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SITE D’ORPAILLAGE DE CFA DJIBONDI : Une mafia digne du far west

Publié le jeudi 5 avril 2012 à 00h56min

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Située dans la province du Yagha, CFA Djibondi est une mine artisanale exploitée par El hadj Seydou Kindo, un opérateur économique bien connu dans la région de l’Est. Ce dernier règnerait en maître absolu sur ce site. Il emprisonnerait et torturerait des personnes qu’il juge coupables, et ce avec l’aide des policiers. Le vieux Issa Hoide, âgé de 70 ans, et Boubacar Hama, réparateur de postes radio, ont été de ceux-là qui ont subi les foudres de Seydou Kindo. Et c’est en désespoir de cause qu’ils se sont rendus à notre rédaction, le lundi 2 avril 2012, pour exposer leurs misères.

« J’ai tout vendu jusqu’aux vivres pour pouvoir m’acquitter de la somme de 2 675 000 F CFA pour libérer mes 12 enfants enfermés par Seydou Kindo sur le site de CFA Djibondi. J’ai tapé à toutes les portes, mais je n’ai pas eu gain de cause auprès des autorités de la région ; donc j’ai décidé de me confier à la presse ». C’est avec un air désespéré que Issa Hoide, paysan de 70 ans habitant le village de Daroul Khairi dans le département de Mansila, raconte la mésaventure vécue par lui et ses enfants. Les faits se sont déroulés en 2011 sur le site minier de CFA Djibondi, dans le village du même nom situé dans la province du Yagha, une mine d’or dans laquelle travaillaient les 13 enfants de Issa Hoide.

Ce site est exploité par El Hadj Seydou Kindo qui y a installé un comptoir pour l’achat de l’or et avec l’aide des agents de police. M. Kindo se fait justice lorsqu’il soupçonne des ouvriers de trafic d’or. Et ce, sous le regard indifférent des services de police et de gendarmerie de la localité. Issa Hoide dit avoir tout perdu suite à une détention arbitraire de ses enfants par les policiers de Seydou Kindo.

Les faits

C’est suite au décès d’Issouf Hassim, le fils d’un proche d’Issa Hoide, du fait de l’effondrement d’un puits, que l’aîné des 13 du nom de Amidou Hama, a été convoqué comme témoin par les hommes de Seydou Kindo pour répondre du décès de Issouf Hassim. Précisons que la victime et le groupe des 12 travaillent dans des puits différents. Par crainte de subir des actes de tortures comme en ont subi d’autres avant lui, Amidou Hama a pris la fuite dans la nuit, coupant tout contact avec sa famille. Informé le lendemain, Seydou Kindo fait venir les 12 autres qu’il interrogea sur une quantité d’or qu’aurait cachée l’aîné en fuite. Parce que, pour Seydou Kindo, s’il a pris la fuite, c’est qu’il cache une quantité d’or. Surpris, ils disent n’avoir pas connaissance d’une quelconque quantité d’or cachée puisque l’or est extrait et vendu sur le site sous le regard vigilant de la police. A cet effet, l’extraction est soumise à des règles strictes établies par l’exploitant dudit site.

Creusées, les roches contenant des résidus d’or sont sous escorte policière jusqu’au comptoir pour la pesée. Une fois pesée, la quantité est consignée dans un cahier et le prix ne sera payé qu’après une enquête pour s’assurer qu’une quantité n’a pas été vendue à d’autres exploitants. Face à la surprise générale des 12 frères, il les a fait enfermer dans une cellule située sur le site, emprisonnement assorti d’une amende de 4 millions de F CFA. La somme sera revue à la baisse, à 2 675 000 F CFA. Et c’est au prix de mille efforts que le vieillard a pu réunir cette somme après avoir vendu bêtes, vivres et contracter des prêts.

Un site à problèmes

L’autre victime des mêmes sévices est Boubacar Hama, réparateur de postes radio. Il a les doigts de la main gauche handicapés suite aux actes de tortures dans la cellule du même site. Les faits le concernant remontent à 2009. Tout commence lorsque Hama décide de s’installer sur le site en construisant un hangar pour, dit-il, y exercer son métier. Mais le hangar est détruit sous les ordres de la police installée sur le site, qui dit n’avoir pas été informée de son installation. Quelques jours après, il se rend sur le site pour y acheter des sacs vides pour stocker des vivres. Suite à son passage sur le site, Hama reçoit une convocation de Seydou Kindo. Convocation à laquelle il refuse de répondre, disant n’avoir pas de liens avec ce dernier. Deux jours après la réception de la convocation, il reçoit nuitamment les visites des agents de police qui l’embarquent jusqu’au site où il sera accusé de trafic d’or et enfermé pour le même motif.

