LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Koudougou Gabriel Ilboudo, Président de l’Union Nationale des Coopératives d’électricité du Burkina :« Le programme d’électrification rurale connaît un succès certain »

Publié le mardi 10 avril 2012 à 01h56min

PARTAGER :                          

Le programme d’électrification rurale est une promesse de campagne du président Blaise Compaoré. Sa mise en œuvre demande l’implication de plusieurs acteurs dont les coopératives d’électricité (Coopel). Le but final du programme est de travailler pour faire reculer l’obscurité dans les zones rurales. L’Union nationale des coopératives d’électricité du Burkina (UNCOOPEL) est présidée depuis 2009 par M. Koudougou Gabriel Ilboudo. A la tête d’un bureau de neuf (9) membres, c’est eux qui ont la destinée des soixante-sept (67) Coopels. Lui et ses collaborateurs essaient tant bien que mal, d’accomplir leur mission avec une pleine mesure des défis et de l’immensité de la tâche. Nous l’avons rencontré, il nous parle de la structure et des défis. Lisez plutôt !

A quel niveau peut-on situer la contribution de l’Uncoopel au Programme d’électrification rurale mise en œuvre depuis 2005 au Burkina Faso ?

K.G.I. : Notre union compte aujourd’hui soixante sept (67) coopératives d’électricité (Coopel) qui ont en charge la gestion technique et clientèle de plus de 14 250 ménages. Elle est un partenaire privilégié du FDE qui est le bras technique et financier du gouvernement dans la mise en œuvre du Programme. Les Coopels constituent de réels interfaces entre les bénéficiaires et ce second segment de la politique nationale d’électrification. Ce sont de véritables sociétés d’électricité locales qui s’occupent de la production, de la distribution et de la facturation. Elles sont essentielles à la réussite des opérations d’électrification et il n’y a pas une seule de leurs initiatives qui échappe au Fonds.

L’Uncoopel agit dans sa dynamique car ses membres en sont l’émanation. Notre contribution se situe à cheval entre le boulot de la Sonabel et celui du FDE, les deux figures de proue de la mise en œuvre de la Politique nationale d’électrification. Elles ont choisi d’œuvrer en parfaite complémentarité et nous ne pouvons être en reste. A quelques degrés près, leurs missions sont aussi les miennes. A chaque fois qu’une session est organisée, nous invitons ces entités spécialisées à partager leurs expériences dans une perspective d’un meilleur partenariat pour des résultats communs. Cet appel a toujours été entendu. Etant donné que nous nous attelons à impliquer les populations dans le processus et à obtenir leur adhésion aux activités liées aux opérations d’éclairage.

Nous ne cessons de plaider notre cause en vue d’atteindre une bonne gestion de l’électricité. D’ores et déjà, l’électrification des trente-cent deux (302) localités ne sera un chantier aisé que s’il existe une collaboration franche entre les différentes structures impliquées. Mieux vaut prendre le temps en analysant les compteurs financiers avec les partenaires. Ce n’est pas un secret que FDE éprouve actuellement des difficultés sur le terrain à cause du nombre élevé des localités qui frappent à sa porte.

L.O : Quels sont les acquis arrachés par l’organisation faîtière depuis que les Coopels existent avec le début de la mise en œuvre de l’électrification rurale décentralisée ?

K.G.I. : Nos doléances ont toujours reçu une oreille attentive auprès de nos partenaires. L’Union bénéficie constamment d’un meilleur accompagnement du FDE qui consacre même annuellement trente (30) millions F CFA à son fonctionnement. La résolution de nos préoccupations s’effectue constamment dans un cadre d’écoute et de respect mutuels pour concilier les vues et mieux avancer. Sous l’égide du Fonds, l’Uncoopel a déjà engrangé les acquis suivants de ses concertations avec l’Etat : la formation de ses membres sur les notions de base de l’électrification et de la gestion coopérative, la subvention de 80% accordée par l’Etat du prix de gasoil au profit des Coopels utilisant des moteurs Diesel, la suppression de la TVA sur les achats d’électricité auprès de la Sonabel pour les membres raccordés à son réseau, la suppression de la TVA sur les factures des fermiers, l’uniformisation des tarifs pratiqués par les Coopels sur l’ensemble du territoire national.

D’autres défis demeurent certes mais ils vont certainement être résolus avec la détermination commune de toutes les parties prenantes. En toute responsabilité, notre union joue sa partition pour l’atteinte du taux de couverture de 60% à l’horizon 2015. Elle espère seulement que l’ensemble des actions autour de l’électrification rurale continue dans cette synergie, cette harmonie et cette symbiose. Il est indéniable que l’électrification rurale est devenue un processus irréversible au Burkina Faso. Toutes les localités y accourent. Le nombre d’abonnés ne cesse de s’accroître dans les zones éclairées. Des réflexions sont menées pour d’éventuelles extensions. Des nouveaux investissements s’imposent pour accroître les capacités actuelles ou pour entreprendre d’autres chantiers. Le programme connaît un succès certain. L’avenir s’annonce radieux et il faut savoir l’envisager avec beaucoup de tact.

