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SNC 2012 à Bobo-Dioulasso : Course contre-la-montre à la Maison de la culture

Publié le jeudi 1er mars 2012 à 03h26min

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Lors de sa dernière visite sur le chantier de la Maison de la culture, le 25 novembre 2011 à Bobo-Dioulasso, le Premier ministre Beyon Luc Adolphe Tiao, n’a pas caché sa déception face à l’état d’avancement des travaux. Il avait promis de prendre des mesures radicales. Le 1er décembre 2011, le Conseil des ministres a ainsi décidé de la mise en régie du chantier. Aujourd’hui, les Bobolais se demandent toujours si certaines manifestations de la 16e édition de la Semaine nationale de la culture pourront effectivement avoir lieu dans cet édifice qui va coûter six milliards de FCFA au budget de l’Etat.

Finira, finira pas ? C’est la question que l’on se pose, en faisant un tour sur le chantier de construction de la Maison de la culture de Bobo-Dioulasso, située au secteur 17 (Sarfalao) de la ville. Imposant de par sa forme, ce joyau dont les travaux ont débuté il y a de cela trois ans, ne laisse pas du tout indifférent. C’est dans cette infrastructure de 2501 places que doivent normalement se tenir certaines manifestations de la Semaine nationale de la culture 2012, prévue du 24 au 31 mars. A moins d’un mois de l’événement, la biennale culturelle pourra-t-elle effectivement avoir lieu dans cet édifice ? « Je ne peux pas l’affirmer. Mais on a de sérieuses raisons d’espérer, parce qu’on aura fini de poser le mobilier avant le 15 mars », répond le responsable des marchés publics au ministère de la Culture, Boureima Ouédraogo.

Le secrétaire permanent de la SNC, Dansa Bitchibali, préfère pour sa part, s’en tenir aux affirmations des autorités, selon lesquelles l’édifice sera inauguré avant l’événement. Selon lui, "cette Maison constitue une nouvelle possibilité pour la SNC. Si elle est achevée, beaucoup d’activités pourront s’y tenir. Le régisseur Balima non plus, n’a pu confirmer si la 16e édition de la SNC pourra se tenir à la Maison de la culture. Il fait savoir que les travaux avancent. Ce 10 février 2012, certains ouvriers étaient en train de faire la peinture, tandis que d’autres montaient les mobiliers (principalement les chaises). Dans la salle de spectacles, on s’attelait pour la climatisation. A la date du 29 février 2012, les ouvriers sont en train de faire toujours la peinture de la salle de spectacles, tandis que d’autres, comme ceux chargés de monter les chaises, attendent pour poser ces mobiliers.

L’Etat a repris son marché

Eux aussi ont hâte que les travaux finissent, puisque cela fait trois ans qu’ils sont sur le chantier.
La construction de la Maison de la culture à Bobo-Dioulasso a débuté le 13 juillet 2009, et devait s’achever en principe en février 2010 pour l’ouverture de la 15e édition de la Semaine nationale de la culture, initialement prévue, un mois plus tard. Au regard du retard des travaux, l’événement a été reporté de mars à novembre 2010, date à laquelle il s’est tenu, mais comme de par le passé, sur son site habituel, au siège de la SNC, au Théâtre de l’amitié, et sur le plateau omnisports du quartier Yéguéré…De prorogation en prorogation, les travaux ont continué jusqu’à la dernière visite du monument par le Premier ministre, Beyon Luc Adolphe Tiao, le vendredi 25 novembre 2011. Ce jour-là, il s’était dit inquiet par rapport à la lenteur des travaux et avait promis de prendre des mesures radicales. Le 1er décembre 2011, le Conseil des ministres a mis en exécution la menace, en décidant une mise en régie, censée permettre une meilleure maîtrise de la conduite des travaux et dans le délai d’exécution. La mise en régie constitue une sanction propre aux marchés de travaux publics. Elle consiste pour l’administration à poursuivre les travaux avec les moyens matériels, voire le personnel du titulaire du marché, et à ses frais. Le chantier de la Maison de la culture a été confié au Bureau d’appui à la maîtrise d’œuvre (BAMO). Selon le responsable des marchés publics au ministère de la Culture, Boureima Ouédraogo, c’est en mi-décembre 2011 qu’est intervenue la mise en œuvre effective de cette mesure. Cela est dû aux contrats qu’il fallait signer avec les principales soumissionnaires.

