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Guinée : Le sang des victimes du 28 septembre ne coulera pas en vain !

Publié le lundi 13 février 2012 à 02h31min

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Le vent semble avoir changé de direction. Les victimes des tristes événements du 28-septembre en 2009 peuvent se réjouir et se faire à l’idée que l’heure de la vérité a sonné. Le sommeil des présumés bourreaux est plus que jamais trouble. Une action judiciaire est en passe de rompre le train-train confortable des « assurés d’une totale impunité ». D’aucuns seraient tentés de dire que c’est une belle tentative tardive de calmer les associations de défense des droits des victimes. Qu’importe, les autorités judiciaires ont eu le mérite d’ouvrir un dossier brûlant sur des hommes qui exerceraient encore des influences sur les manettes du pouvoir Condé. Surprenant que cela puisse paraître, on ne comprend pas pourquoi c’est maintenant qu’elles ont décidé de mettre un terme au calvaire des victimes.

On ne sait quelle mouche les a piqués pour qu’elles se décident à inculper les prétendûment commanditaires de la barbarie meurtrière des bidasses qui a occasionné le viol de dizaines de femmes, la mort et la disparition de 200 personnes.

De là, à s’en prendre au lieutenant-colonel Moussa Tiégboro Camara, c’est bien suspect. Qu’à cela ne tienne, le sieur a été longuement auditionné, le 8 février 2012. Sa responsabilité relèverait du fait qu’il était présent au moment des évènements. Pire, les traces matérielles des troufions qui servaient sous ses ordres, ont été découvertes sur les lieux. Mais qui est cet homme ? A l’époque de la transition conduite par le Conseil national pour la démocratie et de développement (CNDD), Tiégboro Camara était secrétaire d’Etat chargé des services spéciaux, de la lutte contre la drogue et le grand banditisme.

A ce titre, il a mis le grappin sur un impressionnant nombre de narcotrafiquants et de malfrats. Ce qui lui a valu d’être à nouveau coopter par les nouvelles autorités guinéennes qui le détachèrent à la Présidence de la République pour assurer les mêmes fonctions. Qu’un haut fonctionnaire de l’administration publique, de surcroît un militaire, soit inquiété, est un fait rarissime dans ce pays. L’on est tenté de se demander s’il n’est pas devenu trop encombrant pour les nouvelles autorités qui ont décidé de se séparer de lui. Et il ne serait pas le premier baron de l’ex-junte à péricliter des cimes du pouvoir à la cuve du cachot. C’est le cas de l’ex-secrétaire permanent du CNDD, M. Keïta et l’ex-chef d’état-major, M. Thiam, accusés, entre autres, de tentative de coup d’Etat.

Que des bruits faisant état de son arrestation aient couru dans la cité, le 23 août dernier, on peut et à bon droit, penser que c’était une forfanterie pour jauger la réaction de M. Camara et de ses partisans. De ce point de vue, le valeureux officier est désespérément sur la sellette. Sauf si les autorités gouvernementales n’y ont rien à voir et que la justice agit en toute indépendance. Il pourrait alors bénéficier de leur viatique comme ce fut le cas avec les précédents auteurs de crimes de sang qui ont émaillé la vie politique guinéenne. Avec les empiétements judiciaires, l’on risque d’assister à d’interminables procédures, ponctuées d’affirmations approximatives aux contours douteuses. Son acquittement ne viendrait que confirmer les doutes des avocats des victimes qui se gardent de verser dans le triomphalisme.

C’est le signe que le gouvernement guinéen est dans l’embarras. Pourtant, il a tout à fait intérêt à rompre avec les vieilles habitudes qui faisaient de la Guinée, le cauchemar de la justice. Il gagnerait à l’encadrer, en permettant aux langues de se délier, pour que le droit soit dit. Car ce n’est que dans cette dynamique que l’on pourrait connaître qui a fait quoi et pour qui. De sorte que les autres qui viendraient à être nommément cités, répondent à leur tour, aux chefs d’accusation qui pèsent également sur eux. En attendant la matérialisation de cette hypothèse, les observateurs scrutent, avec un grand intérêt, ce pays dont les autorités ne cessent de proclamer un renouveau démocratique.

Adama BAYALA (badam1021@yahoo.fr)

Sidwaya

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