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SENEGAL : Le sens d’un vote

Publié le jeudi 1er mars 2012 à 03h26min

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Les résultats provisoires du premier tour du scrutin présidentiel sénégalais qui annoncent une perspective d’un second tour entre les candidats Abdoulaye Wade, 85 ans, et son ancien Premier ministre, Macky Sall, 50 ans, méritent qu’on y jette un regard analytique. Même si l’on ne peut l’affirmer avec certitude, ces résultats semblent indiquer que les électeurs ont voté non pas, en tenant compte de l’idéologie ou du programme de société de chaque parti (les deux sont des libéraux), mais plutôt dans la perspective d’un changement. En somme, tourner la page de la vieille classe politique. C’est vrai que ces résultats provisoires placent Me Abdoulaye Wade en tête.

Cela peut s’expliquer par certains faits : il tient encore les rênes du pouvoir et, a toujours à sa disposition, les moyens de l’Etat pour convaincre une bonne frange de la population. Outre ces deux éléments non négligeables, un vieil homme de sa trempe, n’est pas si facile à déboulonner. S’il avait été un candidat de l’opposition, il n’aurait certainement pas pu obtenir le score qu’il vient de réaliser. Pour preuve, les candidats Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng, qui rivalisent plus ou moins avec lui en âge (tous deux sexagénaires), n’ont-ils pas obtenu chacun moins de 15% des voix ? En tout cas, tout porte à croire que le vœu des Sénégalais notamment les jeunes, c’est d’avoir un président plus jeune.

Un homme qui est en phase avec son peuple, qui comprend mieux ses aspirations, et non un octogénaire comme Wade. C’est le sens que l’on peut donner au vote de l’électorat sénégalais le 26 février dernier. On le constate, certains jeunes ne cachent plus leur hostilité à l’endroit du président candidat Me Wade. Le slogan des jeunes rappeurs (« Y en a marre ») ne traduit-il pas cette réalité ? A y regarder de près, l’on est tenté de dire qu’il y a une sorte de conflit de génération entre la vieille classe politique et la jeunesse sénégalaise.

C’est assez analogue à ce qui s’est passé en Tunisie avec Ben Ali, et en Egypte avec Hosni Moubarak ou encore dans certains pays arabes traversés par le courant du printemps. Dans tous ces pays, la jeunesse a réclamé de nouveaux dirigeants, parce que lassée des personnes d’une certaine époque. Certes, l’Afrique subsaharienne n’a pas encore connu un tel printemps. Cependant, l’on peut affirmer sans trop se tromper que sa jeunesse, au regard de sa réaction face aux régimes en place, aspire de plus en plus à être dirigée par des personnes qui incarnent un avenir d’espoir. Toutefois, ce serait une erreur pour cette jeunesse pleine de fougue, de croire que tout ce qui est vieux doit être jeté à la poubelle. Les vieilles personnes, surtout en Afrique, ont bien leur place dans la société.

Leurs conseils et leurs expériences sont une richesse dont la jeunesse peut s’inspirer pour booster l’essor du continent noir. Un adage africain ne dit-il pas que « le sac d’un aîné n’est jamais complètement vide » ? En tout état de cause, la loi de la nature étant fondée sur la mutation, l’être humain ne devrait pas s’y opposer. Ce n’est pas pour rien que les hommes naissent, grandissent et meurent. Il est donc bon qu’après une certaine expérience, l’on sache passer la main avec honneur et dignité sans y être obligé. Et c’est ce qui risque d’arriver au Sénégal avec Abdoulaye Wade. Si les chefs religieux ne donnent pas de consignes de vote en sa faveur et si l’opposition s’unit autour de Sall, il risque fort d’être poussé vers la petite porte à l’issue du second tour.

A travers les résultats du premier tour du scrutin qu’il était presque sûr de remporter, l’on peut dire que la volonté des Sénégalais, c’est de réaliser le ‘’SOPI’’ (changement en wolof) contre l’inventeur même de ce concept. Car la jeunesse du Sénégal a grandement soif et piaffe d’impatience de voir la vieille garde avec sa figure de proue, Me Wade, s’en aller.

Dabadi ZOUMBARA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 2 mars 2012 à 01:55, par Ditonpointdevue En réponse à : SENEGAL : Le sens d’un vote

    Article plus ou moins digeste. Ce que vous oubliez de dire cher journaliste c’est que le résultat de cette élection est la preuve que le peuple sénégalais est vraiment mûr pour la démocratie. Lorsque les marabouts et autres chefs reeligieux ne viennent pas se mêler de la chose politique pour bons ey loyaux services qui leur sont rendus par un candidat, les sénégalais ont un bon reflexe de démocrate. Le peuple juge chacun selon son programme et son aura. Mais bon à chaque peuple ses lacunes. Au Burkina par exemple, le CDP de Blaise Compaoré a tjrs su faire voté nos pauvres parents du village en distribyant simplement TS et 1000f par votant. Ou encore on les sdéplace par cars entiers pour voter de bureau en bureau. En plus il y a la grande machine de la triche et du bourrage. En somme la fraude grandeur nature. Sinon comment peut’on comprendre que Blaise ne soit même pas un peu mal dans sa peau avec le score soviétique qu’il vient de réaliser. Je ne sais qui de Poutine, de Blaise ou de Ben Ali a inventé ce type de résultat présidentiel. pauvre Burkina.
    2. la société civile sénégalaise est très forte pour peser de tout son poids dans la publication transparente des résultats des votes. On se souvient que Wade s’était loué ses servivices pour éjecter Abdou Diouf. Le même système de contrôle lui est imposé et ça marche. Je suis certain qu’au BF si cela est fait, le CDP et toutes ces mêmes touk djili allait se faire sanctionner par les burkinabè. Je suis certain que Blaise cherche un de son clan pour le remplacer afin qu’il lui assure impunité ét tranquilité jusqu’à mort naturrelle comme le russe Boris Eltsine avec Poutine à l’équipe. Je suis sûr qu’il y pense tous les soirs car ce serait risqué pour lui de laisser un gars de l’opposition prendre le pouvoir (je ne parle pas d’Hermann Y car lui ce qui l’intéresse c’est de prendre la place de papa et laisser Blaise tranquillle une fois le deal scellé). On se connait dans ce pays. Le cas sénégalais me permet encore de rêver encore qu’au BF on peut enfin sortir de la zone dangereuse dans laquelle Blaise et le CDP nous enfoncent de jour en jour.

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