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Front des forces sociales : Le sankarisme comme modèle de gouvernance pour le Burkina

Publié le vendredi 9 mars 2012 à 01h59min

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Réunissant en son sein les sankaristes soucieux de perpétuer la politique de dignité et de gestion saine entreprise par leur idole, le Front des forces sociales (FFS) a été porté sur les fonds baptismaux, le 2 octobre 1996 à Ouagadougou. Parti démocratique et révolutionnaire, il se positionne comme une formation des masses laborieuses et des campagnes. Mais, après une quinzaine d’années d’existence, comment se porte le FFS sur l’échiquier politique national ? Quelle est son idéologie ? Et quelle alternative ce mouvement politique propose au peuple burkinabè ?

Dans son manifeste, le Front des forces sociales (FFS) se proclame comme un héritier des luttes d’émancipation du peuple burkinabè et du processus de transformations sociales de la révolution d’août 1983 engagé. Sans faire l’apologie d’un homme ou se cantonner à certaines de ses idées, le FFS revendique son nom de « sankariste » pour des raisons essentielles parmi lesquelles, la lutte contre le néocolonialisme et l’impérialisme. La lutte pour l’humanisation des rapports sociaux dans le travail et dans la cité, l’émancipation du peuple burkinabè et pour un développement économique du Burkina Faso.

Au nom des valeurs fondamentales qu’il défend, à savoir, la liberté, la solidarité, le travail et la justice sociale, le FFS s’oppose à tout ce qui méprise la dignité de l’homme, annihile sa liberté et atrophie son existence. C’est Fidèle Kientega qui a présidé la destinée du Front des forces sociales dès sa naissance, le 2 octobre 1996 à Ouagadougou. Deux ans plus tard, Norbert Michel Tiendrébéogo est porté à la tête du parti. A la faveur du drame de Sapouy, en décembre 1998, le FFS se lance dans la bataille contre l’impunité. « Lorsque nous nous sommes lancé dans l’affaire Norbert Zongo, les leaders sankaristes se sont dit que c’était le moment où le régime en place pouvait tomber, par conséquent, les courants politiques devaient se raffermir », affirme Norbert M. Tiendrébéogo. Dans l’optique de créer l’alternance, poursuit-il, les partis sankaristes se sont retrouvés pour formaliser leur unification.

Ainsi, le FFS de Norbert Tiendrébéogo, le BSD de Ernest Nongma Ouédraogo, le PDSU de Valère Somé et l’UDPI de Dongo lompo se sont unis pour créer la convention des partis sankaristes (CPS) en 1999. « Mais, avant la fin 1999, le FFS a remarqué des attitudes contraires à ce qu’il attendait de la part de ses partenaires. Des collègues sont allés à la Présidence pendant que d’autres mangeaient avec Salif Diallo. Pourtant, on chantait qu’on était des opposants purs et durs au régime », indique Norbert Tiendrébéogo. Une scission va ainsi intervenir au sein du CPS entrainant la naissance de deux camps : d’une part, ceux qui voulaient coûte que coûte continuer ensemble et d’autre part, ceux qui ne voulaient plus de l’union.

Le FFS a ainsi quitté le CPS et fait cavalier seul. Pour se donner plus de crédit aux yeux de l’opinion nationale et se donner de l’ambition, il s’est doté d’un programme de société qui s’articule autour du sankarisme. Dans son programme, le FFS entend instaurer le sankarisme en tant que solution novatrice pour le développement de la société, garantir et défendre les libertés individuelles et collectives. Pour accéder démocratiquement au pouvoir d’Etat, le parti s’est structuré en instances nationales et en structures géographiques. Celles-ci ont la charge de rendre le mouvement actif sur toute l’étendue du territoire.

