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Côte d’Ivoire, 10 mois après :Le pouvoir reprend de l’initiative, l’opposition marque sa présence aussi !

Publié le mardi 28 février 2012 à 02h37min

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Alors que le président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara saisissait au passage l’année 2012 pour marquer sa disponibilité à accompagner toutes les forces vives de la nation dans leurs missions d’Etat et à multiplier les gages de sécurité pour l’imminence d’un avenir proche et radieux pour tous les Ivoiriens, l’opposition politique et singulièrement le Front populaire ivoirien (FPI) de l’ancien président, Laurent Gbagbo, elle, déclare haut et fort que la Côte d’Ivoire de Alassane Ouattara n’est pas une démocratie. Quant aux Ivoiriens, ils ont renoué avec « leur vie de bons viveurs », visiblement rassurés par le retour à la normalité des activités économiques.

En ce mois de janvier 2012, Abidjan dégageait une chaleur certaine qui n’est pas sans rappeler la canicule des mois de mars et d’avril au Burkina Faso. Le temps était lourd dans la capitale économique ivoirienne. Les passagers des transports en commun, mis à l’étroit, transpiraient énormément. Même les ballades à pieds auxquelles les Ivoiriens sont coutumiers, n’excitaient pas trop les Abidjanais. Autre ambiance populaire : toute l’actualité était orientée sur la 28e édition des phases finales de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football au Gabon-Guinée Equatoriale à laquelle participaient les Eléphants. Que ce soient les journalistes, les spécialistes du ballon rond ou une très grande majorité des Ivoiriens des quartiers « chauds » comme Yopougon, Adjamé, Abobo, Amoumanbo…, tous s’accordaient à reconnaître que Didier Drogba et ses coéquipiers ramèneront le trophée en terre ivoirienne. Les Burkinabè d’Abidjan se sont, eux aussi, évertués à démontrer aux Ivoiriens que les Eléphants craignaient moins l’Angola et le Soudan que le Burkina (la Côte d’Ivoire, le Burkina, l’Angola et le Soudan étaient dans le même groupe à Malabo en Guinée Equatoriale).

Le match Eléphants contre Etalons du Burkina, le 26 janvier dernier, était celui de tous les paris entre les Burkinabè et les Ivoiriens qui reconnaissent qu’à part le joueur Jonathan Pitroipa, « les Etalons ne peuvent rien faire contre les Eléphants ». Abidjan, en réalité, a renoué avec son train-train quotidien dans les quartiers des affaires, le Plateau et le port autonome d’Abidjan, preuve de la reprise de l’activité économique ivoirienne. Abidjan bouge à nouveau avec ses nombreux et interminables embouteillages sur les principales artères. Que ce soient les « wôro-wôrô », les taxis-compteurs rouges ou les bus, la mobilité, un vrai cauchemar pour les Abidjanais. Et si par tous rendent hasard, un accident survenait, vous en avez pour des heures dans le bouchon. On se dispute, surtout de nuit, les grands lieux de beuverie, de mangeaille et d’animation musicale appelés « maquis » où les décibels vous rendent sourd.

Les jours ouvrables, on a l’impression que toute la population abidjanaise s’est vidée de ses périphéries pour le quartier des affaires, le Plateau, fleuron de l’administration ivoirienne.

Recomposition de l’armée : un casse-tête chinois !

Quelques édifices du Plateau et les ponts Félix-Houphouët-Boigny et Charles-de-Gaulles sont enveloppés de jeu de lumière fascinant. Le démarrage effectif du « 3e pont », comme l’appellent les Ivoiriens, desservant Marcory-Amoumanbo et Riviera est applaudi dans certains milieux. L’ancien régime en avait fait un de ses grands projets de gouvernance, mais… Toute la ville est devenue un « chantier » comme l’a promis le président ivoirien. Alassane Ouattara et son gouvernement montrent chaque jour, par les actes, que la Côte d’Ivoire est de retour dans le giron des grandes nations en devenir. La preuve ? Dans ses discours officiels, le président ivoirien insiste beaucoup sur le retour au bercail des exilés ivoiriens disséminés de part le monde, sans lesquels « sa » réconciliation ressemblerait à « un pied cassé ». Pour donner la force à la paix des cœurs des Ivoiriens, il a effacé, lui-même, les barrières religieuses en allant prier avec la communauté chrétienne à la cathédrale au Plateau et avec les musulmans à la mosquée de la Riviera, respectivement le 30 décembre 2011 et le 14 janvier 2012.

