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Campagne cotonnière 2004-2005 : la commercialisation se prépare

Publié le mardi 19 octobre 2004 à 07h42min

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Des fora entre les producteurs de coton et la Sofitex d’une part, et la société cotonnière du Gourma (SOCOMA), d’autre part, ont été organisés les 12, 13, 14 octobre 2004. Des échanges très ouverts ont permis aux acteurs de la filière coton de faire le point de la campagne agricole et d’accorder les violons sur celle de la commercialisation qui s’annonce. C’était respectivement à Léo dans la Sissili, à Fada dans le Gourma et à Yé dans le Nayala.

Les retrouvailles de la Maison des jeunes et de la culture de Léo entre la Sofitex et les producteurs de coton de la Sissili ont eu pour objet, la préparation de la campagne de commercialisation du coton. Quant à la campagne agricole, à écouter les acteurs de la filière, elle a été bonne. Pour gagner en temps et en qualité, la Sofitex a recommandé aux producteurs une récolte précoce du coton graine et l’élaboration d’un calendrier d’évacuation. Ce qui va lui permettre de traiter le coton au fur et à mesure de sa récolte au niveau des champs. Telles sont les raisons de cette invite, a indiqué le chef de la région cotonnière du Centre-Ouest (Koudougou), M. Paulin Rouamba.

Il donne en outre, l’assurance que son usine est prête à recevoir du coton à partir du 20 octobre prochain. Les producteurs qui ont écouté religieusement les attentes de la Sofitex, ont toutefois tenu à lui faire part des difficultés qu’ils rencontrent sur le terrain. Ils ont surtout dénoncé les retards d’évacuation et de paiement, les péripéties pour l’obtention de l’engrais, l’insuffisance de communication, l’absence de certains agents techniques coton (ATC) à leur poste,...

A ces préoccupations, la Société des fibres textiles a promis des solutions dans la mesure du possible. Au mieux, elle a appelé les producteurs à promouvoir les cadres de concertation créés deux fois par mois entre la Sofitex et les cotonculteurs. Au-delà des difficultés, les producteurs de la Sissili ont demandé l’installation d’une usine d’égrenage dans leur région. La Sofitex a conditionné la satisfaction de cette doléance par l’atteinte dans la Sissili d’une production de 30 000 tonnes ; mieux que les 24 000 tonnes attendues pour la présente campagne. Un défi que les producteurs se sont engagés à relever.

"Campagne peu clémente dans le Nayala"

Si dans la Sissili, la Sofitex peut se frotter les mains, le Nayala par contre a connu une saison très capricieuse. Les producteurs et la Sofitex qui se sont réunis dans le village de Yé, le 14 octobre dernier, l’ont tous constatée. "Depuis le 13 septembre jusqu’à l’heure où je vous parle (14 octobre), nous n’avons pas enregistré la moindre pluie". C’est en ces termes que M. Sié Serge Dah, chef de centre de la Sofitex, zone de Koudougou, a présenté la situation. Les conséquences de cet arrêt des précipitations sont énormes. "On ’n’aura plus rien comme coton sur les parcelles qui ont connu des semis tardifs (40%)", a expliqué M. Dah. A cela s’ajoute, selon lui, des cas d’inondation enregistrés dans la zone. Sur les 7 500 hectares de coton attendus dans le Nayala, il ne reste plus que 5500 hectares d’espoir. Avec ce tableau peu reluisant de la campagne cotonnière dans cette partie du pays, les producteurs ont demandé à la Sofitex de l’indulgence dans le remboursement des dettes contractées. La Sofitex qui s’est dit très sensible à ces problèmes, a rassuré, qu’elle va essayer de reporter ou d’étaler la déduction de crédits sur une ou 2 campagnes.

Tout comme dans la Sissili, dans le Nayala, la question de rapidité dans l’évacuation et surtout dans le paiement a été posée. Et cela, pour permettre aux producteurs de se ravitailler en céréales, dont la production n’a pas été des meilleures. La Société des fibres textiles réaffirme que la balle est dans le camp des producteurs. "Il leur appartient de récolter plus tôt le coton", a déclaré les délégués de la Sofitex.

Dans l’optique de la campagne prochaine, l’équipe de la Sofitex a préparé les cotonculteurs à une éventuelle baisse du prix d’achat du kg de coton. Les paysans risquent de se contenter du prix planché sans la ristourne additionnelle fixée à 35 FCFA par kg, cette année. Une incertitude liée, selon le chef du centre de Koudougou, à la baisse du cours du coton sur le marché mondial. Ainsi, les producteurs ont été appelés à minimiser les coûts de la production en utilisant davantage la fumure organique, plus économique que l’engrais chimique. Ils ont été également invités à faire de la production intensive qui pourra permettre de réaliser de bons rendements susceptibles de couvrir les crédits et dégager des bénéfices.

"Une production record à l’Est"

Du côté de l’Est du Burkina, l’heure est à la surproduction par rapport à la capacité d’usinage. Ce sont 60 000 tonnes de coton graine qui sont prévues contre 45 000 tonnes enregistrées, la campagne précédente. Pour la seule province du Gourma, les producteurs sont passés de 10 000 tonnes à 20 000 tonnes. C’est autour de ces messages fort encourageants que les producteurs des 6 départements de la province et leur nouvelle Société cotonnière du Gourma (SOCOMA) se sont retrouvés à l’hôtel de ville de Fada le 13 octobre passé. Cette Société qui a pris le relais de la Sofitex dans la région a voulu se présenter aux producteurs, a affirmé M. Gaudard Lucien, son directeur général. La SOCOMA est une société à capital social de 6 milliards de FCFA qui a désormais en charge la gestion de la filière à l’Est du pays. Il s’est agi aussi, selon lui, de dire aux producteurs que "la campagne de commercialisation 2004-2005 s’annonce difficile eu égard à la faible capacité de la seule usine de Fada" ; celle prévue à Diapaga ne sera fonctionnelle qu’à partir de mars-avril 2005 au mieux, a-t-il laissé entendre.

A Fada également, les producteurs ont souhaité une évacuation et un paiement dans le délai. Un problème que la SOCOMA compte résoudre avec le système de 90%. Il consiste, explique le chef de région de la SOCOMA, M. Ali Compaoré "à construire des silos pour ceux qui n’en ont pas, à peser le coton, à le stocker et à donner aux paysans une avance de 90% de leurs dus et les 10% restants seront payés après l’évacuation". La SOCOMA projette en outre, d’intégrer des lopins de cultures en rotation avec le coton dans sa zone d’intervention regroupant les provinces du Gourma, de la Komondjari, de la Gnagna, de la Tapoa, du Koulpelgo et de la Kompienga.

Alassane KARAMA
Sidwaya

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