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Diaspora : Une association de femmes musulmanes burkinabè au Ghana

Publié le mercredi 20 octobre 2004 à 06h29min

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S. Pierre Sanou

Depuis plus de cinquante (50) ans, des femmes burkinabè, toutes des musulmanes, cultivent au quotidien l’entraide et la solidarité au Ghana, non seulement entre elles mais aussi à l’égard des autres nationalités à chaque fois que l’occasion se présente.

Ainsi fonctionne l’association "Buudyélé" qui signifie en mooré : affaire de famille.

Plus de mille membres composent l’Association "Buudyélé". Elles sont toutes nées, ont grandi, se sont mariées et vivent au Ghana. De ce fait, elles ont tout hérité : culture, langage, vision, bref, elles se sentent plutôt Ghanéennes que Burkinabè. "Nous préférons rester au Ghana parce que nous sommes habituées à leurs mode de vie et nous nous sentons comme chez nous. De plus, nous sommes déconnectées du Burkina où nous n’y allons que très rarement, a dit la présidente de "Buudyélé", Hadja Adissa Ouédraogo/Soré.

La soixantaine bien sonnée, la présidente est reconnue pour ses œuvres caritatives à l’endroit des plus démunis. C’est ce que nous a confié une de ses filles, Mlle Aminata Ouédraogo. "En ce temps de Ramadan, chaque soir, maman donne à manger gratuitement à tous ceux qui viennent à elle", a-t-elle précisé comme pour justifier le grand rassemblement d’hommes, de femmes et d’enfants dans la cour, chacun tenant son plat à la main.

Aminata 34 ans est diplômée d’une école de couture au Ghana. Elle travaille dans un atelier où elle apprend la couture à des jeunes filles, parmi lesquelles des orphelines que sa mère lui a confiées, en vue de leur assurer un lendemain meilleur. Aminata a souligné que sa mère a également ouvert un salon de coiffure au profit des orphelines sans distinction de nationalité ni de religion, même si la priorité est accordée aux filles burkinabè.

Le commerce, une activité capitale

Dans "Buudyélé", toutes les femmes s’exercent dans le commerce, la plupart étant propriétaires de boutiques, de kiosques. Elles quittent leur maison pour se rendre à leur point de vente chaque matin et n’y reviennent que le soir. Mais au-delà du commerce, elles ont des projets qui sont restés des rêves faute de moyens. Il s’agit notamment de la fabrication d’un produit local contre les dermatoses à base de l’Aloévera (une plante médécinale) de l’ouverture d’un centre d’apprentissage de métiers pour assurer à la génération (burkinabè) montante un avenir certain.

"Parmi nous, il y a des expertes en ce qui concerne le tissage de pagnes Faso dan fani ", a insisté la présidente. Elle a par ailleurs, révélé le grand désir de l’association d’avoir des lopins de terre pour exploitation agricole. "La vente des produits agricoles nous serait d’un grand avantage, a-t-elle ajouté.

Le problème incontournable que vit la diaspora

Unanimement, les membres de l’association reconnaissent qu’il est très difficile d’obtenir un visa pour les Etats-Unis par exemple, lorsque l’on est de la diaspora. "Au Ghana ici, nous ne pouvons pas obtenir un visa parce que nous ne sommes pas d’ici même si nous y résidons. Mais le pire est qu’au Burkina, nous ne pouvons non plus l’obtenir parce que nous n’y avons pas vécu et que les enquêtes mené sur nous au Burkina n’aboutissent jamais", déplore, l’une d’elles. Alors que faire ?

Le nouveau ambassadeur du Burkina au Ghana, son Excellence Sini Pierre Sanou a expliqué que le problème de visas, est général lorsque l’on est de la diaspora, dans tous les pays. C’est une question de procédure administrative, a-t-il dit. Cet ambassadeur qui vient de prendre fonction il y a juste deux mois, estime que les Burkinabè sont bien intégrés au Ghana. Le Ghana a bien réussi sa politique d’intégration trouve-t-il, après avoir visité, pour le moment, trois chefs traditionnels.

Selon son Excellence, cette visite s’inscrit dans l’une des missions de l’ambassadeur qui est d’organiser et de mobiliser la communauté. "Nous comptons mettre en place le Conseil supérieur des burkinabè à l’étranger (CSB) dans chacune des dix (10) régions du Ghana. Ainsi il y aura une section du bureau national dans chaque région. Le travail a déjà commencé. La mise en place de ces structures nous permettra de mieux organiser nos compatriotes" a révélé l’ambassadeur.

Aimée Florentine KABORE (kaborette@yahoo. fr)
Sidwaya

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