Elle concerne deux lots, avec cinq sous-traitants par lot. « On a repris les deux lots en question. Les sous-traitants avec lesquels De Simone (NDLR : l’entreprise italienne en charge des travaux) travaillait, ont été maintenus. C’est-à-dire qu’elle avait des contrats avec un certain nombre d’entreprises. Il y en a qui étaient signés et d’autres non. Pour éviter de reprendre tout à zéro, on a décidé de travailler avec les mêmes sous-traitants », a expliqué M. Ouédraogo. Cependant l’entreprise n’a pas été exclue du chantier. Elle est restée attributaire de certains travaux dans les deux lots. Il s’agit de l’électricité, les corrections diverses dans le premier lot. Pour le deuxième lot, c’est la fourniture et la pose des accessoires du groupe électrogène de relais, la pose des luminaires (ampoules, enseignes). Cette situation se justifie, selon M. Ouédraogo, par le fait que l’entreprise n’avait pas signé de contrat avec des sous-traitants pour ces travaux. Elle les exécutait elle-même. « Comme elle n’avait pas de sous-traitants à ce niveau et qu’elle avait fait des commandes, il fallait la laisser terminer. Mais c’est dans le cadre de la régie. C’est-à-dire qu’elle est payée pour les tâches qu’elle va accomplir dans ces deux aspects », a-t-il expliqué. Dans le cadre de la régie, l’Etat s’est mué en entrepreneur. Il paie directement les fournisseurs, fait des commandes s’il juge le besoin urgent, quand bien même le sous-traitant a déjà fait les commandes, mais qui tardent à venir. « Par exemple, si De Simone fait une commande et qu’elle nous dit que ça viendra en fin février, ça veut dire que nous n’en aurons pas besoin. L’objectif c’est d’avoir la salle pour la SNC 2012. Bien qu’elle ait lancé ses commandes, l’Etat peut commander ailleurs pour faire venir, s’il pense que ça va être plus rapide. En dehors de ça, pour les autres sous-traitants, De Simone n’a rien à dire encore », a précisé M. Ouédraogo.

Un chantier à délai irréaliste ?

Pour la Maison de la culture, l’enveloppe financière était estimée à six milliards de F CFA. Mais combien reste-t-il pour la finition de cette gigantesque infrastructure ? Le responsable des marchés publics du ministère de la culture reste évasif : « Nous avons des difficultés parce l’expression a été faite en termes de pourcentage », déclare-t-il. Même langage chez le régisseur du BAMO, M. Balima qui fait comprendre que la mission principale c’est de finir le chantier. Il reste que dans l’exécution du chantier il y a eu un laxisme non seulement du côté de l’Etat, mais aussi au niveau de l’entreprise De Simone. Du côté de l’Etat, on pourrait reprocher le manque de suivi assidû. Du reste, M. Ouédraogo a reconnu cette négligence de l’Etat, qui pourtant, avait les moyens nécessaires pour faire le contrôle. « Le BAMO a été créé par l’Etat. Il aide les ministères pour les gros marchés, comme celui de la Maison de la culture, en termes de suivis. Depuis longtemps, c’est le BAMO qui payait les entreprises.

L’argent est viré là-bas et c’est lui qui est chargé de payer les entreprises. Il a tout le personnel requis pour cela ». En effet, dans le cadre de la Maison de la culture, le ministère bénéficiaire était associé au suivi des travaux, en plus du bureau d’architecture (suivi technique) et le ministère technique qui est comme le maître-d’œuvre, c’est-à-dire le ministère de l’Habitat. « A l’avenir, c’est bon qu’il y ait plus de suivi régulier pour permettre de savoir le taux de réalisation par étape dans l’évolution des chantiers et en cas de problème, en savoir les causes », a préconisé M. Ouédraogo. Ce qui sous-entend qu’il faudra trouver un indicateur de performance pour les travaux publics. Mais s’il a manqué un suivi dans l’exécution du chantier, M. Ouédraogo regrette aussi le délai qui n’était pas réaliste, 70% du matériel pour les gros œuvres y compris la coupole, étant commandés en Europe. « Maintenant le délai était de dix mois au même titre que le matériel à commander et au même titre que le mur de clôture et les pavés. Même sans être technicien, vous voyez l’envergure des gros œuvres ?

