casses de ses agences en Côte d’Ivoire.

A ce propos, le gouverneur a fait observer que la plupart des billets emportés sont de série A. L’objectif, c’est de faire en sorte que les personnes impliquées dans cette affaire ne puissent pas jouir impunément de leur "butin". Charles Konan Banny, sur ce sujet a eu un air très sérieux : "Il ne faut pas sous-estimer cette affaire (...) "ce sont des milliards qui ont été emportés (...) c’est nous tous qui allons payer (...) "c’est une affaire de criminalité financière" (...). "Il y a de gros dossiers sur cette affaire".

"Sécuriser, protéger"

Le refus des billets de "série A" a provoqué à un moment donné une véritable psychose au Burkina Faso. Les détenteurs des billets de cette série ne savaient plus que faire avec. Là-dessus, Charles Konan Banny a dit être sensible aux préoccupations des populations. "Je suis venue pour qu’on informe les populations". En guise d’information, le gouverneur a invité les détenteurs de billets de "série A" à recourir à la BCEAO. "Il n’y a pas de mesure transitoire". Cela répond aux besoins de l’enquête, mais surtout a l’objectif de ne pas permettre le blanchiment des sommes volées.

A la date du 23 octobre dernier, "60% des billets de la gamme 1992 ont été déjà retirés". Cela représente environ 600 milliards de FCFA. A cette cadence, il se peut que d’ici au 15 décembre prochain, la plus grande majorité des billets soit retirée. Il n’y a donc pas de raison de penser que le délai soit prolongé ou repoussé. Parlant de la situation en Côte d’Ivoire, M. Banny a eu des propos apaisants : "Il faut que la décente aux enfers s’arrête (...). Il faut que le pays se réunifie, que les armes se taisent, que la haine s’envole...".

Dans l’espace UEMOA, les économies sont solidaires et complémentaires. Une grave crise dans un des Etats a donc forcément des répercussions sur les autres. Mais que fait le gouverneur pour que l’économie ivoirienne retrouve toute sa splendeur perdue ? : "Je participe à ma manière en gérant bien la BCEAO. Nous faisons en sorte de permettre à nos hommes politiques d’être tranquilles et de se consacrer avec plus de facilité à la gestion des Etats", a-t-il ajouté en substance.

C’est conformément à cet esprit que les travaux portant réforme de l’Union monétaire ouest africaine (UMOA) et de la BCEAO ont été entrepris sous l’instigation du gouverneur. "Le Comité présidé par un français a fait un bon travail", souligne-t-il. L’objectif à terme, c’est que la BCEAO rayonne encore plus, qu’elle soit une "Banque centrale mythe" encore plus moderne et efficace. "Il faut prouver au monde que les Africains peuvent être mieux que ce qu’on pense". La prochaine élection présidentielle en Côte d’Ivoire est pour 2005.

Mais malgré l’insistance des journalistes, le gouverneur n’a pas été clair sur ses ambitions présidentielles dans son pays. Il a rappelé que la BCEAO est un modèle de réussite en Afrique. C’est une institution citée chaque fois en exemple. "Alors quoi de plus normal que ceux qui ont œuvré à ce que la Banque centrale soit ce qu’elle est aujourd’hui participent à la construction de leur pays respectifs ?", s’est-il interrogé. Et d’ajouter : "Je ne suis pas un pouvoiriste. Je suis un missionnaire". Et puis : "ceux qui pensent que je peux être candidat, ont-ils si tort ?" Malgré ces multiples questionnements, Charles Konan Banny reste pourtant convaincu d’une chose : "Dieu est maître du temps". Mais moi dit-il "Je veux être maître de mon calendrier". "Il faut toujours donner du temps au temps". "Je n’exclue rien, je ne m’interdis rien".

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA (rabankhi@yahoo.fr)

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