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AU COIN DU PALAIS : Un an ferme pour un maïeuticien avorteur

Publié le mercredi 11 avril 2012 à 02h40min

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Après avoir écopé d’un an de prison avec sursis en 2003 pour les mêmes faits d’avortement, Placide Kambou, maïeuticien d’Etat en service à Bobo-Dioulasso, ne semble pas avoir retenu la leçon. Le 18 janvier 2011, une fille et sa camarade se présentaient chez lui à domicile pour un avortement. Cette dernière qui devait se marier prétendait que la grossesse qu’elle portait n’était pas de son futur mari et qu’elle voulait s’en débarrasser. Selon Placide Kambou, en arrivant chez lui, elle saignait déjà et lui-même n’a fait qu’enlever l’œuf pour sauver la vie de la fille contre 8 000 F CFA, parce que l’avortement était déjà consommé.

« Je ne fais pas d’avortement. Je termine ce que les autres ont commencé », a-t-il dit, expliquant que cette grossesse a été coulée par un agent de santé d’un CSPS de la place qui lui aurait fait une injection et donné des comprimés qu’elle a avalés. Le 2 février 2012, la gendarmerie de Ouagadougou informait par message la brigade des stupéfiants de Bobo-Dioulasso que Placide Kambou effectuait des avortements clandestins chez lui-même à domicile. Le lendemain 3 février, les agents enquêteurs lui tendaient un piège. Une fille appela Kambou pour lui dire qu’elle était enceinte et qu’elle voulait avorter avec les résultats d’une échographie d’une autre femme en main. Celui-ci lui proposa de faire la basse besogne, moyennant 30 000 F CFA dont 20 000 pour la location du matériel et l’achat des produits.

Une fois chez lui, il introduisit la femme dans sa salle de consultation l’étala pour effectuer l’avortement, et c’est là qu’il a été pris en flagrant délit par les agents enquêteurs. Chez lui, une impressionnante quantité de matériels a été saisie. Devant les juges du Tribunal de grande instance (TGI) de Bobo-Dioulasso, le mardi 10 avril 2012, Placide Kambou comparaissait donc pour avortement et tentative d’avortement. En sa compagnie, un autre collègue qui lui avait prêté du matériel. Ce dernier répondait des faits de complicité d’avortement. Sur toute la ligne, Placide Kambou, marié et père de trois enfants, a nié les deux chefs d’accusation à son encontre, même s’il a reconnu n’être pas habilité à faire le travail à domicile. Dans son réquisitoire, le procureur estime que le fait d’effectuer des consultations à domicile est en soit une culpabilité, puisqu’il est un agent de la Fonction publique. Au-delà, a-t-il dit, l’extraction de l’œuf est purement et simplement un avortement, parce que si la vie de la fille était en danger, il aurait dû le faire à l’hôpital et non à la maison.

Et comme c’est à domicile, le sieur Kambou tombe sous le coup de la loi. Quant à la tentative d’avortement, il serait également établi parce que, n’eût été l’intervention des agents enquêteurs, Placide Kambou aurait procédé à l’avortement de la seconde fille qui, réellement, n’était pas enceinte. Il a donc requis de le maintenir dans les liens des deux préventions et de le condamner à 24 mois de prison assortis de sursis conformément au Code pénal. Quant à son collègue qui a prêté son matériel, il dit n’avoir pas su que c’était pour un avortement. Ce dernier aurait réclamé à plusieurs reprises son matériel, mais sans suite. Le procureur a requis de le relaxer au profit du doute, même s’il a reçu 5 000 F de la part de Kambou. Après une dizaine de minutes de concertation, le Tribunal a eu la main plus lourde. Tout en déclarant coupable Placide Kambou des faits d’avortement et de tentative d’avortement, il l’a condamné à 12 mois de prison ferme et à payer 300 000 F CFA. Son collègue qui a également été déclaré coupable de complicité d’avortement a écopé de 12 mois de prison et 300 000 F, le tout assorti de sursis.

Jean-Marie TOE

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 12 avril 2012 à 04:40 En réponse à : AU COIN DU PALAIS : Un an ferme pour un maïeuticien avorteur

    Je suis contre l’avortement, mais je respecte le choix de ces femmes et hommes qui recourent a la pratique.Certaines le font parce qu’ils ne sont pas a mesure de s’occuper d’un bebe. D’autres parce qu’elles ont ete victimes de viols ou dans une relation abusive.Un enfant, c’est une benediction pour moi, mais je comprends qu’il peut etre l’enfers pour autrui. Si l’avortement etait legal et accessible dans les lieux sanitaires, certainement que ces pratiques clandestines diminueront ou disparaitrait. Et ainsi, l’operation serait faite dans un espace plus sain.Biensure il ya des gens qui le font et le feront tout simplement par manque de responsabilite vis a vis de leurs partenaires mais aussi de la societe n’empeche que pleins de parents perdent leurs filles a l’avortement clandestin. Deplorable.

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