Il sera ensuite torturé pour, dit-il, l’obliger à avouer ce dont il est accusé. Faute de preuves, Hama sera libéré contre la somme de 1 million de F CFA. A la question de savoir pourquoi il devait payer une amende, l’un des policiers lui aurait répondu en ces termes :« Personne ne sort de cette prison sans payer de l’argent ». Ladite somme a été réunie par la famille de la victime. Mais c’est un Hama invalide qui rejoint son domicile, désormais incapable d’exercer ses activités. Ces plaignants disent ne pas comprendre la passivité des autorités politiques et militaires de la localité, qui, disent-ils, semblent être en complicité avec Seydou Kindo. Selon les plaignants, ce dernier se comporterait en véritable shérif comme dans un film « Western », règnant en maître incontesté sur un territoire acquis à sa cause. Face à cette situation, ils supplient le gouvernement de prendre des mesures pour mettre fin aux dérives constatées sur le site de CFA Djibondi.

Célestin DABIRE (Stagiaire)

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 5 avril 2012 à 10:05, par FAITPAR En réponse à : SITE D’ORPAILLAGE DE CFA DJIBONDI : Une mafia digne du far west

    Encore vous nos braves policiers !!!!!!

  • Le 5 avril 2012 à 10:37, par Le Burkinabè En réponse à : SITE D’ORPAILLAGE DE CFA DJIBONDI : Une mafia digne du far west

    Il est grand temps de prendre le taureau par les cornes pour le gouvernement, car il ne saurait prétendre ignorer ou mène le laxisme ou l’impunité. C’est ce laisser faire qui nous a emené aux évènements de 2011. Un pays ou certains citoyens se donnent le droit de se rendre justice ou faire subir au plus faible leur justice ne peut qu’aller à sa perte car le jour ou le petit peuple decidera de se faire justice, Dieu seul sait comment cela finira.L’exemple de certaines entreprises minières saccagées, sont la pour nous le rappeler !
    J’espère que la justice sera la meme pour tous ! Si l’exemple a été donné avec l’affaire du mécano, cette affaire mérite aussi que la justice s’y penche afin de prévénir ce qui peut l’etre, n’attendons pas d’etre dans l’impasse pour chaque fois essayer de racommoder les morceaux cassés de notre pays, ayant une culture de la prévention des conflits.
    Courage au Gouvernement, le peuple vous soutient dans votre mission de construction d’un Burkina ou le pauvre et le riche font confiance à la justice et à leurs autorités !

  • Le 5 avril 2012 à 12:53 En réponse à : SITE D’ORPAILLAGE DE CFA DJIBONDI : Une mafia digne du far west

    Et, pourquoi ne vont-ils pas porter plainte pour aller en justice s’ils sont victimes ?

  • Le 5 avril 2012 à 13:41, par sam En réponse à : SITE D’ORPAILLAGE DE CFA DJIBONDI : Une mafia digne du far west

    Cher ami ; je suis désolé, mais comment pensez vous que cette population pourra se faire entendre à la justice de leur localité d’autant que ce sont les mêmes faiseurs de loi qui sont maîtres partout et qu’aucun dossier les concernant ne peut avoir longue vie. Si vous voulez aider cette population, interpellons les ministères concernés, sécurité, justice, action sociale, droit civique et mine. Et je vous assure que si rien n’est fait, ce sera un fait divers macabre qui va interpeller le gouvernement. Pourquoi n’a t on pas de mesures préventives dans nos méthodes de gouvernance ? encore faut il qu’il y ai émeutes , tueries, grognes avant que le gouvernement ne se déplace. Je pense que la communication doit se faire à tout les niveaux et à tout temps. Avant-pendant et après les crises, sinon une crise nous réveillera à 2h du matin. Mais il faut toujours mener des enquêtes et savoir d’avantage sur cette affaire car nous n’avons que la versions d’une partie et il est important de prendre ce problème au sérieux............Ma contribution...

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