Il y a des problèmes d’arriérés de règlement des factures des services publics dont de nombreuses Coopel semblent souffrir. Comment vous comptez résoudre ces problèmes ?

K.G.I. : En tant que sociétés coopératives, les Coopels sont soumis à une obligation de résultat. Ce souci passe par une recherche d’adéquation entre les recettes et les charges. Le recouvrement est donc un pan indispensable de cet équilibre. D’où la maîtrise parfaite des abonnements, qu’ils soient privés ou publics. Car certaines coopératives ont franchi la barre de cinq cents (500) membres et d’autres plus de mille (1 000). Des difficultés sont apparues dans le recouvrement des factures, particulièrement pour ce qui concerne les services déconcentrés de l’Etat.

L’énormité des impayés a failli étouffer l’activité de certaines Coopels. Grâce au concours du FDE, notre cri a été entendu par les plus hautes autorités. Le gouvernement a promis ; il a tenu parole. La question des arriérés s’est résolue dans la sérénité. L’Etat a pris la mesure de cet impact négatif sur les activités des Coopel et s’est engagé à apporter une réponse appropriée. Dès la fin du mois février, notre doléance a trouvé satisfaction. Le ministère des finances et le FDE se sont accordés pour effectuer des missions de prospection afin de toucher la réalité du doigt. A l’issue de cette tournée, le ministre a donné l’ordre de verser les arriérés dus aux Coopel concernés. A l’époque, les impayés s’élevaient à environ soixante dix (70) millions F CFA.

Le ministère s’est donné le temps de vérifier les structures publiques qui ont droit à un branchement et celles qui ne peuvent pas en bénéficier de la part du budget de l’Etat. Cette fouille a été menée de concert avec l’Uncoopel et les choses sont en train de rentrer dans l’ordre. C’est un ouf de soulagement pour certaines coopératives qui en ont tant souffert. Elles pourront reprendre convenablement leurs activités.

Le cas spécifique de Batié dans le Sud-Ouest est patent et ne cesse de défrayer la chronique. Quels enseignements tirez-vous de ce cas ?
K.G.I. : Quand le problème de Batié s’est posé, l’Union y a dépêché une mission de concert avec le FDE. Nos émissaires ont pris part à l’assemblée générale dont les voies et les moyens étaient en cours pour les recommandations. Que les membres de la Coopel locale écrivent à la dernière minute pour signifier que « dorénavant, Sonabel ou rien parce que Batié est un chef-lieu de province », c’est vraiment difficile de comprendre les vrais dessous de leurs revendications. Car à part ce cas isolé, d’autres chefs-lieux de province tels Ouargaye, Sapouy, Solenzo sont encore sous la coupe des Coopel. Les sociétés coopératives ressemblent pour le moment aux centrales de la Sonabel à leur début c’est-à-dire moins de 24 heures de fourniture d’électricité par jour.

Nous avons à cœur de pouvoir établir, un jour, un équilibre entre l’offre et la demande. Telle est l’ambition de notre union. Il faut arriver à adapter les équipements dont l’acquisition initiale s’appuie sur une étude de faisabilité qui n’est plus d’actualité. Cela demande des investissements supplémentaires et requiert de la patience. S’il y a un idéal poursuivi par l’union, c’est d’œuvrer à une énergie électrique en abondance et en permanence partout dans les zones rurales. Mais hélas ! A l’impossible, nul n’est tenu.

Quel message particulier à l’endroit des parties prenantes au processus ?

K.G.I. : C’est convaincant de constater que l’électrification rurale est irréversiblement lancé au Burkina Faso. Le programme suscite un réel espoir pour les populations rurales qui voient leurs attentes se combler au fil de sa mise en œuvre. Ce qui les préoccupe actuellement, c’est l’accès à une source d’énergie permanente, disponible et abondante pour pouvoir réaliser le progrès socio-économique. Que cette électricité soit portée par du poteau-fer ou par du poteau-bois importe peu. C’est un faux débat qui prend souvent appui sur des manipulations en vue de détourner les bénéficiaires de leurs besoins réels de développement. Il n’y a pas un courant de la Sonabel d’un côté et celui du FDE de l’autre. Les populations viennent de le comprendre. Ces deux structures travaillent ensemble pour l’Etat.

