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LIMOGEAGE DE JEROME TRAORE : « Des Ougalais se prononcent »

Publié le lundi 27 février 2012 à 01h35min

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Le jeudi 23 février 2012, le président du Faso, sur proposition du Premier ministre, a pris un décret constatant le limogeage du ministre en charge de la Justice, Jérôme Traoré. Ce limogeage est intervenu suite à une bastonnade de Adma Kima dont le désormais ex-ministre serait responsable. Comment la nouvelle a-t-elle été accueillie par les Ouagalais ? Nous leur avons tendu notre micro.

- Omarou Kiéma, président de la Fédération nationale des taximen et des travailleurs du secteur des transports au Burkina « L’erreur est humaine »

« Pour moi, c’est un regret parce que je ne sais pas pourquoi le ministre a réagi ainsi. Il sait très bien que c’est à cause de la crise qu’il a été nommé mais il commet les mêmes fautes. Je pense qu’il a mal réfléchi pour agir comme ça. On a même appris qu’il s’est excusé mais malgré cela il a été sanctionné. C’est le même problème qui s’est passé à Koudougou. Je pense que le gouvernement actuel est un gouvernement de crise. On ne devrait pas le changer parce que l’erreur est humaine. Il y a des erreurs qu’on peut pardonner. »

- Narcisse Kaboré syndicaliste « Les autorités commencent à entendre la voix de la population »

« Je crois que le limogeage du ministre est un message fort parce que l’acte prouve qu’on n’a pas très bien tiré la leçon de ce qui s’est passé en 2011. Mais je crois que les autorités commencent effectivement à entendre la voix de la population. Il ne faut pas attendre que les gens brûlent pour réagir. Quand il y a une injustice, il faut réagir immédiatement. C’est le gouvernement qui décide de le remplacer. Ceux qui sont à la tête de ce pays doivent respecter les règles de ce pays. C’est ce qu’il faut savoir. Je pense que cette réaction est très bonne. Il faut que les choses continuent dans ce sens pour que les uns et les autres sachent qu’un des principes fondamentaux de la démocratie, c’est l’égalité entre les citoyens. Si le gouvernement même n’arrive pas à chasser les ministres en cas de violation des droits, nous les pauvres, nous sommes « foutus » dans ce pays. Si moi je suis militaire ou gendarme et si je devais faire ce que je veux, ce serait l’anarchie. Ce geste du président ne peut que renforcer la confiance entre le gouvernement et les citoyens. Nous ne souhaitons que la paix dans ce pays. »

- Adama Ilboudo, commerçant « C’est une leçon pour tous ceux qui voudront faire comme lui »

« Le limogeage du ministre nous a donné du baume au cœur parce que dans ce pays, on ne peut pas permettre à une haute personnalité de faire n’importe quoi. Un ministre de la justice, c’est quelqu’un qui connaît les textes. Il ne peut pas se rendre justice. Son limogeage servira de leçon à tous ceux qui voudront faire comme lui. Au regard de la situation qu’a connue notre pays, il était tout à fait normal qu’il soit sanctionné. »

- Abdoulaye Guigma, commerçant « Nous sommes satisfaits de la réaction du président du Faso »

« Nous sommes satisfaits de cette réaction du président du Faso, il le fallait. C’est parce que les citoyens sont là que la république est aussi là. Il faudra que les autorités apprennent à respecter la population. C’est parce que la population lui fait confiance qu’il dirige le pays. Il doit agir dans l’intérêt du peuple. C’est tout à fait normal que cet acte soit sanctionné. »

- Georges Sawadogo, journaliste à Ouaga FM : « Le ministre est allé au-delà de ses prérogatives »

