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Insécurité alimentaire au Burkina Faso : Le gouvernement lance un appel à la solidarité nationale et internationale

Publié le lundi 5 mars 2012 à 01h06min

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Le gouvernement burkinabè, après toutes les évaluations, a annoncé que la campagne agropastorale 2011-2012 est déficitaire. Le « déficit est de 154 462 tonnes ». Au regard de cette situation, le pays a lancé, le vendredi 2 mars 2012 à Ouagadougou, un appel à la solidarité nationale et internationale, pour faire face à la situation.

Le Burkina Faso est en situation de crise alimentaire. Au regard de l’urgence, une équipe renforcée du gouvernement burkinabè, composée de quatre ministres, à savoir le ministre de l’Agriculture et de l’Hydraulique (MAH), Laurent Sédogo, du ministre de l’Action sociale et de la Solidarité nationale (MASSN), Clémence Traoré/Somé, du ministre des Ressources animales (MRA), Jérémy Ouédraogo et du ministre délégué chargé de l’Agriculture, Abdoulaye Combary, était face à la presse, le 2 mars 2012, pour lancer un appel à la solidarité nationale et internationale. Pour ce faire, c’est la MASSN, Clémence Traore/Somé, en tant que présidente du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation, qui est monté au créneau.

« En raison de l’important besoin de financement qui est de l’ordre de 85 milliards de FCFA et de la situation de crise alimentaire et nutritionnelle qui pourrait en découler, je lance, au nom du gouvernement (…) un appel à la solidarité nationale et internationale pour faire face à la situation », a-t-elle déclaré. Avant tout, Mme Traoré a indiqué que la campagne agricole 2011-2012 a connu une évolution difficile marquée par un déficit pluviométrique, s’achevant avec des baisses de production dans toutes les régions et pour toutes les spéculations. « La production céréalière définitive s’établit à 3 666 405 tonnes, soit une baisse de 19,61% par rapport à la campagne agricole 2010-2011 et de 5,09% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Le bilan céréalier national brut définitif de la campagne 2011-2012 dégage ainsi un déficit de 154 462 tonnes », a souligné la MASSN, Clémence Traoré/Somé.

De la déclaration de crise, lue par Mme Traoré, il ressort qu’« à ce jour (NDLR : 2 mars 2012), 170 communes sont reconnues comme étant à risque d’insécurité alimentaire et l’enquête sur l’économie des ménages qui s’est déroulée en janvier-février 2012 fait ressortir que plus de 2 500 000 personnes, ainsi qu’une partie importante du cheptel seront dans une situation de précarité alimentaire et nutritionnelle, d’ici à la période de soudure ». Selon la présidente du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation, la situation s’est aggravée avec l’afflux massif de réfugiés maliens et de leur cheptel au Burkina Faso. A écouter Mme Traoré, ces chiffres ont été livrés après des calculs minutieux. En effet, « le plan opérationnel de soutien aux populations vulnérables que nous avons adopté conjointement avec nos partenaires au développement et les organisations de la société civile, a été corrigé avec des données nouvelles, engendrant une hausse des besoins de financement.

Ainsi, le budget définitif du plan qui comprend, aussi bien les actions alimentaires que non alimentaires s’établit à 103 930 067 350 FCFA, dont seulement 18% sont à ce jour, mobilisés par l’Etat ». A l’issue de la déclaration du MASSN, les hommes des médias ont posé des questions sur l’organisation mise en place pour gérer les aides, la durée de validité de l’appel, etc.