L’engouement autour de l’électrification rurale est maintenant tel que les chantiers s’avèrent très nombreux sur le territoire national. Les moyens font énormément défaut. Notre souci de participer activement à la réussite de l’opération peut être entravé par l’insuffisance des ressources. En tant que président de l’organisation faîtière, c’est d’adresser un plaidoyer aux partenaires au développement afin qu’ils multiplient leurs soutiens à l’endroit des Coopels et de l’Union. A lui seul, le FDE risque un jour de s’essouffler, sous le poids de nos doléances.

La Banque mondiale tente d’apporter son concours à sa manière. D’autres institutions ont aussi promis de mettre la main à la pâte. C’est le lieu de leur demander de hâter le pas s’il leur tient vraiment à cœur le gain de la bataille contre l’obscurité dans un proche avenir au Burkina Faso. En ce qui concerne l’union, elle met l’accent sur la sensibilisation des populations afin qu’elles comprennent, une fois pour toute, qu’il n’y a aucune différence entre la Sonabel et le FDE. Ce sont des maillons d’une même ambition gouvernementale.

Frédéric ILBOUDO

L’opinion

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 10 avril 2012 à 14:34, par Le Visionnaire En réponse à : Koudougou Gabriel Ilboudo, Président de l’Union Nationale des Coopératives d’électricité du Burkina :« Le programme d’électrification rurale connaît un succès certain »

    Tant mieux si les populations ont enfin compris les efforts consentis par le FDE pour éclairer les zones rurales. Pour qui connaît son premier responsable depuis le ministère du Commerce, c’est l’une des rares femmes de conviction et de dossiers qui doit son ascension par ses seules compétences. Avec son équipe, elle a abattu un grand boulot pour asseoir cette structure qui donne satisfaction au-delà des frontières burkinabè. Il faut seulement y croire et lui donner les coudées franches.

  • Le 11 avril 2012 à 15:04, par Un bénéficiaire de l’opération En réponse à : Koudougou Gabriel Ilboudo, Président de l’Union Nationale des Coopératives d’électricité du Burkina :« Le programme d’électrification rurale connaît un succès certain »

    Des leaders d’opinion tels M. Ilboudo, on en a besoin pour booster le développement. Voilà un homme qui se consacre à sa mission en apportant son appui aux autorités au lieu de leur opposer un bras de fer. Mme Bado est tellement professionnelle et humaine qu’il faut être vraiment insensé pour ne pas s’apercevoir de son dynamisme et de sa personnalité à réussir de tels projets. Les Burkinabè doivent comprendre que lorsqu’on parle le même langage dans la conduite d’une oeuvre, on arrive à surmonter les épreuves et à réussir les tâches. Que les financements se multiplient et que le Burkina Faso s’éclaire davantage. Courage à vous metteurs en oeuvre et bénéficiaires.

  • Le 12 avril 2012 à 22:32, par Un maire de l’opposition En réponse à : Koudougou Gabriel Ilboudo, Président de l’Union Nationale des Coopératives d’électricité du Burkina :« Le programme d’électrification rurale connaît un succès certain »

    Le forumiste précédent a bien dit. Des localités telles Bama doivent aujourd’hui leur réelle croissance à cette oeuvre du FDE et de la COOPEL. Cette commune rurale a aujourd’hui plus de mille abonnés et les activités marchent pour le bonheur de la population et de la mairie. C’est énorme comme retombées socio-économiques que dans certaines villes ou chefs-lieux de provinces qui ont longtemps bénéficié d’une attention particulière. Pour peu que les Burkinabè réfléchissent sur les opportunités de développement, pour peu que chacun joue sa partition comme M. Ilboudo, tout ira pour le mieux dans nos collectivités. L’Etat ne peut pas tout faire et la trouvaille du FDE qui est d’établir un partenariat responsable avec les populations sur le plan de l’électricité est salutaire. C’est unique sur le continent. Il faut soutenir les initiatives du Fonds qui abat du bon boulot et responsabiliser davantage les bénéficiaires. Le progrès demande la participation de tous

  • Le 14 avril 2012 à 21:04, par Le Sage En réponse à : Koudougou Gabriel Ilboudo, Président de l’Union Nationale des Coopératives d’électricité du Burkina :« Le programme d’électrification rurale connaît un succès certain »

    Décidément, les Burkinabè veulent une chose et son contraire. La démocratie ne veut pas dire la pagaille. Voilà une localité qui a sué pour avoir un brin de lumière. Au lieu de s’en contenter et espérer que cela s’améliore, non ! Ses habitants se transforment en va-t-en guerre pour exiger le tout ou rien. Et voilà le recul en arrière. Combien de localité ont évolué par tranche de service d’électricité avant d’en bénéficier en permanence ? Les investissements suivent une logique et il faut savoir raison gardée quand on revendique pour se contenter du peu et maintenir la pression pour reclamer gros sans détruire ce qui existe. Le cas de Batié est écoeurant. Habitué aux ampoules, des abonnés sont revenus à la lampe à cause d’une manifestation mal guidée

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)