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Intégration régionale : « La monnaie unique dans la zone CEDEAO peut être une réalité en 2020 »

Publié le mercredi 15 février 2012 à 02h40min

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« La politique du Sénégal dans le cadre de la mise en œuvre des Protocoles de la CEDEAO » a constitué l’un des modules du stage sur les « enjeux journalistiques sur l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest » qui se tient à Dakar du 6 au 17 février 2012 au profit de journalistes de la région. Il ressort que l’un des programmes phares de cet organisme intergouvernemental est la création d’une monnaie unique. Des précisions sur ce projet avec Demba Camara, économiste planificateur à la Cellule nationale de la CEDEAO, chargé des programmes économiques (Sénégal).

Peut-on en savoir un peu plus sur le projet de création d’une monnaie unique dans la zone CEDEAO ?

La CEDEAO a décidé depuis 1987 de mettre en place un programme de coopération monétaire. Il est vrai qu’il a tardé à se mettre en place, mais depuis 2009, il existe une feuille de route très claire sur la création de la monnaie unique vers 2020. A cet effet, il y a actuellement deux zones monétaires dans l’espace CEDEAO. La zone UEMOA où les pays partagent déjà une monnaie unique : le CFA. Et la zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO) qui regroupe les sept autres Etats qui n’ont pas la même monnaie. (Il s’agit, du Nigeria, du Ghana, de la Guinée, du Cap-Vert, du Libéria, de la Gambie, et de la Sierra Léone). La ZMAO est donc en train de travailler pour harmoniser les critères économiques pour aller vers une monnaie unique en 2015. Après cela, l’ensemble UEMOA et ZMAO iront en 2020 vers la monnaie unique au regard des critères de convergence de la CEDEAO.

Pourquoi un tel projet ? Quel sera son impact sur l’économie de l’espace communautaire ?

La CEDEAO doit nécessairement aller vers une zone économique unifiée. Elle doit avoir un marché commun pour un libre échange avec une union douanière. Cela est bien clair dans le traité révisé de la CEDEAO. A mon avis, ce serait une étape importante. Si aujourd’hui nous partageons une monnaie unique dans la zone CEDEAO, cela aura un impact assez important sur le développement humain. Le projet de monnaie n’est certes pas une panacée, mais elle pourrait avoir un véritablement impact aussi bien économique que sociale. Ce qui va d’ailleurs en phase avec le slogan actuel de la CEDEAO qui est de passer d’une CEDEAO des Etats vers une CEDEAO des peuples.

A quel niveau se trouve alors ce projet ? Est-ce que tous les pays membres de la CEDEAO sont partants ?

Pour l’heure, 14 pays sont engagés dans ce processus. Seul le Cap-Vert est très souvent absent aux réunions de surveillance multilatérale. Je ne peux donner des raisons assez claires, mais ce constat est fait par tous les délégués des autres Etats. Cette question sera soumise aux autorités politiques notamment au niveau du Conseil des ministres de la CEDEAO et de la Conférence des chefs d’Etats, pour avoir des explications au niveau du processus de surveillances multilatérales.

Et quelle sera la valeur de la monnaie unique ?

La CEDEAO a crée une agence monétaire qui est en train de faire ce travail technique. Une feuille de route est établie, mais on ne peut pas pour le moment donner une valeur exacte. Les techniciens sont à pied d’œuvre au niveau de l’UEMOA et de la ZMAO. Je pense que vers l’échéance, on pourrait avoir une idée claire du nom de la monnaie, mais aussi de sa valeur. Tout cela dépendra de la situation économique globale de l’espace CEDEAO. Ce serait en tout cas, un choix politique.

Pourquoi justement un choix politique ?

A l’UEMOA, on est allé à une monnaie unique sans un critère de convergence. C’est après que les critères de convergence ont été décidés. Je reste alors convaincu que si le travail technique qui est en train d’être mené respecte les échéances inscrites sur la feuille de route, seule une décision politique pourra ordonner l’exécution opérationnelle. Pour le moment, beaucoup de personnes estiment que le projet ne pourrait être opérationnel d’ici à 2020. Ils estiment qu’il pourrait aller encore au-delà. Toujours est-il que ce sera un choix politique qui enclenchera le mécanisme.

Aujourd’hui, comment se porte la CEDEAO en termes de crédibilité ?

Cette question est bien sensible. La CEDEAO fait face à beaucoup de critiques de nos jours. Mais il faut comprendre le contexte régional. La différence, les intérêts et les difficultés des Etats. Malgré tout, la CEDEAO est consciente du rôle de leadership qu’elle doit jouer pour asseoir la paix et la sécurité, mais aussi un développement économique et social dans la région. Beaucoup ont considéré que nous avons perdu la décennie 80-90. C’est pourquoi, les 10 prochaines années doivent être consacrées au développement. A ce titre, il faut que les Etats membres soient véritablement impliqués dans l’atteinte des objectifs de la CEDEAO.

Interview réalisée par Bassératou KINDO à Dakar

L’Express du Faso

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