Un sankarisme endogène et pragmatique

Le FFS a adopté comme projet de société, selon Norbert Tiendrébéogo, le sankarisme qu’il présente comme la voie du salut pour les burkinabé. « Le sankarisme se définit comme un courant politique issu du socialisme démocratique dont il tire son essence, mais se singularise par son caractère endogène et son pragmatisme », confie Norbert Tiendrébéogo. A la fois un régime social, politique et une technique de gouvernement, le sankarisme est un dosage entre la propriété privée, les moyens de productions et une forme de planification simple, régulatrice d’un développement harmonieux et équilibré, souligne t-il. Et d’ajouter que le sankarisme permet de limiter et de corriger les inégalités de répartitions des richesses. C’est une arme sûre pour la création des conditions d’un bien-être plus accru. « La lutte contre le chômage et pour l’emploi pour tous est inscrite en lettre d’or dans le programme sankariste.

Le sankarisme est une quête de solutions justes et durables aux problèmes de la société tout en mettant l’éducation, la santé, le logement et l’emploi à la portée de chaque citoyen burkinabè », explique Norbert Tiendrébéogo. Pour le vice-président du FFS, Alphonse Tougouma, le programme du parti garantit l’instauration d’un Etat de droit avec une réelle séparation des pouvoirs, une économie de marché qui encourage l’initiative privée, le suivi et la gestion des secteurs prioritaires, la répression des détournements, des abus de biens sociaux et de la corruption. Pour parvenir au pouvoir, Norbert Tiendrébéogo estime que les partis politiques de l’opposition doivent fédérer leurs forces, « car un parti pris individuellement, va avoir des difficultés à déloger le CDP du pouvoir ».

« Que les partis sankaristes ne soient pas unis, ne nous gène pas »

A la question de savoir pourquoi les partis sankaristes ne s’unissent pas pour former un seul et unique mouvement ? Norbert Tiendrébéogo pensent que l’opinion nationale a une vision erronée de l’unité des sankaristes. « C’est cette vision erronée que les gens veulent imposer aux sankaristes, ce qui fait que ces derniers n’arrivent pas à se transcender pour leur propre unité. Si on a estimé à un moment donné qu’il faut plusieurs partis sankaristes, c’est qu’il y a des différences de point de vue quelque part. Nous, au FFS, on donne un contenu idéologique à notre sankarisme pendant que de nombreux partis sankaristes n’en ont aucune. Si nous, nous en avons et les autres pas, sur quelle base allons nous nous asseoir pour discuter ? Parce que nous sommes sankaristes ? C’est trop facile », indique Norbert Tiendrébéogo. Selon lui, si les partis sankaristes arrivent à s’entendre sur des objectifs clairs et précis, ce sera plus porteur que d’être dans une seule et même moule. « Si les sankaristes forment un seul parti, ce n’est pas sur qu’il rayonne sur tout le territoire.

Alors que s’il y a deux ou trois bons partis sankaristes avec une vraie capacité de mobilisation, on peut fédérer nos forces pendant les élections et avoir de meilleurs résultats. Que les partis sankaristes ne soient pas unis, ne nous gène pas », ajoute-t-il. A propos des élections à venir, le premier responsable du FFS souligne que les responsables provinciaux s’organisent pour trouver les gens capables de défendre le parti. « Au niveau central, nous sommes en pourparlers avec des partis en vue d’unir nos énergies », soutient M. Tiendrébéogo. Pour le vice-président Alphonse Tougouma, les chances du FFS aux prochaines législative-municipale sont réelles, car au fil du temps, les militants ont appris la stratégie et l’organisation. Ainsi, il pense que les choses sont plus organisées et plus assises que par le passé. Nous abordons donc ces élections avec sérénité et confiance, ajoute-t-il. Et le président de dire que les chances sont grandes en ce sens que d’une part, tous les soubresauts que le Burkina Faso a connu sont passif du pouvoir en place et d’autre part, les populations ont désormais pris conscience.