« J’avoue que quand j’ai été informé le lundi matin (20 février) d’une altercation entre le ministre de la Justice, Jérôme Traoré, et un citoyen du nom de Adma Kima, tout de suite, je me suis dit que cela pouvait aller loin, compte tenu de l’ambiance générale qui règne actuellement au Burkina Faso et du fait que nous étions à l’anniversaire de la mort de l’élève Justin Zongo. Lequel événement a conduit notre pays dans une crise très profonde. Je savais que cette affaire allait défrayer la chronique et c’est ce qui s’est passé. Quant à l’appréciation de ce qui s’est réellement passé entre le ministre et Adma Kima, je pense que le ministre est allé au-delà de ses prérogatives. Pour moi, le ministre ne devait pas se rendre justice lui-même. Tout ce qu’il pouvait faire, c’est interpeller la personne et l’entendre. Il se pouvait qu’Adma Kima ne jouisse pas de toutes ses facultés. A mon avis, il fallait que le ministre ait beaucoup plus de retenue en cherchant à comprendre. Cela aurait permis de renforcer l’Etat de droit au Burkina Faso. Mais en s’en prenant de la sorte à Adma Kima pour des présomptions d’injures, c’est aller au-delà de ce qui devait être fait. Je pense que la décision du chef de l’Etat de se séparer de son ministre est une très bonne chose. Car, la question de l’impunité est devenue une pratique courante au Faso, au point que le citoyen lambda ne fasse plus confiance aux gouvernants et ne se sent plus en sécurité ».

- Adrien Nzaou, responsable financier à la société GECOR : « La décision du chef de l’Etat est à saluer »

« L’affaire du ministre de la Justice et du mécanicien est déplorable, car le ministre Jérôme Traoré qui est celui-là qui, censé rendre justice aux citoyens, s’est rendu justice lui-même. Son limogeage n’est que justice rendue au citoyen Adma Kima. Aristote l’a dit, c’est le pouvoir qui arrête le pouvoir. Je crois que c’est à juste titre qu’il est limogé. Le gouvernement ne doit pas s’arrêter au limogeage, il faut le traduire en justice parce que c’est le pouvoir qui arrête le pouvoir. Un ministre ne doit pas utiliser son pouvoir pour régler des comptes aux citoyens vulnérables. Les gens oublient que le pouvoir vient du peuple et que c’est le peuple qui les a mis là où ils sont. Nous saluons la décision courageuse du chef de l’Etat en décidant de sanctionner le ministre fautif. »

- Alpha Goudiaby, journaliste chroniqueur sportif : « Jérôme Traoré n’était pas à sa place »

« Je pense qu’ici, le gouvernement a agi de manière efficace et c’est un acte de justice que le gouvernement a posé contre le ministre de la Justice parce qu’en réalité, il n’était pas à sa place. Je pense qu’il n’était pas à sa place. Un ministre de la Justice doit véhiculer ce qu’on appelle la justice. Les Burkinabè sont égaux devant la loi. Et s’il ne peut pas donner le bon exemple et s’est fait justice lui-même malgré son rang, cela prouve que les gens pensent que nous sommes dans une jungle où c’est le plus fort qui doit écraser le plus faible. Alors que dans ce pays paisible du Burkina Faso, on vient de traverser une crise sans précédent et lui-même est un ministre d’un gouvernement de crise. C’était donc une raison de plus de faire attention. En ce 21e siècle, rien ne peut justifier des sévices corporels d’une personne qui est en faute. La procédure à suivre existe et il faut la respecter. J’applaudis de ce fait la décision du gouvernement de limoger ce ministre. Cela vient démontrer la volonté des autorités à mettre fin à l’injustice. Finie donc l’époque où un citoyen peut écraser son prochain pour simple question de cravate parce qu’il occupe telle ou telle responsabilité. »

- Un citoyen qui a requis l’anonymat : « Il faut que justice soit rendue »

« Pour moi, quel que soit ce que le mécanicien a fait, le ministre n’avait pas le droit de le bastonner de la sorte. Cela ne valait pas le coût de le faire frapper ainsi. J’accuse le ministre parce qu’il est d’abord un membre du gouvernement et pour cela, il doit faire preuve de maîtrise de soi. En plus, en tant que ministre, il doit s’attendre à tout parce qu’il intervient dans la gestion du pouvoir public. A partir du moment où le citoyen bastonné a présenté des excuses et que lui-même est conscient qu’il est d’un gouvernement de crise, son rôle était d’éviter toute situation qui pourrait entraîner une autre crise. Mais c’est le précédent du Burkina qui a favorisé tout cela car avant, chacun se croyait tout permis. Malgré tout, le fait que le gouvernement l’ait enlevé est une bonne chose mais il ne faut pas qu’on en reste là. Il faut que justice soit rendue. De ce fait, les tribunaux doivent être saisis pour que la lumière jaillisse. En réalité, vous-même, vous m’interrogez certes, mais j’avoue que j’ai peur pour ma vie. Voilà pourquoi je parle dans l’anonymat parce que dans ce pays-là, on ne sait pas qui est qui. »

