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Elections législatives : La candidature indépendante divise les burkinabè

Publié le vendredi 30 mars 2012 à 02h49min

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Au Burkina Faso, la candidature indépendante aux élections législatives n’est pas autorisée. Depuis quelques années, des voix s’élèvent, en vain, pour réclamer son adoption. Qu’est-ce qui explique les positions des uns et des autres ?

N’est pas député au Burkina Faso qui veut. Les conditions de candidature sont définies par le code électoral. L’une d’entre elle est l’appartenance à une formation politique. Ipso facto, les candidatures indépendantes ne sont pas admises. Mais depuis quelques années, le débat sur la question anime la vie politique nationale. Les avis sur le sujet sont partagés. La problématique a même été abordée lors du Conseil consultatif sur les réformes politiques. Faute d’entente, elle a été reversée dans la liste des propositions non consensuelles. Pourquoi jusque-là, le "pays des Hommes intègres » a du mal à franchir ce cap ? ? Selon le président du groupe parlementaire Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Mahama Sawadogo, la question de la candidature indépendante relève de la vision politique du pays. Il s’est fondé sur l’article 13 de la Constitution qui stipule que la vie politique est animée par les partis politiques qui concourent à l’information et à l’éducation du peuple ainsi qu’à l’expression du suffrage…

Mais pour le président du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP), Chrysogone Zougmoré, cet article n’indique pas que la sphère politique doit être une chasse gardée des hommes politiques, parce que dans la même Constitution en son article 12, il est clairement mentionné que tous les Burkinabè sans distinction aucune ont le droit de participer à la gestion des affaires de l’Etat et de la société. A ce titre, ils sont électeurs et éligibles. Les raisons de la non-adoption de la candidature indépendante se trouvent ailleurs, selon M. Zougmoré. « Les partis politiques, toutes tendances confondues dans leur ensemble, sont contre la candidature indépendante pour la simple raison qu’ils sont menacés », précise le président du MBDHP. Ablassé Ouédraogo, président du nouveau parti. Le Faso Autrement, ne comprend pas pourquoi au niveau de l’élection présidentielle, la candidature indépendante est admise et pas dans les élections législatives. Il estime que cette attitude n’honore pas le Burkina Faso, surtout après 20 ans d’expérience démocratique.

« Si nous faisons une analyse profonde, on comprend que ceux qui ne veulent pas de la candidature indépendante sont des personnes qui s’accrochent à leur position. C’est-à-dire qu’en dehors du cadre du parti, ils ne peuvent pas se faire élire ailleurs, ils ne représentent rien. Généralement, ce sont les caciques des partis qui sont contre.

C’est simplement par égoïsme et chacun veut garder ses intérêts personnels. Sinon, il n’y a pas de justification qui fasse qu’au jour d’aujourd’hui, tous les Burkinabè ne soient pas candidats. Nous disons que cela doit changer ? », s’insurge M. Ouédraogo. Pour lui, les compétences du parlement vont s’améliorer avec la présence des indépendants en son sein. Le député CDP, Mahama Sawadogo, tout en reconnaissant la menace que constituent les candidatures indépendantes pour les partis, signale qu’autoriser la candidature indépendante « risque d’ajouter de l’anarchie à de l’anarchie. Nous avons déjà plusieurs partis politiques (plus de 160).

Certains ont même été rappelés à l’ordre parce qu’ils ne remplissent pas les normes. Si en plus de cette flopée de partis politiques il faut permettre qu’il y ait des candidatures indépendantes, la gestion des élections sera compliquée ». Du côté de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD), le principe de cette candidature n’est pas réfuté. Néanmoins, son application comporte des dangers, selon le coordonnateur national du parti, Salif Ouédraogo.

Pour lui, ceux qui se battent pour sa mise en œuvre « ont des desseins inavoués ». « Si nous permettons qu’il y ait des candidatures indépendantes et si à tout hasard les indépendants deviennent majoritaires à l’Assemblée nationale, ce qui ramène à dire que le Premier ministre sortira de ce rang. Cela répond à quelle sensibilité ? ? C’est la crainte que j’ai à mon niveau. Parce qu’il faut conduire la politique d’une nation à travers un projet de société. Seuls les partis organisés sont capables de le faire », affirme-t-il. Au-delà de toutes les considérations (politiques, juridiques et constitutionnelles), Chrysogone Zougmoré estime que l’admission de la candidature indépendante permettra de régénérer la classe politique burkinabè.

« La population est déçue de la classe politique actuelle et demande que les choses changent. Nous pensons que la meilleure manière est de faire confiance à ses Burkinabè qui sont dans les villages, dans les communautés et qui peuvent prendre en charge la destinée de leur population », affirme-t-il.

Ozias KIEMTORE (kizozias@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 30 mars 2012 à 10:54, par Youle En réponse à : Elections législatives : La candidature indépendante divise les burkinabè

    A l’heure actuelle, la candidature indépendante au niveau de toutes les élections locales pourront permettre au pays de prendre une nouvelle destinée.
    Le peuple en majorité n’a aucune confiance aux partis politiques officiels de notre pays. tous ces partis sans distinction le savent et ne veulent pas être écartés par des hommes honnêtes admirés de la population et qui ont refusé de se salir dans ces partis politiques.
    C’est ce qui m’amène à penser qu’aucun de ces partis ne veut un avenir meilleur pour notre patrie sans que cela ne passe par eux. Égoïsme pure et dur...