« L’appel reste valable jusqu’aux prochaines récoltes »

Le ministre de l’Action sociale a indiqué aux hommes des médias que l’appel à la solidarité nationale et internationale reste valable jusqu’à la prochaine récolte. Selon elle, un plan a été établi et échelonné sur quatre périodes. « Nous avons une estimation pour la période de janvier à mars. Nous pensons que dans cet intervalle, les gens ont encore quelques stocks qui peuvent leur permettre de se prendre en charge. L’Etat également avait prévu que la situation n’allait pas être facile et a, de ce fait, constitué des stocks auprès de la SONAGESS. Ce stock a commencé à être déployé sur le terrain. Ce qui nous permettrait de compter sur l’apport de nos partenaires pour la période d’avril jusqu’en décembre 2012 », a précisé Mme Traoré. Cela, pour dire qu’à partir du 22 mars 2012 jusqu’en décembre de la même année, « tout apport est le bien venu ».

Clémence Traoré/Somé a rassuré que ce n’est pas parce qu’il y a une imminence de mort d’hommes par manque de nourriture que l’appel a été lancé, mais c’est pour tenir compte des délais de réaction de la communauté internationale. Le MASSN a souligné que même s’il n’y avait pas eu d’afflux des réfugiés, l’appel à la solidarité nationale et internationale aurait été lancé. Pour le moment, Mme Traoré a fait savoir qu’il n’y a pas de plan conjoint entre le Burkina Faso et le Mali pour la gestion des réfugiés. « Chaque pays essaie de gérer l’urgence », a-t-elle signifié. En ce qui concerne la situation des stocks, Mme Traoré a mentionné : « nous avons 60 000 tonnes de céréales à la SONAGESS qui pourront être utilisées pour pallier la situation. Pour l’opération « Bondofa », nous attendons environ 30 000 tonnes de céréales ».

Parlant des autres voies de mobilisation pour faire face à la crise alimentaire, le MASSN a laissé entendre que l’Etat burkinabè a lancé, très tôt, une campagne de collecte des céréales auprès des populations. En tous les cas, Mme Traoré a indiqué que « l’Etat poursuivra ses efforts pour dégager un peu plus sur son budget en attendant que les partenaires s’organisent pour nous apporter un secours. Nous n’allons pas nous contenter de dire que nous avons un gap de 85 milliards de FCFA et que si personne ne vient à notre secours, l’Etat va laisser les populations à leur triste sort ». A propos des difficultés liées au cheptel, le ministre des Ressources animales, Jérémy Ouédraogo, a fait remarquer que généralement, quand l’on est en situation de crise alimentaire, on pense beaucoup plus à l’humain. Cependant, relève-t-il, il se trouve que la crise alimentaire touche le cheptel.

« Au plan national, nous avons un déficit important de fourrage naturel, ce qui fait que dans le plan opérationnel qui a été élaboré, nos besoins sont estimés à 60 000 tonnes de sous-produits agroindustriels », a indiqué M. Ouédraogo. Parlant donc de l’impact de l’afflux des réfugiés maliens, le ministre Ouédraogo a rappelé que le Mali est un pays d’élevage et que beaucoup de réfugiés sont arrivés au Burkina avec leur cheptel. « Nous estimons à plus de 25 000 têtes le cheptel qui est rentré au Burkina Faso, à travers les différents axes », révèle le ministre Ouédraogo. Ainsi, il revient que cette donne crée des besoins supplémentaires, à savoir le manque d’eau, entraînant des conflits autour des points d’eau. De même, le ministre des Ressources animales note qu’il y a un problème de santé animale, vu que les animaux en provenance du Mali ne sont pas vaccinés. Les représentants du gouvernement ont rassuré l’opinion publique qu’un dispositif est mis en place pour la gestion de l’aide qui sera reçue, en ce sens que la coordination est assurée par le Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation qui regroupe les différents départements ministériels.

A l’étape actuelle, le MASSN a précisé que le citoyen qui veut apporter sa contribution peut s’adresser au secrétariat permanent du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation, situé à l’entrée de la zone industrielle de Gounghin. Elle a précisé qu’une communication sera faite dans les jours à venir, sur les différents lieux de réception des aides et que les dons en nature ou en espèces sont les bienvenus.

Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr)

Sidwaya

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