- Mlle Bella Lodonou, serveuse

« Ce que le gouvernement a fait est une bonne chose. Cela démontre aux grandes personnes que nous autres petites personnes, même si nous n’avons rien, nous avons une dignité et notre liberté. Ce n’est pas bien de frapper quelqu’un ainsi. Le gouvernement a donc bien fait de l’enlever de son poste. »

- Séni Soudré, mécanicien

« A mon avis, le limogeage du ministre, suite à son problème de bastonnade du mécanicien est une bonne chose. Ce sont eux qui disent tout le temps qu’ils sont là pour protéger les citoyens et ce sont eux encore qui oppriment les autres. Mais il faut qu’en plus de ce qui a été déjà fait que la justice soit saisie pour que le ministre s’explique et que la lumière soit faite sur les tenants et les aboutissants de cette affaire. »

Propos recueillis par Ambèternifa Crépin SOMDA, Germaine KERE et Célestin DABIRE

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 27 février 2012 à 12:12 En réponse à : LIMOGEAGE DE JEROME TRAORE : « Des Ougalais se prononcent »

    « SABABOUDJOUGOU » POUR L’ex-ministre de la justice,son heure de depart avait sonnée.

  • Le 28 février 2012 à 21:12, par un frère En réponse à : LIMOGEAGE DE JEROME TRAORE : « Des Ougalais se prononcent »

    Félicitation Luc Adolphe Tiao car pour moi il est le seul instigateur de ce changement.
    Certain argueront en disant que si le président n’était pas d’accord ne changement n’aurait pas lieu mais je répondrai à ses derniers en leurs disant que le premier ministre aurait démissionné si éventuellement le président avait fait opposition (bien sur s’il est respectes ses propres principes).
    Je m’inscris totalement en faux avec ceux qui félicite le président je pense que ses méthodes ne sont pas siennes et nous connaissons ses méthodes que avons subis depuis plus d’une vingtaine d’année.
    Leur devise a toujours été : si tu fais on te fait et puis il y a rien.

    Juste une citoyen qui pense qu’il est juste de féliciter ceux qui ont du mérite

  • Le 26 mars 2012 à 10:47, par Pommera En réponse à : LIMOGEAGE DE JEROME TRAORE : « Des Ougalais se prononcent »

    Il faut être très prudent sur e qu’on dit.voilà que petit à petit l’affaire revient au galot:il faut dire que Jérôme traore n’a jamais donné l’ordre de battre M.KIMA.Cet excellent Magistrat ne peut pas agir ainsi.ce n’est pas possible.N’oubliez pas qu’étant Ministre de la Justice, il est au dessus de la police judiciaire.Immaginons que KIMA soit armé, il aurait pu buter TRAORE avant l’arrivée des forces de l’odre.Nous connaissons nos forces de l’ordre, certains éléments sont brutuales.Toute la justice est sonné par ce problème.On connait bien cet homme.

  • Le 1er avril 2012 à 20:13, par Kosyam En réponse à : LIMOGEAGE DE JEROME TRAORE : « Des Ougalais se prononcent »

    Je crois effectivement que la presse est allé vite en besogne.voilà que la vérité commence à circuler.Dès les premières heures le rapport de la police pour le gouvernement n’a fait que attiser le feu et voilà, SONDO est parti.Au regard des fonctions occupées à la Justice,aux faits gérés, Jérôme TRAORE ne peut pas faire cela, on l’avait bien dit.Il n’a jmais donné l’ordre de battre KIMA.Aux dernières nouvelles, KIMA a exagéré.pour ceux qui le connaissent c’est sa nature.A-t-il un certificat médical ?pourquoi attendre tant de jours avant de se présenter à la presse ?Il portera ça durant toute sa vie.heureusement que certains journaux commencent à replacer les faits.

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