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Médiation burkinabè au Mali : Aux allures de réhabilitation diplomatique

Publié le mercredi 11 avril 2012 à 02h58min

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Encore des lauriers pour le "Docteur Honoris causa" de la médiation sous-régionale, Blaise Compaoré, qui a réussi le tour de force de ramener la légalité républicaine au Mali.En effet, en ce vendredi saint 2012, l’envoyé spécial au Mali du médiateur attitré de la CEDEAO, Djibril Bassolet, ayant à ses côtés le chef de la junte, le capitaine Amadou Haya Sanogo, apprenait au monde entier que la parenthèse du pronunciamiento du 22 mars 2012 se fermait avec la mise en branle de la constitution, qui stipule que c’est le président de l’Assemblée nationale qui assurera l’intérim au Palais de Koulouba, flanqué d’un puissant Premier ministre jusqu’à l’organisation de la présidentielle.

Incontestablement, c’est un satisfecit et pour l’ego du président du Faso, et pour la diplomatie burkinabè ; d’autant plus que lors du mini-sommet sur le Mali tenu le 2 avril dernier à Dakar, en marge de l’investiture du nouveau président sénégalais, Macky Sall, tout le monde n’était pas sur le même tempo que le médiateur burkinabè. Pour tout dire, Blaise Compaoré était minoritaire dans sa position, que ses pairs trouvaient par trop timorée face aux putschistes.

Le fait qu’il ait pu résoudre l’imbroglio malien prouve qu’au travers ses médiations, le n°1 burkinabè a acquis de nombreux "détails" que d’aucuns appellent expertise qui font qu’il parvient souvent à rapprocher des positions jugées inconciliables :

- au Togo il est arrivé à faire asseoir autour d’une même table deux fils de président du pays qui se vouaient une haine mortelle héritée de leur géniteur.

In fine un accord politique a été paraphé à Ouaga et signé à Lomé le 20 août 2006, où Blaise fut l’objet d’un standing ovation ;

- en Côte d’Ivoire, l’Accord politique global (APG) du 4 mars 2007 est la matrice qui a permis à ce pays d’émerger de la crise vieille de 10 ans. Son artisan est bien le chef de l’Etat burkinabè ;

- en Guinée-Conakry, après 52 années de régimes autoritaires et d’exception, un président a été démocratiquement élu grâce à la thérapie administrée par le docteur ès crises burkinabè à ce grand malade politique qu’était la Guinée ;

- enfin, le cas malien vient s’ajouter à cette série de négociations réussies.

Cela dit, on ne peut s’empêcher de penser que cette énième prouesse de la médiation burkinabè est une réhabilitation de notre diplomatie.

Déjà dans les années 90, celle-ci était taxée de guerrière, et certains ont même parlé méchamment de "diplomatie de rapines", allusion au Liberia, où le Burkina était embourbé jusqu’à l’os, ce qui lui avait valu des rapports orageux avec Washington.

Même concernant la Côte d’Ivoire, d’aucuns ont accusé Blaise d’avoir allumé le feu avant de participer à son extinction.

Ce succès malien sonne donc comme une réhabilitation de notre diplomatie, et c’est cette image que les Burkinabè aimeraient sans doute voir plutôt que cette étiquette de belliqueuse qui lui collait à la peau comme un sceau d’infamie.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 11 avril 2012 à 08:19, par MS En réponse à : Médiation burkinabè au Mali : Aux allures de réhabilitation diplomatique

    Dieudonne, ce que le peuple veut, c’est qu’au Burkina le peuple soit réconcilié. Tout ce que tu as cité comme prouesse n’en est pas vraiment une puisque c’est juste du "vernissage". Reconnaissons tout de même que pour le cas du Mali, Blaise n’est pas à l’origine de cette démocratie formelle qui ne pouvait que déboucher sur un coup d’état.

  • Le 11 avril 2012 à 09:44, par BATIEBO En réponse à : Médiation burkinabè au Mali : Aux allures de réhabilitation diplomatique

    bonjour à tous. félicitation et encouragements au président du Faso et son ministre Bassolet.
    Félicitation aussi au capitaine Sanogo et à ATT pour leur PATRIOTISME.