Le 19 décembre 2011, des échauffourées ont opposé quelques « éléments » des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) à la population de Vavoua. Quelques jours après, des tensions entre les FRCI et les populations des villages d’Ebilassokro et de Yakassé-Féyassé dans la sous-préfecture d’Abengourou (Est de la Côte d’Ivoire) éclatent. Le 15 janvier 2012, le village d’Anuassué, toujours dans la région d’Abengourou, est « visité » par les forces de sécurité censées le protéger. « Cette attitude contraire à la discipline » a gêné le chef de l’Etat qui, recevant le 12 janvier dernier au palais présidentiel les vœux des forces vives de la nation, a décidé de la « réactivation de la police militaire » pour sécuriser les populations. Le chemin qui mène à la paix et au pardon sincère est encore…un peu loin.

D’ailleurs, les stigmates sont encore là pour le rappeler. La police militaire a pour mission d’œuvrer à extirper des rangs des FRCI les « éléments qui commettent des bavures en s’érigeant en juges des affaires civiles et en s’adonnant au racket et au braquage… », a expliqué Alassane Ouattara qui a décliné, en des termes on ne peu plus clairs, des mesures fortes pour 2012. Il s’agit de la « poursuite de l’amélioration de l’indice sécuritaire, de la réforme du secteur de la sécurité, de la réforme du statut du personnel de la défense et de la sécurité, de la constitution de la réserve et d’un fonds de rachat d’armes, des assises nationales des armées en vue de finaliser leur organisation, de la promotion de la discipline militaire, de l’amélioration de l’assistance sociale au sein des armées… »

Le FPI, toujours virulent et sans remords !

« Tu frappes mon père, tu frappes ma mère et tu me demandes de venir manger avec toi ? Ce n’est pas possible ! ». Cet avertissement est de Michel Amani N’guessan, un ancien ministre de Laurent Gbagbo et ci-devant président du comité d’organisation du meeting de la rentrée politique, le 21 janvier dernier, du Front populaire ivoirien (FPI, le parti de l’ancien chef d’Etat). Allusion nette au gouvernement du président Alassane Ouattara qu’il soupçonne de souffler le chaud et le froid en « persécutant » tantôt les cadres du FPI, et tantôt, les cajolant. Les caciques du FPI se refusent toute collaboration avec le pouvoir. Les piques que les dirigeants du parti de Laurent Gbagbo adressent au régime actuel trouvent, de fait, ses origines dans le meeting du 21 janvier qui a dégénéré en règlement de comptes entre les militants du FPI et ceux du Rassemblement des républicains (RDR, le parti au pouvoir).

« Gbagbo, président original, Ouattara est photocopie », lançaient les militants du FPI. Un slogan que les militants du RDR ont vite reçu comme une provocation à leur égard. Ce jour-là, la place Ficgayo de Yopougon a été transformée en un vaste champ de batailles rangées sous le regard amusé des forces de l’ordre ivoiriennes, renforcées par la présence des forces impartiales. Pourtant, le ministre de l’Intérieur, Ahmed Bakayogo, avait autorisé la tenue de cette manifestation de l’opposition ! D’autre part, une certaine opposition soupçonne le président du Conseil constitutionnel, Francis Wodié, de jouer les prolongations avec les résultats des législatives, tenues depuis le 11 décembre 2011. Quand nous quittions Abidjan, le 28 janvier 2012, les Ivoiriens attendaient toujours de connaître les noms de leurs futurs députés devant siéger à l’Assemblée nationale sous l’ère Alassane Ouattara.

Idrissa NOGO de retour d’Abidjan (Idrissanogo@yahoo.fr)

Sidwaya

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