En accordant le poste de 1ère vice-présidence à Fatimata Sawadogo, le Front des forces sociales accorde une place de choix à la junte féminine. Militante depuis 1998, Mme Sawadogo se dit FFS dans l’âme étant donné qu’elle est sankariste. C’est au sein des lycées qu’elle a entamé son militantisme politique. « J’ai commencé avec l’UDS de Juliette Bonkoungou à Tenkodogo. A la création du CDP, celle-ci y est allée. J’ai arrêté la politique pour un moment car je voyais le CDP au même titre que l’ODPMT que nous combattions déjà. En 1998, j’ai été approché par un membre du FFS et c’est ainsi que je me suis réengagé en politique », dixit Mme Sawadogo. Sur la question de l’engagement des femmes en politique, elle dit comprendre la difficulté de celles-ci étant donné que le plus souvent, elles doivent avoir l’avis de leurs époux, voire des membres de la famille avant de se lancer en politique. Raison pour laquelle, Mme Sawadogo se dit opposée à la loi sur le quota car selon elle, on ne peut pas obliger la femme à faire la politique si au niveau de la cellule familiale, elle n’a pas la possibilité de choisir librement de faire la politique. Pour Mme Sawadogo, la femme doit mériter son poste, autrement, celle-ci fera de la figuration à son poste.

Selon elle, la mobilisation des femmes au sein du FFS se fait à deux niveaux : les sympathisantes que le parti mobilise lorsqu’il y a des événements et celles qui peuvent s’engager dans les structures. Elle estime qu’au vu des élections passées, l’instauration de la biométrie est salutaire. La jeunesse n’est pas en reste, à l’image de Lazare Bakouan, secrétaire national aux étudiants qui a la charge d’implanter le FFS dans les établissements scolaires et de mobiliser davantage d’étudiants à épouser l’idéologie du FFS. « Rien ne peut se bâtir sans l’intégrité, la solidarité et la prise en compte des préoccupations du plus grand nombre. Il faut plus de partage vers ce plus grand nombre et l’intégration des jeunes diplômés dans les sphères de décision », soutient M. Zapré.

Souleymane KANAZOE (Kanazoe.souleymane@yahoo.fr)


Zoom sur le parcours politique de Norbert Michel Tiendrébéogo

Norbert Michel Tiendrébéogo a embrassé l’activité politique depuis sa tendre enfance dans les mouvements scolaires et estudiantins. Acteur de premier plan dans la révolution démocratique et populaire, Norbert M. Tiendrébéogo a été membre fondateur de l’inter-CDR (Comité de Défense de la Révolution). Entre 1991-1992, il a été secrétaire général du Kadiogo pour le compte du Mouvement pour la tolérance et le progrès (MTP) de Nayambtigungu Congo Kaboré. Il quittera le MTP, suite à des divergences et avec des camarades, il forme le comité de réflexion et d’action pour l’unité des sankaristes (CRAUS) avec comme secrétaire général, Cherif Sy. Norbert Michel Tiendrébéogo a œuvré pendant trois ans pour amener les aînés tels que Boukary le lion, Nayambtigungu Congo Kaboré et bien autres sankaristes à s’asseoir ensemble pour que ceux-ci parlent d’une même voix, mais ce fut un échec.

Afin de discuter d’égal à égal avec les autres leaders sankaristes et unifier la famille sankariste, M. Tiendrébéogo a décidé de formaliser son mouvement en un parti politique. C’est ainsi que naîtra le FFS, le 2 octobre 1996. Député à l’Assemblée nationale, Norbert Tiendrébéogo est actuellement président de la commission du développement économique et de l’environnement (CODE). Candidat à la présidentielle de 2005, il propose son Programme de reconstruction nationale. Plan dans lequel il fait une part belle aux jeunes, à l’éducation, la santé, la sécurité, l’emploi, l’agriculture, l’industrialisation, qui pour lui, trouveront des solutions dans l’esprit révolutionnaire. Quant à l’unité des sankaristes, Norbert Michel Tiendrébéogo se dit qu’en temps qu’homme politique aguerri, il sait que ce n’est pas par un coup de baguette magique que cette unité se fera. « Elle se fera avec des hommes, des acteurs conscients et conséquents.

Ce n’est pas ceux qui s’agitent et font du folklore autour de l’unité qui sont les meilleurs acteurs pour la réaliser. Ce n’est pas ceux non plus qui pensent que l’unité se fera de par le sabordage de tous les autres en leur sein que l’unité se fera. Au contraire, ce sont eux qui empêchent cette unité saine aujourd’hui », affirme-t-il. Selon lui, le sankarisme prôné doit avoir une base idéologique, un socle sur lequel reposer.

S. K

Sidwaya

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