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Communication gouvernementale : Il était temps !

Publié le lundi 24 novembre 2003 à 10h07min

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Après environ trois ans de rupture sinon de sevrage, le gouvernement a repris ses points de presse. Des occasions indiquées pour ne pas dire idéales pour ceux qui gèrent le pouvoir d’Etat d’expliquer à travers les médias et les journalistes du public et du privé leurs actions politiques.

Les informations et les explications du gouvernement s’adressent bien sûr en premier lieu à l’opinion nationale et internationale. Une opinion qui a besoin d’informations et qui parle à raison de déficit de communication.

Pour remédier à cette insuffisance communicationnelle, il y aura chaque semaine un point de presse du gouvernement. Et cela de préférence les jeudis pour débattre des dossiers passés en conseil des ministres. C’est dire que de manière régulière et rapprochée dans le temps, le gouvernement tient à informer publiquement l’opinion.

Pourquoi maintenant ? Est-ce pour enrayer le déficit de communication dont il est accusé ? Sans doute. Le porte-parole du gouvernement, M. Adama Fofana dans sa rencontre avec la presse le 20 novembre dernier, a souligné que "le gouvernement s’attachera de façon périodique à appliquer à divers niveaux d’autorité, un programme de communication officielle. Et cela avec l’ambition d’intégrer sans détour, toutes les questions nourrissant l’attente de l’opinion et avec parfois une approche d’anticipation sur certaines conjectures". En fait, la démarche du pouvoir est de réconcilier le citoyen avec les institutions de la République et partant avec ses dirigeants.

Il était temps de se réveiller et de prendre suffisamment en compte le droit du citoyen à être informé et aussi de rompre avec ce déficit de communication aux effets dangereux dont la crise de confiance qui peut facilement s’installer entre le pouvoir et les citoyens.

On l’a constaté pendant certains moments difficiles que le pays a traversés ces cinq dernières années. Le pouvoir a souvent donné l’impression d’hésiter ou de garder le silence devant des problèmes qui exigent, de sa part, explications. Même les sujets entourant les domaines de souveraineté ont besoin selon les moments d’être ouverts aux débats publics. Il n’en faut pas plus pour qu’une certaine opinion parle de mépris, voire de trahison.

Les citoyens sont de plus en plus exigeants vis-à-vis de leurs gouvernants. Il n’est pas vrai de soutenir qu’une opinion publique capable de sentir, de réfléchir ou de peser sur les solutions aux questions nationales n’existe pas.

Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le parti au pouvoir a stigmatisé le déficit de communication dont souffre la politique gouvernementale. Au point que même des actions positives comme la politique de la petite irrigation villageoise, les conventions de financement en faveur du monde paysan, sont à peine connues. Savoir gouverner, c’est aussi savoir communiquer.

La communication gouvernementale se gère. Le gouvernement ne doit pas être contraint de s’expliquer parce qu’il est acculé. Il doit anticiper pour éviter que les citoyens se tournent ailleurs pour s’informer avec parfois des risques de désinformation et de mensonge.

Il faut saluer la reprise des points de presse du gouvernement tout en souhaitant qu’ils ne donnent pas lieu à des rencontres ennuyeuses parce que trop rapprochées. Il faut tout aussi souhaiter que les sujets soient pertinents. Ce que l’on attend en définitive c’est bien une meilleure visibilité et lisibilité de la politique gouvernementale. Sans langue de bois.

Bessia BABOUE
Sidwaya

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