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Société : Vous avez dit autorité...parentale ?

Publié le jeudi 9 février 2012 à 03h03min

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Autrefois, il y avait les camps d’initiation. Par classe d’âge, on y formait les jeunes du village. Ce n’est qu’après le passage dans ces camps, que l’on passait dans la classe des hommes complets. On connaît désormais les bonnes manières. On assistait plus âgé que soi et même moins âgé que soi. Par exemple, on puisait l’eau pour la vieille, on lui coupait du bois mort ; on aidait le vieux dans ses travaux. Tout cela sans esprit de compensation aucune si ce n’est morale et spirituelle.

Jadis, procurer une bonne éducation aux enfants était le centre de préoccupation des parents.

Puis vint l’école. Plus de camps d’initiation ; on fera tout à l’école. Et effectivement, les premières générations d’élèves se voyaient enseigner la morale. C’est-à-dire quelques notions jadis enseignées dans les camps. Mais de plus en plus, qu’est-ce qu’on voit ? Plus de morale à l’école. A la maison aussi, rien. La télé remplace les parents comme dit le chanteur burkinabé Zêdess.

Conséquences.

On voit des jeunes vivre dans nos contrées comme dans les fictions qui passent à la télé. On ne connaît plus le grand frère. On fume du tout ; on boit ; on drague les filles. On les amène à la maison sous le regard tolérant du père. On voit souvent des cas où, des pères lorgnent, les copines de leurs enfants.

Que dire des filles ? Les tenues sont de plus en plus courtes et légères. Elles sortent et rentrent quand elles veulent. Plus de temps pour faire la cuisine, s’occuper de la petite sœur, apprendre à tresser les cheveux. Elles reçoivent les petits copains à la maison, souvent avec la complicité des mères.

Bref ! Bars, boîtes, fringues, etc. Les enfants s’offrent ces libertinages, très souvent avec l’argent des parents. Regardez ces enfants de leurs pères prédateurs nationaux qui, dans leur ferveur de luxure lavent leur voiture au champagne sur une des grandes avenues de la perdition de la capitale d’un pays où la majorité crève la faim. Regardez sur la même avenue ces gosses de basse-cour qui débarquent dans de rutilantes 4X4, tous de noir vêtus. Les « enfants de la cour royale » qu’il se font appeler en imposant leur loi par la position sociale de leur parent et en flambant l’argent qu’ils n’ont pas gagné par la sueur de leur front.

Regardez ces mômes qui font des compétitions de collection des bouteilles de champagne, et qui rivalisent à travers des ventes aux enchères des boissons de luxe dans des boîtes de nuit huppées de la capitale. Jadis, procurer une bonne éducation aux enfants était le centre de préoccupation des parents.

Non, cela, on ne peut le dire aujourd’hui. De nos jours, ce sont mêmes les parents qui sont à l’origine de la dépravation des moeurs de leurs rejetons. Le père voit son enfant organiser le défilé des filles de son quartier. Ce n’est pas un problème. Au contraire, on l’admire pour sa virilité.

Tenez. Autrefois, les parents par pudeur, n’acceptaient le moindre cadeau de leurs enfants sans en connaître d’abord sa provenance et surtout si l’origine est respectable. Mais aujourd’hui, que voit-on ? La mère accepte avec un très grand plaisir, le contenu du sachet noir que sa fille a ramené de son escapade nocturne. Elle n’a pourtant pas demandé la permission de sortir ni dire où elle partait. Des mères se lamentent et poussent souvent le bouchon jusqu’à se plaindre auprès du bon Dieu « Oh Dieu, qu’ai-je donc fait pour mériter une fille comme celle là ». Malheur aux filles qui ne ramènent rien de retour de leurs virées. Elles entendront les chansons du genre « honte à toi. Une grande fille comme toi qui ne peut se prendre en charge ! Regarde donc les autres dans leurs voitures et sur leurs motos ! Qu’ont-elles de meilleurs en elles que toi ? ». Il est très fréquent de voir dans des familles modestes, des jeunes filles en possession d’engins ou s’habiller de vêtements de luxe sans que leurs parents ne s’interrogent ou se soucient de leur provenance. Plus grave encore dans ces familles modestes, ce sont ces filles qui entretiennent leurs familles quand bien même elles ne soient pas salariés et n’ont pas d’activités lucratives. Que font-elles alors ?

Jadis, procurer une bonne éducation aux enfants était le centre de préoccupation des parents.

Aujourd’hui, papa, maman et fiston se croisent dans les mêmes night clubs, salle de ciné et de spectacles.

Tout fout le camp ! Où est l’autorité ? Où est la morale ? Que réserve l’avenir ? Sodome et Gomorrhe ?

Par Bendré

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Vos commentaires

  • Le 9 février 2012 à 07:27, par SONM-BOINM En réponse à : Société : Vous avez dit autorité...parentale ?

    Bravo mr le journaliste. C’est un raisonnement cohérent et actuel qui interpelle tout le monde et d’ailleurs qui perturbe déjà les futurs parents.
    avec histoire de bonus, certaines filles peuvent recevoir jusqu’à 25 000 franc cfa de recharge ce qui représente peut être la recharge annuelle de certains fonctionnaires moyens...
    Sans oublier ces milliers d’enfants nés sans père ou attribué à un père fictif, dus à la transition du mariage coutumier au mariage moderne ou civilisé des années 90 à nos jours. Quelle est leur éducation ?