  • Le 11 avril 2012 à 10:00, par GO En réponse à : Médiation burkinabè au Mali : Aux allures de réhabilitation diplomatique

    Je ne suis pas d’accord avec cette manière de faire.
    Je crois qu’on doit faire attention avec l’amnistie. Si on continue comme ça, il aura toujours des gens qui viendront causer le désordre, profiter et demander l’amnistie.
    ça sera la seconde mode pour s’échapper à la justice.
    Et tout cela, c’est l’Afrique qui ne va toujours pas avancer.
    Ce coup d’état au Mali est condamnable, et il fallait se donner les moyens de le condamner.
    Au Burkina, on parle aussi d’amnistie car pour les gens, c’est de voir donner du courage au président de quitter le pouvoir en 2015. Ils ne savent pas que la même chose risque de les arriver et aussi demander l’amnistie.
    Je trouve qu’il faut se décider de vraiment avancer.

    • Le 11 avril 2012 à 16:57, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Médiation burkinabè au Mali : Aux allures de réhabilitation diplomatique

      - GO, je te corrige. Les artificiers n’ont pas demandé d’amnistier M. Blaise seul, mais tous les présidents qui ont passé à la tête de ce pays.

      Seulement, parmi ces Président,

      - 3 sont décédé et n’ont plus besoin d’amnistie,
      - 1 est Médecin dans sa clinique, et circule librement dans Ouaga sans être inquiété par qui que ce soit. On ne lui reproche rien ;
      - 1 est Pasteur protestant et s’occupe de son Eglise situé à quelque part vers la circulaire. Personne ne le dérange outre mesure car il n’y a rien à dire sur sa tête.

      Bref.....! Les artificiers doivent revoir leur copie car on voit leurs dos à la nage.

      Il faut être direct et précis au lieu de ruser, et ce n’est pas interdit. Le burkinabè sait pardonner !

      Par Kôrô Yamyélé

  • Le 11 avril 2012 à 10:37, par ZAKIS En réponse à : Médiation burkinabè au Mali : Aux allures de réhabilitation diplomatique

    hummmm !!! atalakou va tuer. mais il faut quand même le reconnaitre, il merite nos ovations et tant mieux pour le Mali et la sous region.pour une fois au moins on a vu notre CEDEAO animée d’une seule voix. si nous continuons sur cette lancée on sera puissant et les occidentaux ne pouront pas nous dicter lesur attitude. vive la paix.encore bravo au Blaiso

    • Le 11 avril 2012 à 15:08, par Gomsida 1er En réponse à : Médiation burkinabè au Mali : Aux allures de réhabilitation diplomatique

      je suis d’accord que cette médiation réussie est à saluer à sa juste valeur. par contre elle doit pas utilisée comme un indicateur de la bonne gouvernance au faso. il est également temps pour le PF de tenter la reconcilliation entre les burkinabé qui sont divisés depuis des années sur des questions telles que les dossiers Zongo et Sankara. il faut que nous arrivons a faire la lumière sur ces dossiers, ensuite nous pardonner, et enfin classer ces dossiers dans le passé. tout juste mon point de vu.

    • Le 11 avril 2012 à 21:15 En réponse à : Médiation burkinabè au Mali : Aux allures de réhabilitation diplomatique

      De n’importe quoi pour un pays qui veut avancer

  • Le 11 avril 2012 à 14:23, par Integrité En réponse à : Médiation burkinabè au Mali : Aux allures de réhabilitation diplomatique

    Encore un laurier pour le PF ! Ca donne une bonne cote au BF !
    Félicitation à tous ceux qui ont contribué à l’obtention de cette victoire !!!

  • Le 11 avril 2012 à 15:18 En réponse à : Médiation burkinabè au Mali : Aux allures de réhabilitation diplomatique

    Je ne partage pas du tout le point de vue de ceux qui pensent que la médiation a réussi à faire rétablir l’ordre constitutionnel au Mali .
    1. Avant avoir organisé la "démission" de ATT, on passe la main au président de l’Assemblé Nationale qui, en réalité, n’aura pas toutes les cartes en main. Le pays sera en réalité géré par un "Premier Ministre aux pleins pouvoirs ". Ils y a fort à parier que ce PM soit un homme adoubé ou désigné par les putschistes. Dans ce cas ,ils reprendraient d’une main ce qu’ils on donné par l’autre.

    2.Comment peut on expliquer qu’après avoir signé l’accord avec la CEDEAO rétablissant l’ordre constitutionnel, le Capitaine SANOGO procède t-il à des nominations au sein de l’armée. A quel titre agit-il et dans quel dessein ?

    3.Qu’adviendra t-il après l’expiration délai constitutionnel fixé pour la durée de la transition.
    Quid de l’avenir et du rôle du CNRD ?Au fait pourquoi n’est-il pas encore dissout ?

    Toutes ces questions laissent planer un doute sur la volonté de la junte à quitter le pouvoir. Cela ne contribue pas à clarifier la situation politique au MALI.

    rabaziz

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