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ATTAQUE DE LA RESIDENCE DE ALPHA CONDE : L’heure de vérité ?

Publié le mardi 21 février 2012 à 00h56min

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L’actualité judiciaire en Guinée Conakry est marquée depuis hier 20 février 2012 par la tenue des assises criminelles. La session de cette année retient particulièrement l’attention, tant en Guinée qu’à l’extérieur, à cause d’un dossier qui est au rôle. Il s’agit de celui de l’attaque, en juillet 2011, du domicile privé du chef de l’Etat Alpha Condé. Si ce dernier en avait réchappé, un de ses gardes du corps y a perdu la vie et d’autres personnes avaient été blessées. A l’époque, il y avait eu beaucoup de supputations sur cette attaque surprenante. Qui en voulait tant à l’opposant historique devenu président, au point d’attenter à sa vie ? Qui pourrait bien être derrière cet attentat ? Ce sont là des questions récurrentes restées sans réponse.

On a même redouté des règlements de comptes avec les arrestations opérées, les accusations de complicité portées par Alpha Condé lui-même ou encore l’exil auquel s’est résolu, par exemple Bah Oury, le n°2 du principal parti d’opposition, l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée), de Cellou Dalein Diallo. Aujourd’hui, avec le procès annoncé, on est, en principe, en droit d’avoir des réponses à certaines questions. A moins d’un renvoi pour quelque motif que ce soit, toutes les personnes impliquées dans cette attaque devront pouvoir s’expliquer en toute liberté et éclairer la lanterne de l’opinion nationale et internationale sur ses tenants et aboutissants.

C’est le minimum auquel on doit s’attendre pour peu que le procès soit équitable, que les droits de la défense soient scrupuleusement et rigoureusement respectés. En d’autres termes, que les accusés ne soient pas d’office condamnés avant même d’être entendus. Déjà, le fait que ces derniers aient même l’opportunité de se présenter dans un prétoire pour s’expliquer sur un fait aussi grave que l’attaque du domicile du premier des Guinéens est en soi un événement. L’histoire de ce pays regorge de cas de personnes accusées à tort ou à raison – beaucoup plus à tort - de complots contre la sûreté de l’Etat, de coups d’Etat. Elles ont été soit exécutées sans avoir jamais eu la moindre occasion de se défendre soit envoyées au tristement célèbre camp Boiro. Bref, cela c’était une certaine époque, celle de Sékou Touré notamment, avec la « complotite » qui était une épée pouvant s’abattre sur n’importe qui à n’importe quel moment.

Etat de droit oblige, il faut donc rompre avec ce passé peu glorieux. C’est cela aussi le grand acquis de l’Etat de droit dans lequel la Guinée s’est engagée avec plus ou moins de succès. Tout n’est pas encore aux normes souhaitées avec les différentes critiques formulées contre le pouvoir de Condé qui a la lourde charge de remettre la Guinée sur les rails. Le procès de cette affaire sensible est par exemple un test pour la justice qui laisse encore sceptique quant à sa véritable indépendance. Et cela bien qu’elle ait par exemple inculpé tout récemment un proche du chef de l’Etat dans le cadre du massacre du 28 septembre 2008 au stade de Conakry. De ce point de vue, c’est aussi le procès de la justice qui sera fait à l’occasion de ces assises criminelles. Alors, l’heure de vérité a-t-elle vraiment sonné dans cette affaire d’Etat ? On est bien obligé d’attendre de voir pour se faire une opinion définitive.

Séni DABO

Le Pays

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