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Forum national de l’eau du Benin : Dernière étape avant Marseille pour l’initiative « A l’Eau l’Afrique, A l’Eau le Monde »

Publié le vendredi 10 février 2012 à 00h37min

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A la suite du Burkina Faso, du Sénégal, du Togo, du Mali et du Niger, c’est au tour du Benin de tenir sa concertation nationale de l’eau et de l’assainissement du 08 au 10 février 2012 à Dassa-Zoumé, à un peu plus de 200 km de Cotonou la capitale. Jeunes, femmes, ONG, secteur privé, collectivités locales, administration centrale, partenaires techniques et financiers, ils sont près de 150 personnes intervenant dans le secteur de l’eau à prendre part à cette concertation multi-acteurs en prélude au 6e forum mondial de l’eau qui aura lieu à Marseille en mars prochain. Partage de préoccupations et concertations entre groupes d’acteurs à profil spécifique du Bénin visent à parvenir à des recommandations pertinentes sur des solutions durables, puis harmoniser les voix autour d’un message à porter au niveau international.

Plus qu’un mois, et la ville de Marseille vibrera au rythme du forum mondial de l’eau. Le forum de 2012 se veut celui des solutions. Le Bénin ne compte donc pas rester en marge de cette rencontre internationale. La rencontre de Dassa-Zoumé organisée par le Ministère en charge de l’Eau au Bénin, se tient dans le cadre de l’initiative « A l’Eau l’Afrique, A l’Eau le Monde », portée par l’ONG internationale Eau Vive et ses partenaires techniques et financiers en collaboration avec les Etats. En route pour Marseille, Dassa-Zoumé est donc la dernière étape pour une préparation efficiente. L’initiative « A l’Eau l’Afrique, A l’Eau le Monde » mobilise six pays de l’Afrique de l’Afrique de l’Ouest dont les acteurs souhaitent parler d’une voix à Marseille. Ainsi donc, la concertation de Dassa-Zoumé au Bénin vient boucler la boucle après celles de Dakar, Ouagadougou, Lomé, Bamako et Niamey.

Afin de faire l’Etat des lieux du secteur eau et assainissement et définir des modalités spécifiques pour des services performants en soutien au développement durable, le forum du Bénin se tient sous le thème principal : « l’eau pour tous et pour tout : réalités, effectivité, responsabilités et priorités d’action ». Un thème qui se déclinent en trois sous-thèmes spécifiques : eau et bien-être pour tous ; eau, réduction de la pauvreté et croissance économique ; ressources en eau et développement durable. C’est le secrétaire général du ministère, Corneille Ahouansou, représentant le ministre de l’énergie, des recherches pétrolières et minières, de l’eau et des énergies renouvelables (MEPMEDER) qui a présidé l’ouverture officielle des travaux. Il a demandé des excuses à toutes pour les frustrations occasionnées lors des préparatifs avant de souhaiter des échanges fructueux et des débats constructifs afin de parvenir à des recommandations pertinentes à même de porter haut la voix du Bénin au forum de Marseille.

Cinq allocutions ont marqué la cérémonie d’ouverture. D’abord, le maire de Dassa-Zoumé et le préfet de Zou-Collines pour souhaiter la bienvenue aux participants. Puis, le directeur général de l’eau, Ibrahima Adam Soulé est revenu sur les incertitudes qui ont émaillé la tenue de ce forum, reporté à plusieurs reprises. Comment, quand et où tenir ce forum ? Les tractations pour parvenir à un consensus furent longues et plein de rebondissements. Mais, « cette rencontre est la bienvenue ». C’est du moins, ce qui semble se dégager chez les différents participants. Même son de cloche du directeur général adjoint d’Eau Vive, Jean Bosco Bazié ainsi que le secrétaire général du MEPMEDER du Bénin. Ils se sont tous réjouis de l’effectivité de cette rencontre importante. Des bénédictions de Sa Majesté Tossoh Gbaguidi XIII, roi de Savalou ont mis fin à la cérémonie d’ouverture.
Gestion des services d’eau au niveau local : autorités locales et centrales se rejettent la balle.