  • Le 9 février 2012 à 12:26, par Moran En réponse à : Société : Vous avez dit autorité...parentale ?

    Excellent article, félicitations monsieur le journaliste pour votre bonne vision et votre courage. Rien à ajouter, car il y a très peu de personnes aujourd’hui qui ont le sens de l’éthique basé sur l’éducation et la morale.Il est temps que les parents assument leur responsabilités sinon ils seront victime de leur propres ingnorances car un homme sans éducation est un sous homme. Je sais pas de nos jours au Faso où on va avec cette merde généralisée, ce qui est sûre on va tout droit et vite. Alors aux parents à vos marques avant qu’il ne soit trop tard !!!!!

  • Le 9 février 2012 à 12:46, par Burkinbiga En réponse à : Société : Vous avez dit autorité...parentale ?

    C’est bien dommage. Jadis, affirmer être burkinabè était une grande fierté. Mainteneant, je n’en suis plus certain. Certes, il faut suivre la mondialisation, le développement, mais il ne faut jamais perdre son identité. La culture du gain facile, la corruption et bien d’autres pratiques ont salis notre intégrité.
    Il faudra une révolution morale et politique pour que les burkinabè deviennent à nouveau des hommes intègres.

  • Le 9 février 2012 à 13:55, par Didi En réponse à : Société : Vous avez dit autorité...parentale ?

    La morale agonise, les valeurs se perdent de plus en plus sous nos cieux ! Le problème avec le noir c’est qu’en voulant imiter, sans tenir compte du contexte, il le fait avec exagération ! L’illustre Pr Bado lançait un cri face à la perte des valeurs, il voulait que l’on rétablisse une certaine dignité, intégrité au Burkina. Comme aussi son projet de loi sur le délit d’apparence. Mais comme d’habitude il a été raillé, on l’a taxé comme on le fait d’habitude d’illuminé ! Que voulez-vous. A mon temps il y avait un cours d’éducation civique au secondaire (dans un établissement religieux), cela semble avoir disparu !! C’est dommage ! Mais rien n’est perdu, il suffit d’ouvrir les yeux, de prendre conscience, de débattre sérieusement sur la question et on retrouvera notre intégrité du temps ! Que l’on propose des lois allant dans ce sens (âge limite de fréquentation de lieux de réjouissance, tenue vestimentaire décente exigée, interdiction du tabac en tous lieux publics, interdiction d’engins à 2 roues (motorisé) au - de 20 ans, etc. La liste est longue, mais on peut y arriver !

  • Le 9 février 2012 à 14:39 En réponse à : Société : Vous avez dit autorité...parentale ?

    Chez nous on dit :"quand le poisson pourrit, ça commence par la tête"

  • Le 9 février 2012 à 16:02, par Alexio En réponse à : Société : Vous avez dit autorité...parentale ?

    Parlez vous dela morale comme si c etait la cle du developpement est un mythe pour moi.Le monde avance,le Burkina aussi qu on le veuille ou pas les nostalgies des temps ancients,bien sur chaque generasjon a ce reflet-la.Les europeens ont compris ou bien ont ceder ses exigenges morales qui n ont rien a avoir avec l education de l enfant qui serait l homme ou la femme de demain.Les droits des enfants ne doivent pas etre pris en otage par les interets egoistes de certains parents.L obscurantisme d atan er presque effacer par l avenement de la television.Comme chaque developpement a ces hauts et ses bas,l essentiel er de savoir ce qui est bien pour sa famille, individuellement ses enfants dans un monde a l ere numerique.La mondialisation nous concerne tous.Notre societe doit etre reorganiser pour relever ce defi.

    • Le 9 février 2012 à 17:31, par johnblacksad En réponse à : Société : Vous avez dit autorité...parentale ?

      "Les droits des enfants ne doivent pas etre pris en otage par les interets egoistes de certains parents"

      Quand je vois quelqu’un de 30 ans ou plus, frapper quelqu’un de 10 ans ou moins... je suis suis effondré par le cuisant échec de l’adulte, fût-il le père, la mère, le cousin, le grand-frère, le professeur, la grand-mère, un grand-frère du quartier, un oncle du village... bref, peu importe... j’ai 31 ans aujourd’hui et jamais je ne mettrai la main sur un enfant, que ce ne soit pas le mien ou encore moins, que ce soit le mien... bref, la morale... à d’autres.

      Ce n’est pas parce que vous voulez bien faire et que vous êtes persuadés de bien faire que vous faites bien. Vos intentions sont louables, mais sachez reconnaître l’échec de leur finalité.

      Wend na yiid fan soangda !

    • Le 9 février 2012 à 20:48, par Puis.... En réponse à : Société : Vous avez dit autorité...parentale ?

      Mr Alexio parle de la theorie du development d’un point de vue purement sociologique. D’accord que le capitalisme absorbe, et il faut bien conformer pour mieux se positionner dans le system. Mais je pense qu’il est fort possible de tenir compte des valeurs morales si on veut conserver une identite a nous. Le capitalisme ne nous reussi pas, parce que justement il ya des barrieres. On peut reformer en gardant nos valeurs aussi. C’est bien faisable.

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