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Autant le dire… : Les délices du Sénégal et la gangrène croissante du Mali

Publié le mercredi 4 avril 2012 à 02h29min

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L’actualité en ce moment aurait dû être agréable avec l’exploit démocratique du Sénégal. Mais les angoisses venant des bords du Djoliba semblent dissoudre l’esprit de fête que nous donnait l’élégance électorale du Sénégal. Une élection telle une finale d’une CAN qui a intéressé toutes les couches sociales.

Mais hélas, trois fois hélas ! Les chefs d’Etat n’auront point le temps d’échanger autour de cette performance africaine à l’image de l’exploit de l’Afrique pour avoir réussi l’organisation de la coupe du monde.
Pour cause, juste à côté un géant territorial convulse, s’agite et se débat pour la survie de son unité. En effet, le Mali est gravement malade, mal à son unité, mal à son histoire. Le « Maliba » de Soundjata Keita est méconnaissable, le Mali des griots est froissé dans son orgueil. Coincé entre un coup d’Etat inopportun et une rébellion aux racines lointaines et tentaculaires, le Mali étouffe et les vertiges commencent à atteindre tous les voisins.

Toute l’Afrique de l’Ouest est angoissée et se retrouve face à une crise aussi grave, sinon plus que celle qu’à connu la Côte-d’Ivoire. Pourquoi le problème est aussi délicat ? Parce que deux grandes équations sont posées à toute la communauté internationale, surtout aux pays de la sous-région, car les grandes puissances traînent les pas et sont préoccupées par d’autres thématiques comme la Syrie. Comment bouter les putschistes hors du palais de Koulouba et mettre hors d’état de nuire des rebelles aux tentacules nébuleux. Voilà que le Sénégal s’habille de sa belle camisole et le Mali de ses haillons repoussants de l’anti-démocratie.

La situation au Mali va obliger le nouveau président du Sénégal à faire son premier voyage autour de la crise malienne. Il va falloir que les décideurs de l’Afrique fassent vite car le Sahel est déjà en danger. Les réclamations des rebelles touaregs sont très corsées car nul ne pourra définir précisément les limites de l’Azawad sans toucher les voisins Nord et Ouest du Mali.

Pour mesurer la complexité du problème, il y a lieu de prendre la mesure de l’immensité du territoire malien en faisant un peu de géographie. Le territoire réclamé par les rebelles couvre les 2/3 de celui de tout le Mali qui a une superficie de 1.240.200 km2. Sachez que les pays de l’UEMOA ont une superficie cumulée de 3.509.600km2. Autres données à ne pas négliger dans l’espace régional, c’est que le Mali a 1.376 km de frontière avec l’Algérie, 2.240 km avec la Mauritanie, 1000 km avec le Burkina, 850 km avec le Niger, 555 km avec la Côte-d’Ivoire, 859 km avec la Guinée et 420 km avec le Sénégal. En prenant en compte ces données, on peut penser que si le Mali est en danger, il deviendra un kyste dangereux pour toute la sous-région.

Les rebelles menacent dangereusement si la CEDEAO tente d’intervenir pour rétablir l’ordre. La CEDEAO pourra certainement réussir contre les putschistes, mais en ce qui concerne la menace des islamistes et des Touaregs, il faudrait passer vite sur la fête du Sénégal et attraper les taureaux par les cornes.

Augustin KABORE

L’Express du Faso

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