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COUP D’ETAT AU MALI : Les jours de la junte sont-ils comptés ?

Publié le lundi 26 mars 2012 à 02h45min

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Les choses commencent à se compliquer pour la junte au Mali. En plus de son incapacité à dire clairement où se trouve ATT, d’exprimer une vision de son agenda, elle devra faire face à un isolement national et international. Le fait de ne pas savoir ce que devient réellement l’homme qu’ils ont déposé prouve que les responsables de la junte ne maîtrisent pas encore la situation au Mali. Ils ont également du mal à discipliner leurs troupes dont des éléments se livrent à des pillages et autres actes de vandalisme. Les auteurs du coup d’Etat ne semblent pas sur la même longueur d’onde quant au mobile réel de leur forfait.

La raison initiale est la revendication de moyens plus conséquents à même de leur permettre de stopper les rebelles du nord du pays. Une doléance tout à fait légitime, mais qui aurait pu être plus raisonnable et mieux applaudie si elle avait été portée par une démarche légale. Le cafouillage qui règne au sein de la Grande muette malienne témoigne de l’impréparation du putsch qui est visiblement un coup d’Etat par défaut.

Les mutineries ont sûrement pris une importance telle que leurs meneurs se sont rendu compte à un certain moment que le fauteuil présidentiel était à leur portée, et ils s’en sont emparé sans trop savoir ce qu’ils en feront. Le nom même du comité, qui suggère le redressement d’une démocratie qui, en réalité, était des moins tordues sur le continent, en dit long sur l’incompétence de ses membres et dévoie l’objectif de départ qui était centré sur l’efficace répression de la rébellion aux relents sécessionnistes.

Avait-on vraiment besoin de morceler davantage un pays déjà divisé de fait par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) pour avoir plus de moyens militaires ? La junte doit aussi gérer son isolement politique. Outre les voix des partisans du président déchu, il y a maintenant celles de 38 partis politiques et non des moindres qui s’élèvent pour réclamer le retour à l’ordre constitutionnel. Plusieurs associations soutiennent ce mouvement démocratique qui est piloté par de grands partis politiques comme le Parti pour la renaissance nationale (PARENA) et l’Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA). De nombreux Maliens sortent de leur réserve pour aller au-delà des condamnations théoriques dans les médias. La Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI) d’Oumar Mariko et ses alliés qui ont créé le MP22, le mouvement populaire du 22 mars favorable aux mutins, ont donc désormais un adversaire de taille.

La légitimité et l’autorité de la junte sont ainsi mises à rude épreuve. Au regard de l’ampleur que prend la fronde nationale, le moins que l’on puisse dire c’est que le pouvoir militaire malien est en très mauvaise posture. Ses jours pourraient être comptés, acculé qu’il sera par ses contestataires de plus en plus nombreux et déterminés. La communauté internationale a aussi haussé le ton à travers des condamnations de principe sans s’embarrasser, pour l’une des rares fois, du bon prétexte de la non-ingérence dans les affaires internes des Etats. Des sanctions ont même commencé à être appliquées, à travers l’arrêt de certains financements internationaux. Ces sanctions peuvent avoir pour conséquence une asphyxie économique de l’ex-Soudan français avec son probable corollaire d’exacerbation de la tension sociopolitique. L’on peut alors deviner aisément la suite qui peut être lourde de désagréments : le chaos pour le Mali.

Mais les condamnations peuvent-elles faire plier les putchistes ? Les condamnations de principe sont des disques rayés à force d’être systématiquement joués à chaque prise de pouvoir par les armes. Elles sont ainsi bonnes pour la forme mais font rarement évoluer les situations. Les spéculations vont bon train sur la probable implication ou bénédiction du coup d’Etat par certaines puissances internationales. Réelles ou infondées ? Toujours est-il qu’il urge de renvoyer les militaires maliens dans les casernes. Certes, les hommes en treillis sont dans leur bon droit de réclamer plus de moyens pour relever un défi national et patriotique. Encore faut-il s’assurer que l’Etat malien a la capacité de s’en procurer. Si tel n’est pas le cas, l’on se demande bien par quel miracle la même armée qui n’a pas fait le poids devant la rébellion sur le front pourra la mettre en déroute avec un pouvoir illégitime.

Et puis, étaient-ils vraiment sincères ? Rien n’est moins sûr dans la mesure où un changement de langage est perceptible chez le chef de la junte, qui évoque maintenant la possibilité de négociation. Bref, on nage en plein flou avec les soudards au pouvoir à Bamako.

« Le Pays »

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