Débutée le 18 octobre dernier avec la concertation des experts et acteurs de la question de l’aménagement territorial, elle a pris fin le 19 octobre avec la réunion ministérielle.

Comment peut-on construire un développement humain, économique durable sans le projeter sur le territoire ? Les Etats de l’Afrique occidentale et centrale ont-ils encore intérêt dans ce "millénaire d’économie sans frontières" à s’enfermer dans des frontières étriquées ?

"Aucun développement durable de notre région ne sera possible si l’on ne renoue pas résolument avec les politiques d’aménagement du territoire, si l’on n’inscrit pas nos réflexions et nos actions dans ce domaine, dans une perspective régionale et si l’on ne se préoccupe pas d’insérer notre région dans l’espace de la mondialisation de manière compétitive", a répondu M. Jean Pierre Elong Mbassi, secrétaire général du Partenariat pour le développement municipal (PDM) à la cérémonie d’ouverture de la rencontre des experts et acteurs de l’aménagement du territoire. Ceux-ci ont traité des problèmes environnementaux et urbains, de la question du déséquilibre permanent entre la croissance économique et la population mais aussi celles des migrations, de la répartition et de l’occupation spatiales. Leurs travaux ont permis d’aboutir à un plan d’action qui a été adopté par les ministres.

Des conclusions des experts, il ressort que le développement est un processus qui doit incorporer le court terme et le long terme. Il ne peut se réaliser purement au plan national car les programmes définis à ce niveau ne tiennent pas suffisamment compte des préoccupations transfrontalières en termes de complémentarité. Les politiques nationales ont produit des résultats très limités et "l’approche régionale concertée constitue l’alternative idéale, sûrement le meilleur moyen de relever le défi grâce à la définition d’objectifs communs à atteindre dans un élan de solidarité et de complémentarité", a souligné le commissaire Tchaa-Kozah Tchalim du département de l’aménagement territorial de l’UEMOA qui a présidé la réunion des experts.

Des inquiétudes existent

La population urbaine de la région a plus que triplé depuis les indépendances et nos villes absorbent plus des 2/3 du croît démographique alors que les infrastructures et les équipements urbains ne se développent pas au rythme des besoins que génère cette croissance. Les projections faites dans ce domaine par les experts pour les 25 prochaines années à venir sont inquiétantes. "Un tel phénomène risque d’aggraver les déséquilibres économiques, écologiques, financiers et sociaux tout en aiguisant les tensions et l’insécurité sociales" a fait remarquer M. Luc-Marie Constant Gnakadja, ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat de la République du Bénin, président du Conseil des ministres de l’UEMOA. La population ouest-africaine est essentiellement concentrée sur le littoral et engendre une pression environnementale. L’origine des conflits armés est liée dans la plupart des cas, au contrôle et à l’exploitation des ressources naturelles communes situées aux frontières des Etats.

Dans ce cas de figure, comment envisager le devenir du développement de la sous-région ?

Afro-optimisme et décentralisation comme alternative

Récemment, la priorité aux considérations macro-économiques a relégué au second plan, la dimension territoriale, qui est au cœur du développement local. Ces politiques macro-économiques qui résultent des Programmes d’ajustement structurel (PAS) ont révélé leur échec, soutient M. Luc-Marie Constant Gnakadja, président du Conseil des ministres de l’UEMOA. Cette stratégie de développement importée doit être revue en donnant le plein pouvoir aux collectivités locales, d’imaginer et de réaliser leur propre destinée.

Selon M. Soumaïla Cissé, président de la Commission de l’UEMOA, la tenue de cette rencontre régionale sur l’aménagement du territoire s’inscrit dans ce cadre de concertations élargies dont le PDM et l’UEMOA ont convenu dans l’accord de coopération signé le 14 juin 2004. Pour Mme Séraphine Solange Ouédraogo qui a représenté le PDM, les populations ouest-africaines et centrales doivent cultiver l’afro-optimisme, avoir foi en leurs propres forces et en leurs propres schémas de développement. Il s’agit de faire des villes, des moteurs de développement des zones rurales. A cet effet, il a été demandé aux jeunes d’imaginer leur ville dans 30 ans à travers un dessin. Les lauréats de ce concours ont été récompensés à la fin de la réunion.

Aïssata BANGRE
Babou - Nébon BAMOUNI (Stagiaire)
Sidwaya