    • Le 30 mars 2012 à 16:40, par omar En réponse à : Elections législatives : La candidature indépendante divise les burkinabè

      Je rejoins Ablassé Ouedraogo en vérité les dinosaures de la politique, convaincus que de nouvelles têtes peuvent émerger et gagner considérablement la confiance populaire verrouillent les portes hors parti.Sinon comment comprendre que pour la magistrature suprême on puisse admettre des candidatures indépendantes et les refuser aux législatives.Le faso autrement semble avoir de l’avenir car son président est une étoile comme ailleurs l’emblème du parti,il peut éclairer le peuple comme il le fait à chacune de ses interventions dans la presse.COURAGE !

  • Le 30 mars 2012 à 11:21 En réponse à : Elections législatives : La candidature indépendante divise les burkinabè

    Personnellement, les candidatures indépendantes doivent être admises car, à défaut, on assistera inéluctablement à la flopée de partis politiques pour favoriser des candidatures.
    Par conséquent, favoriser les candidatures indépendantes aux législatives tout comme à la Présidentielle réduirait encore le nombre de parti politique. Le Sage.

  • Le 30 mars 2012 à 12:09, par dinkous En réponse à : Elections législatives : La candidature indépendante divise les burkinabè

    Je comprends la problématique des candidatures indépendantes lors des élections législatives, quoique cela ne me dérangerait pas. Au fond, au Faso quel parti a un projet réel et réalisable, à part celui de conquérir le pouvoir pour gouverner et naviguer à vue ? Par contre, je ne comprends pas cette main mise politique sur les élections communales (les maires)où les enjeux sont plutot communaux et locaux. Les gens des villages savent très bien qui est apte à les diriger. Cela ne devrait pas être l’affaire des partis politiques. Alors vivement les candidatures indépendantes communales comme cela existe sous d’autres cieux. Sortons un peu de nos ornières !

  • Le 30 mars 2012 à 12:15, par Ouaga-dakar En réponse à : Elections législatives : La candidature indépendante divise les burkinabè

    Je pense que l’admission de la candidature independante aux legislatives sera un grand pas en avant dans le renforcement de la democratie burkinabe, a travers surtout une expression claire de la separation des pouvoirs (executif/ legislatif).

    Mais c’est comme l’a dit Ablasse Ouedraogo, ceux qui sont contre sont pour la majorite des gens qui tiennent a conserver et proteger leur position qu’ils risquent de perdre avec l’ouverture. Ils sont nombreux a l’A.N a ne pas etre representatifs dans leurs regions d’origines : elu parce qu’imposes par le parti. C’est surtout le cas de bcp d’elus CDP.

    Un peu pathetique la reaction du monsieur de l’UNDD.

    Qu’en est-il dans les autres pays ? Je ne connais aucun pays dans le monde ou il y a plus d’independants a l’A.N que d’elus des partis politiques. Si cela arrive au Burkina ce serait la traduction pure et simple de l’incapacite des partis et leur manque de representativite relle au sein de la population.

    Pour terminer, je dirai qu’un elu independant est plus le choix du peuple qu’un elu d’un parti poplitique.

  • Le 30 mars 2012 à 13:04, par le facilitateur En réponse à : Elections législatives : La candidature indépendante divise les burkinabè

    je suis du meme avis que mr zougmore ,nous avons des braves hommes dans les campagnes qui connaissent bien leur région ainssi que les besoins de la population.donc donner la chance a ses braves hommes de prendre la destinee de leur region pour son emergence comme ils ont l’abitude de le dire.

  • Le 30 mars 2012 à 17:09, par ibrahimo En réponse à : Elections législatives : La candidature indépendante divise les burkinabè

    L’autorisation de la candidature indépendante ne souffre d’aucun débat car c’est vraiment une entorse à la démocratie qu’il faut vite corriger.L’appartenance à un parti politique ne saurait être le seul critère d’éligibilité dans une vraie démocratie.D’ailleurs,l’expérience des partis politiques au BF nous renseigne souvent que ceux qui sont élus sous la bannière de ces partis ne sont pas représentatifs dans leurs localités. Seul le peuple est souverain et habilité à décider qui peut le représenter valablement et légitiment.Ceux qui croient qu’ils peuvent se maintenir éternellement accrochés à leur poste de député par ces subterfuges n’ont qu’à se rendre à l’évidence. Ce temps est révolu.

  • Le 1er avril 2012 à 14:50, par BRONZBILI En réponse à : Elections législatives : La candidature indépendante divise les burkinabè

    Je suis d’avis avec Messieurs Ablassé et Chrysogone. Mahamat Sawadogo me fait honte quand il dit qu’autoriser les candidatures indépendantes c’est ajouter de l’anarchie à l’anarchie. Pour un député de sa trempe et au fait des mutations paysageo-politiques, soutenir de telles allégations seraient méconnaitre les vertus essentialistes et existencialistes des principes de la démocratie.Peut-il nous dire que les pays où les candidatures indépendantes paticipent à l’animation du jeu politique jouent sur le terreau de l’anarchie ? Un peu de hauteur s’il vous plaît ? Dommage qu’après vingt ans de vie et d’apprentissage démocratiques de grands théoriciens du parti au pouvoir laissent entrevoir leur obscurantisme du fait démocratique. Le contexte politique du Burkina d’aujourd’hui n’a plus besoin de politiciens myopes, agoistes, obscurs dont le seul but est la sauvegarde de leurs intérêts et des biens mql acquis au détriment d’une jeunesse sans repère, sans guide et sans horizon du fait des prétadores de tel acabit. Non aux analyses sans logique qui ne font que nous maintenir dans la médiocrité politique. Oui à l’esprit de l’article 12 de notre constitution afin qu’en dehors des partis politiques et autres formations, les Burkinabè n’appartenant pas à des regroupements similaires puissent exprimer leurs opinions de facon libre et démocratique. Vive un Burkina débarrassé de ses pseudo-démocrates pour que triomphe l’expression de la démocratie véritable.

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