La route vers Marseille est en train d’être balisée. Comme il fallait s’y attendre, les débats furent passionnés. Ce, dès la session plénière inaugurale portant sur « l’état des lieux du secteur eau et assainissement » au Bénin ; et sur « décentralisation dans le secteur de l’eau : avancées et perspectives ». Les discussions le seront pratiquement toute la journée, avec une attention particulière sur le rôle des élus locaux et l’Etat central. Là, les uns et les autres ne sont pas allés du dos de la cuillère. « Changeons de mentalité, évitons la politisation de toutes les questions », lance du fond de la salle, un maire. Juste avant, on venait de faire un véritable procès aux élus locaux. Certains sont taxés d’incompétents, d’autres de ne pas être transparents s’ils ne sont pas simplement traités de « délinquants économiques » ou de myope politique. Pas question de se laisser faire, pourtant. Ceux-ci rejettent la responsabilité sur l’Etat central qui ne leur donnerait pas plein pouvoir sur le sujet de l’eau. « Il y a tellement d’articles de loi qui permettent aux maires de faire beaucoup de choses.

La loi vous permet de faire plus que ce que vous faites, Evitons de nous mentir à nous-mêmes ». Réplique-t-on côté Etat.
Là, encore c’est au « sage », Sa Majesté Tossoh Gbaguidi XIII, roi de Savalou de recadrer. « Parmi les maires, il y a des brebis galeuses. Si vous ne prenez pas les taureaux par les cornes, un désastre va s’abattre sur Savalou. Notre maire dort. Avec vos gestes, nous sommes désœuvrés. (…) D’ailleurs, la plupart des maires ne comprennent pas la notion de décentralisation… », soutient-il avant se tourner vers l’Etat central. « Notre Etat ne sait pas ce qu’on appelle politique du développement, il ne connait que la politique politicienne, l’ethnocentrisme, le régionalisme. L’Etat veut nous tuer, ce n’est pas normal. L’assainissement ? Est-ce une préoccupation de l’Etat béninois ? », assène-t-il sans ménagement aucun avant de tempérer : « néanmoins, il est encore plus difficile de faire confiance aux maires qu’à l’Etat (…) ». Suit alors un tonnerre d’ovations. Comme quoi, la cause est entendue.

Cette question de transfert des compétences est pratiquement revenue dans tous les forums « A l’Eau l’Afrique, A l’Eau le Monde ». On se rejette toujours la responsabilité de part et d’autre sans jamais pouvoir réellement situer les vraies responsabilités. Comment trouver la solution ? Pour l’instant, la question demeure et devra être prise à bras le corps par les décideurs.

Malgré ces échanges très critiques mais francs, le Bénin est en avance sur bien d’autres pays. Le taux d’accès à l’eau par la population se situe à environ 70%. L’assainissement, non plus n’est pas mal loti. Le taux de couverture est de 44%. Si la cause semble perdue pour l’atteinte des OMD dans le secteur assainissement. Côté accès à l’eau, si le cap actuel est maintenu et renforcé, les OMD sont à portée de main pour le Bénin.

Le forum prend fin le 10 février 2012. Les organisateurs donnent rendez-vous au public à Cotonou pour un concert géant le samedi 11 février. Une dizaine d’artistes feront des prestations sur scène, accompagnées de messages forts pour la cause de l’eau. Dialogues multi-acteurs, concerts artistiques, caravane pour l’eau. Ainsi se résume le programme de cette concertation multi-acteurs de l’eau et l’assainissement du Bénin. Bonne route pour Marseille ! Pourrait-on dire.

Moussa Diallo, envoyé spécial à Dassa-Zoumé au Bénin

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