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11e édition du FESTIMA : Le Bénin sert le vaudou aux festivaliers de Dédougou

Publié le vendredi 2 mars 2012 à 02h05min

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Les organisateurs de la 11e édition du Festival international des masques (FESTIMA) ouverte à Dédougou depuis le 28 février jusqu’au 04 mars 2012, ont réservé, la nuit du 29 février au Bénin. La troupe "Forêt sacrée" en a profité pour servir quelques pas de danse sacrée du vaudou aux festivaliers réunis à la Place fruits et légumes.

Prévue pour 22h, c’est finalement 20 minutes plus tard que la troupe "Forêt sacrée" du Bénin a commencé sa prestation. Le spectacle est une chorégraphie des danses cultuelles des divinités du vaudou, a résumé le chef de la délégation béninoise, Marcel Zounon avant le spectacle. La Place fruits et légumes clôturée de murets de pailles à l’occasion du FESTIMA, a été abondamment arrosée pour l’événement tant attendu. A l’entrée droite du site, quelques femmes béninoises s’activent avec le « mets-phare » de leur Pays. Il s’agit de l’Amiowô, sorte de tô gras à la sauce tomate au poulet ou à la pintade. Les animateurs de la soirée invitent les festivaliers à déguster cette spécialité, sans toutefois annoncer le prix à payer, soit 2500 FCFA.

Quelques jeunes filles se faufilent entre les chaises pour offir un rafraîchissement à l’assistance. Le parrain du Festival, Mgr Anselme Sanon, accompagné du secrétaire exécutif de l’Association pour la sauvegarde des masques, Tankien Dayo et du commissaire général du FESTIMA, Servace Maryse Dabou, prennent place au fond. En un clin d’œil, les chaises sont occupées. L’occupation de chacune d’elle vaut en principe 500 FCFA. Du dehors, quelques spectateurs indélicats cassent les pailles pour s’offrir une vue sur le spectacle. La troupe s’annonce avec l’installation du groupe des musiciens. Aucune femme n’y figure. Dans leur arsenal d’instruments, pas de balafons, pas de djembés, mais des tambours à double face appelés blékété dans la langue fon. Ils accompagnent la danse de la divinité de l’eau.

On compte aussi une série de trois tam-tams, le petit ou kléhoun, le moyen ou djilèmè, et le long ou kpahlouè accompagnent la danse dédiée à la divinité de la terre et de fertilité. Le tambour sacré, gbon lui, rythme la danse yaoïtcha, en l’honneur de la divinité du ciel, de la foudre et de la pluie (Hèviosso ou Tchango). Une clochette, des gons simples et jumelés, une castagnette et autres petits instruments de tintement complètent l’arsenal. La musique s’installe aussitôt. Les hommes tentent de chanter dans les registres du moyen à l’aigu. L’ambiance est davantage rythmée que mélodieuse et indique le caractère sacré du moment. Le premier groupe de danseurs entre à son tour, exécute de petits pas léchés du pied gauche, puis du droit ou avance en dansant dans une position basse, pas loin de celle de la marche du canard, le buste droit.

Dans leur chorégraphie, les danseurs vénèrent les divinités, puis se retirent. Entre en scène, une jeune fille, qui dans son insouciance coupable, va profaner le culte des ancêtres et payer de sa vie. C’est à ce niveau qu’intervient le second groupe composé de danseuses. Leur maîtresse, vêtue de pagne blanc, pimente le spectacle du bout d’une queue d’animal. Le reste se résume en une chorégraphie bien réussie, de magnifiques costumes et la quête permanente des danseurs et danseuses de l’harmonie, jusqu’à ce que la petite intrépide se relève et se remette à danser. « Les hommes iront vers Dieu que par les ancêtres et les ancêtres ne sont pas à profaner, c’est ce qui ressort du spectacle », a fait savoir M. Zounon, directeur de l’Ensemble artistique et culturel béninois.

Le spectacle admiré par un public absorbé, relate les danses rituelles des divinités vaudou de l’eau, de la pluie, du ciel et de la foudre, de la terre et de fertilité. Il permet d’expliquer la dualité contenue dans la pratique vaudou au Bénin, selon M. Zounon, « Cette dualité consiste à considérer que le monde ne peut jamais s’effondrer, qu’il ne peut jamais disparaître car on peut passer de la vie à la mort et de la mort à la vie », a-t-il indiqué. Le parrain qui a assisté au spectacle jusqu’à la fin, dit avoir apprécié la maîtrise de la scène et la symbolique de la chorégraphie : « comment arriver à comprendre la jonction entre les vivants que nous sommes et les vivants que nous ne voyons plus.
Cette continuité de génération en génération, ils (les artistes béninois, ndlr) nous ont fait vivre cela sans parole », a-t-il dit.

La soirée s’est poursuivie avec la prestation de la troupe Yirbasso, sélectionnée pour la semaine nationale de la culture. Chaque soir à la Place fruits et légumes, les festivaliers assistent aux danses du terroir d’un des pays participants. Après le Burkina Faso pour la première nuit, le Mali, le Togo et le Nigeria sont annoncés.

Aimé Mouor KAMBIRE

Sidwaya

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