Le Tour de la CEDEAO 2012, s’est achevé à Abidjan hier 19 février. Une fois n’est pas coutume sur ce Tour, un Burkinabé n’a pas franchi le premier la ligne d’arrivée au terme des 113,400km qui séparent Aboisso d’Abidjan. Bien avant l’arrivée de l’étape, 54 sur 68 coureurs ont pris le départ. Le directeur sportif de la Guinée-Bissau a fait la dernière étape comme un touriste ses coureurs ayant tous jeté l’éponge. Une fois lancé, le peloton se scinde en deux et avale ainsi les 113,400km. La forces de l’ordre ivoiriennes impressionnent par leur mobilisation mais aussi par leur maîtrise de la situation. C’est l’unique pays où les coureurs ne disputent pas la chaussée aux usagers de tous les jours. Librement le peloton de tête s’est présenté sur la ligne d’arrivée pour le sprint final.

Là, Becaye Traoré offre à son pays une victoire très importante. « Ouf, on a sauvé notre Tour. Nous étions venus pour le gagner. Mais repartir bredouille aurait été très amer » dira Perera, le directeur sportif du Sénégal. Mais pour le vainqueur de l’étape, la victoire n’est que vengeance faite. « J’ai mal jugé la ligne d’arrivée lors de la 3e étape. En arrivant ce jour 3e je me suis juré de démontrer à tous lors de la dernière étape, que je suis plus rapide que tous », a déclaré M. Traoré. Arrivé 2e, le grand vainqueur de la course, M. Rasmané Ouédraogo en sourit. « Je laisse Bécaye Traoré assumer ses propos. Personnellement, j’ai été gêné par Bassirou Konté de la Côte d’Ivoire qui m’a barré la route. C’est maintenant son habitude. Mais je ne vais pas en faire un problème.

On gagne toute la course, c’est l’important », a-t-il dit. L’accusé ne nie pas. « Vous saviez, moi je suis un sprinter. On m’accuse toujours de bloquer les autres. Franchement, je ne le fait pas sciemment. Quand arrive l’heure du sprint, se lancer les yeux fermés. Je peux coincer alors un adversaire », tentera-t-il de justifier. A la vérité, Rasmané Ouédraogo ne pouvait pas être très mécontent de son Tour. Le président de la Fédération burkinabè de cyclisme, Alassane D Ouangraoua est très satisfait lui aussi des performances de ses coureurs. « Nous avions apporté la preuve que nous étions les plus forts dans la sous-région. Evidemment, nous n’allons pas dormir sur nos lauriers.Entre nous, nous sommes meilleurs, mais il y a mieux ailleurs », dira t-il.

Le représentant du facilitateur du dialogue inter-ivoirien, Boureima Badini, présent à la ligne d’arrivée pour accueillir les coureurs, s’est dit très satisfait. « J’ai suivi l’hégémonie du Burkina sur cette course avec beaucoup de satisfaction et de fierté. Vous savez, le cyclisme burkinabè ne peut pas ne pas marcher fort. Quand le président du Faso offre 25 vélos aux coureurs, il apporte l’énergie nécessaire pour aller chercher les victoires. Je félicite les coureurs ? » a soutenu le représentant du facilitateur, Boureima Badini. Au décompte final, les cyclistes burkinabé se taillent la part du lion. Ils confisquent tous les maillots majeurs ne laissant que le maillot de la combativité aux autres. Ainsi, Rasmané Ouédroago garde le maillot jaune de leader de la course, le maillot vert de classement aux points.

En fait, Rasmané a fait main basse sur ses deux maillots à l’issue de la 2e et 3e étape qu’il a gagnées jeudi et vendredi. Son co-équipier, Seydou Bamogo s’empare du maillot du meilleur jeune et celui des points chauds. Le maillot de la combativité est revenu à Oumarou Minougou. De même, la meilleure équipe n’est autre que le Burkina. Seule fausse note, on ne sait pour quelle raison, à l’arrivée, les organisateurs décident de chanter l’hymne national du Sénégal en l’honneur du vainqueur de l’étape oubliant royalement celui du grand vainqueur de la compétition, le Burkina ! Pourtant notre pays a vraiment sonné une grande mobilisation pour cette arrivée. Outre le représentant du facilitateur, l’ambassade du Burkina s’est vidée pour l’occasion. L’ambassadeur, Justin Koutaba lui-même étant à Ouagadougou, l’attaché de défense, le colonel Jean Baptiste Ouédraogo assisté de Madame Soulama Hélène, conseiller sportif à l’ambassade du Burkina en Côte d’Ivoire et une représentation du consulaire étaient là bien visibles à la ligne d’arrivée.

La délégation burkinabè a manifesté son mécontentement. Le ministre des Sports de la Côte d’Ivoire saisi, a jugé l’incident fort regrettable. Le soir venu, le ministre s’attendait à voir des mesures prises à la cérémonie pour corriger l’erreur comme l’avait promis la fédération ivoirienne de cyclisme. Mais il n’en sera rien. Très remonté, le ministre des Sports a publiquement réprimandé.
Il a instruit les organisateurs à réorganiser, le jour suivant une cérémonie digne d’un champion où le trophée de vainqueur sera remis au Burkina. Le commissaire aux ressources humaines et genres, Adrienne Diop de la CEDEAO, qui a fait le déplacement d’Abidjan pour féliciter les champions, n’a pas non plus caché sa déception face à une telle organisation ratée. Ainsi, les coureurs ne rentreront au pays que demain mardi au lieu de lundi comme prévu. En attendant, l’ambassade a rencontré les coureurs, le dimanche dans leur hôtel pour les féliciter.

Jérémie NION

Sidwaya