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Zone euro : Quand la maison brûle

Publié le mercredi 22 février 2012 à 00h59min

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Lundi 20 février, les ministres des Finances de la zone euro réunis en Eurogroupe à Bruxelles, entamaient de nouvelles discussions en vue de parvenir à un accord sur un deuxième plan de sauvetage de la Grèce.

Les déclarations optimistes des principaux protagonistes semblaient difficiles à croire lundi matin, tant les réunions se succèdent depuis plusieurs mois sans qu’un accord puisse être trouvé. Aujourd’hui pourtant, la maison brûle. La Grèce, qui doit rembourser 14,5 milliards d’euros avant la date du 20 mars, risque le défaut de paiement si la zone euro ne consent pas rapidement à une aide supplémentaire. Un scénario catastrophe que cette dernière doit elle-même à tout prix éviter si elle veut espérer regagner la confiance des marchés. Si la Grèce tombe, alors, c’est toute la zone euro qui sera éclaboussée. Ainsi les Etats-membres se persuadent-ils qu’il faut sauver la Grèce. Quitte à adopter des mesures paraissant totalement irrationnelles, voire, déraisonnables.

Si le plan de sauvetage est adopté, c’est 130 milliards d’euros supplémentaires que les créanciers publics accorderont à la Grèce. La tête nous tourne devant de telles sommes.
Tandis que notre tête tourne, celle des Grecs chauffe. Car si le plan est adopté, c’est une politique d’austérité encore plus rude qui risque de se poursuivre pour eux. Déjà passés par une hausse des taxes, une diminution, voire, un gel des pensions et des salaires dans le service public, ils risquent ainsi de devoir prochainement se soumettre à d’autres mesures draconiennes et à l’accélération des réformes exigées par l’Europe en contrepartie de l’aide. Depuis des mois, des manifestations font rage à travers le pays.

Le peuple grec, littéralement asphyxié par les mesures gouvernementales drastiques, semble garder l’espoir d’être pris en considération. Mais jusqu’ici, aucun décideur ne semble s’inquiéter des terribles conséquences que peuvent avoir de telles mesures économiques. En faisant fuir les investisseurs étrangers, et empêchant la reprise d’une quelconque croissance, la politique d’austérité à laquelle se soumet la Grèce a pourtant peu de chances d’être efficace. Ainsi pris dans un cercle vicieux, le pays pourrait mettre plus d’une décennie à sortir la tête de l’eau. Les Grecs le savent, et n’y sont pas prêts. Qui le serait, d’ailleurs ?

Face à cette situation, certains économistes comme le Français Jacques Sapir, ou l’Allemand Wilhem Hankel militent à l’inverse pour une sortie de la Grèce de la zone euro et une dévaluation de sa monnaie. S’il est vrai que cette initiative engendrerait une perte totale de confiance des marchés, redoutant l’isolationnisme du pays, elle lui permettrait en revanche de reprendre temporairement son souffle, de sauver ce qui reste de son service public, et enfin d’accroître sa compétitivité en vue d’une reprise progressive de la croissance. Et puis, quelle cote de confiance les marchés attribuent-ils à la Grèce aujourd’hui ?

Mais les autres pays de la zone euro, craignant les répercussions à court terme sur leurs propres économies, ne sont pas prêts à « laisser tomber la Grèce ». Aussi paradoxal que cela puisse paraître, il n’y a en Europe, d’autre mot d’ordre que celui de renforcer le libéralisme qui est pourtant à l’origine de la déstabilisation de la zone. Avec la crise, les pays émergents font peur. Loin est à présent le temps de l’âge d’or occidental qui dictait sa conduite au reste du globe. La donne mondiale change, et chacun peut espérer tirer son épingle du jeu. Le vieux continent s’emploie donc généreusement à montrer à quel point il est fort, et capable de survivre, uni et solidaire, face aux événements. Mais cette Europe-là n’est-elle pas déjà morte ? Ses dirigeants, qui ne s’étaient jamais prononcés pour un fédéralisme de l’Union sont pourtant bel et bien en train d’y succomber. Sans s’être préalablement dotés d’institutions politiques et sociales suffisamment fortes pour pouvoir le supporter. En d’autres termes, en écartant délibérément le peuple du « berceau des démocraties » de chacune des décisions, si importante soit-elle. En manipulant également ci et là les enjeux de cette crise européenne, à des fins notamment électoralistes.

Aujourd’hui, c’est le peuple grec qu’on prive d’une partie de sa souveraineté. Qu’arrivera-t-il demain ? Sans doute peut-on encore compter sur un nouveau plan pour sauver une Union européenne qui prouve pourtant son échec jour après jour.

Cerise ASSADI-ROCHET / stagiaire

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 22 février 2012 à 15:21 En réponse à : Zone euro : Quand la maison brûle

    Zone Euro, quand la maison brûle, il est temps pour nous d’en sortir et de faire la rupture avec le Franc CFA, ce Franc des colonies françaises d’Afrique. Voilà pourquoi des dévaluations répétitives sont à l’horizon.

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