Mais il ne faudrait pas accuser quelqu’un ! Puisqu’on avait besoin de la salle pour la SNC, alors qu’on était déjà en mai 2009, ce délai était fait pour qu’on ait la salle », a-t-il laissé entendre. Mais la réalité est qu’un chantier de dix mois s’est exécuté en trois ans ! Et l’entreprise De Simone ? Quelle est sa responsabilité dans cette affaire ? Dans le cadre de la Maison de la culture, la procédure de cession du marché a été la consultation restreinte et non la procédure du moins disant. En fait, on présélectionne un certain nombre d’entreprises qu’on juge capables d’exécuter les travaux dans un délai précis. « Et les prix qu’elles vont proposer généralement quand c’est une consultation restreinte sont un peu réalistes, que quand c’est un appel d’offres ouvert où les gens jouent sur le prix pour passer », fait comprendre M. Ouédraogo. Même si les décomptes ont été régulièrement payés par l’Etat une leçon reste à retenir : il faut qu’à l’avenir pour ces genres de projets, soit on commence très tôt, soit on fait un projet avec des délais réalistes, sans tenir compte des désidératas. De même, le suivi doit être régulier, afin que les chantiers publics ne soient pas bâclés par les entreprises.

Rabalyan Paul OUEDRAOGO (Ouedraogorabalyan@yahoo.fr)

Sçidwaya

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Vos commentaires

  • Le 1er mars 2012 à 11:55 En réponse à : SNC 2012 à Bobo-Dioulasso : Course contre-la-montre à la Maison de la culture

    allez y voir le nouveau siège de l’union sfricaine à addis abéba qui a été exécuté en moins d’1 an par les chinois et qui a couté plus de 100 milliards et 100 fois plus imposant que ce machin de bobo. c’est grave dans ce pays avec tous ces dealers où on voit meme des controleurs qui défendent des entrepreneurs qui ne font pas leur boulot,c’est inadmissible. jurons qu’à la réception de l’ouvrage,ça sera une pourriture qu’il faudra continuer a colmater. c’est triste

  • Le 1er mars 2012 à 12:32 En réponse à : SNC 2012 à Bobo-Dioulasso : Course contre-la-montre à la Maison de la culture

    allez y voir le nouveau siège de l’union sfricaine à addis abéba qui a été exécuté en moins d’1 an par les chinois et qui a couté plus de 100 milliards et 100 fois plus imposant que ce machin de bobo. c’est grave dans ce pays avec tous ces dealers où on voit meme des controleurs qui défendent des entrepreneurs qui ne font pas leur boulot,c’est inadmissible. jurons qu’à la réception de l’ouvrage,ça sera une pourriture qu’il faudra continuer a colmater. c’est triste

  • Le 1er mars 2012 à 23:46 En réponse à : SNC 2012 à Bobo-Dioulasso : Course contre-la-montre à la Maison de la culture

    Y a-t-il eu un marché important qui ait été exécuté dans les délais et sans difficulté ? Ce sont des indices qui font dire que l’ancienne "ville économique" du Faso est délaissée.
    A l’avenir il faudrait démentir ce constat.
    Kpièrou

  • Le 7 mars 2012 à 15:33, par bendatoega En réponse à : SNC 2012 à Bobo-Dioulasso : Course contre-la-montre à la Maison de la culture

    Cet édifice fera certainement la fierté de Bobo, mais un hic est là : il finira dans les oubliettes comme le ciné Sanyon délaissé au chauves souris et autres margouillats ! Regardez l’état de la cité CNSS !

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