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Vision Express sur … : La déroute de nos sociétés dites traditionnelles

Publié le mercredi 14 mars 2012 à 00h28min

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Autrefois en Afrique, les relations, surtout amoureuses se tissaient sur le vrai amour, et surtout pour un avenir serein du couple. Les divorces et autres audiences des couples devant les juridictions étaient presque inexistants. A chaque fois qu’il y avait un malentendu au sein d’un couple donné, la communauté s’arrangeait de sorte que le différend soit résolu selon les consignes coutumières en la matière. Très souvent, l’épouse était sommée de supporter les égarements du mari pour que les enfants ne subissent pas les conséquences de l’atmosphère entre les parents. Mais une fois seuls avec le mari, les sages lui prodiguaient des conseils de sorte qu’il joue convenablement son rôle dans le foyer.

Ainsi, nos mamans avaient ce leitmotiv de façon fréquente : « J’accepte tout, pour que mes enfants ne soient pas malheureux un jour ». Une phrase assez riche en signification. Dans nos communautés dites africaines, un père reste sacré et pour son épouse et pour ses enfants. Une culture qui a existé depuis la nuit des temps. Jamais les décisions du papa n’étaient contrariées. Et les familles vivaient de façon harmonieuse. Quand l’homme avait tort, un conseil des hommes le lui signifiait de façon opportune. C’était exactement comme dans une salle de classe. Jamais le professeur n’a tort devant son élève même s’il n’a pas raison. C’est la société qui est ainsi faite, pour permettre une éducation conséquente des enfants. Aussi riche qu’est cette culture, elle est devenue un souvenir pour beaucoup de gens.

La fille africaine ne sort plus avec l’homme de son cœur, mais plutôt avec celui qui a les moyens. Les parents ont malheureusement contribué à installer cette situation. Dès que leurs filles font la connaissance d’un homme, la première information à vérifier est de savoir ce que fait l’homme en question. Le « background », autrement la morale de la personne importe peu. Tout ce qui compte, c’est son argent et pas plus. A l’école, le maître et le professeur, sans oublier les services d’encadrement sont verbalisés au besoin devant l’élève. Un changement de situation qui a ses conséquences que nul n’ignore. Les enfants qui sont l’avenir des couples, de la communauté voire la nation, n’ont plus de repère. Les quelques rares personnes qui tentaient de suivre la voie normale des choses, « se cherchent » comme dirait l’autre.

Les enfants sont ainsi devenus maîtres des lieux. Ils se croient tout permis. Et impuissamment, les décideurs continuent de leur donner raison et pourtant…

Souro Dao /daosouro@yahoo.fr

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 14 mars 2012 à 09:28, par Vieux Père En réponse à : Vision Express sur … : La déroute de nos sociétés dites traditionnelles

    Je suis d’accord avec vous que les sociétés traditionnelles avaient un mode efficace de gestion des différends dans les couples. Cependant, il convient de nuancer l’affirmation selon laquelle les foyers étaient fondés sur l’amour. En effet, dans les sociétés traditionnelles on se marie rarement à une personne, on se marie plutôt à une famille voire tout un clan. Il convient également de souligner que la liberté de choix du conjoint n’était pas respecté car, les époux ou les épouses étaient quelque fois sinon souvent imposés.
    Donc on ne peut pas affirmer de façon absolue que le mariage était fondé sur l’amour dans nos sociétés traditionnelles.
    Ce qui fait la grande valeur du mariage dans la société traditionnelle c’est sa valeur sacrée. De nos jours le mariage a effectivement perdu se caractère sacré pour prendre un caractère tout à fait banal. On se marie comme on veut on se sépare comme et quand on veut sans égard des conséquences sur les enfants. Cela se justifie par le fait que le mariage n’est plus l’affaire de famille mais de deux individus.

  • Le 16 mars 2012 à 19:12, par KOHOLE En réponse à : Vision Express sur … : La déroute de nos sociétés dites traditionnelles

    Belle remarque. En fait, une petite rectification : ce n’est pas nos sociétés dites traditionnelles qui sont en déroutes, c’est plutôt nos sociétés contemporaines qui auraient perdu les traces de la tradition. Les peuples africains actuels ne sont ni traditionnalistes, ni occidentales : ils sont sans repères culturels susceptibles de régler les conflits.

    Le modèle de régulation des conflits de ménages s’opérait dans le registre de la notion de famille élargie. Le concept de mariage n’avait pas le même contenu qu’actuellement. Le mariage, bien qu’il se tissait entre familles et non entre individus dans la rue comme ce qui se passe aujourd’hui, n’en perdait pas moins la notion d’amour. Disons que cette notion d’amour entre deux individus (selon le modèle occidental) n’était pas le seul élément de base suffisant pour décider d’un mariage : il fallait aussi y adjoindre la notion de d’identité culturelle (selon le modèle africain) ou le mariage n’est possible que lorsque la famille y adhère ; c’est qui rendait le divorce presqu’impossible, car les deux intéressés n’étaient pas les seuls à décider de leur avenir ; c’est ce qui fait l’intérêt et la place de la famille élargie dans le devenir d’un mariage. Malheureusement, aujourd’hui, les jeunes dénie la famille, l’exclue dans ses relations et décident tout seuls de leur avenir, en l’absence de repères identificatoires de remplacement. Et vive les divorces.

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