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Actu vert ! Le réchauffement climatique menacerait-il la paix mondiale ?

Publié le lundi 23 janvier 2012 à 23h33min

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En 2007, un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) soulignait les liens entre changement climatique et insécurité mondiale, désignant les principaux "points chauds" : Nord et Sud de l’Afrique, Sahel, Méditerranée... Fin juillet 2011, c’est le Conseil de sécurité de l’ONU qui a fait entendre sa voix sur le sujet. Des "casques verts" seraient même en gestation pour régler ces conflits liés au changement climatique et ses symptômes – sécheresse, pénurie d’eau, événements climatiques extrêmes, réduction des territoires avec la montée du niveau de la mer, etc. A en croire ces déclarations et rapports, le changement climatique serait une véritable menace à la paix et à la sécurité internationale.

En effet, les évènements climatiques extrêmes, de plus en plus fréquents et intenses, déstabilisent les pays riches comme pauvres en "dévastant des vies, des infrastructures et des institutions". Autre cause notoire d’insécurité : la perte de territoires de certains Etats, insulaires en particulier, du fait de l’augmentation du niveau de la mer. Au Burkina, les changements climatiques provoquent le recul de la pluviométrie dans certaines zones. Conséquence, les terres agricoles s’amenuisent d’année en année obligeant les populations à se déplacer, vers les zones aux terres agricoles plus riches ou dans les villes. Cette situation entraine des risques de conflits entre autochtones et migrants dans les campagnes et une croissance incontrôlée des villes avec son lot de problèmes (chômage, insécurité…).

A cela, il faut ajouter les risques de conflits agriculteurs-éleveurs à cause, entre autres, de la diminution des terres de pâturage. A terme, les changements climatiques menacent donc les productions agricoles avec pour conséquence directe, la hausse des prix des produits alimentaires. Ce qui pourrait aggraver l’insécurité alimentaire avec son contingent de « révoltes de la faim ». Selon un récent rapport de la FAO, cette escalade des prix alimentaires – de + 40% entre janvier 2010 et février 2011– n’est pas terminée. Et pour une étude américaine du New England Complex Systems Institute, au-delà de ces fortes fluctuations, la courbe des prix grimpe régulièrement depuis 2004. A ce rythme, ces prix moyens dépasseront un seuil de sécurité au-delà duquel, il y aurait de forts risques d’émeutes de la faim, dans un avenir très proche.

Il y a peu de chance que cette tendance à la hausse fléchisse, puisque le réchauffement climatique menace de plus en plus l’agriculture, souligne le rapport. Parmi les causes de ces prix élevés, viennent en première ligne, la spéculation des investisseurs sur les marchés des matières premières agricoles et la conversion de terres pour la production d’agrocarburants. Des facteurs évitables, car issus de choix politiques, selon les scientifiques. Dans cette lutte contre le réchauffement climatique, pays développés et émergents ont une responsabilité particulière à faire face à ces nouveaux enjeux. Il sied d’accélérer l’opérationnalisation de tous les accords décidés à Cancun et à Durban, y compris sur la protection des forêts, l’adaptation et la technologie. Et il faut agir vite, car le compte à rebours a déjà commencé.

De nombreux scientifiques prédisent que le réchauffement climatique pourrait dépasser les 2°C d’ici à 2030, franchissant ainsi, un seuil dangereux dans un horizon pas si lointain pour la plupart des habitants actuels de la planète. « Certains niveaux de changement climatique se produiront très probablement au cours de la vie de la plupart des individus vivant aujourd’hui… à moins que les émissions de gaz à effet de serre ne soient réduites de manière substantielle, dans les décennies à venir », a indiqué une étude publiée par des scientifiques des universités britanniques de Reading et d’Oxford, du Centre Hadley du Met Office et de l’Université Victoria de Wellington en Nouvelle Zélande.

« De grandes parties de l’Eurasie, d’Afrique du Nord et du Canada pourraient potentiellement, connaître une augmentation des températures moyennes individuelles sur cinq ans qui dépasseront le seuil des 2°C d’ici à 2030, une échéance qui n’est pas si distante », indique l’étude. Toutefois, l’humanité peut toujours agir pour limiter les dégâts, car si les émissions étaient réduites de façon substantielle, le seuil des 2°C pourrait être retardé de plusieurs décennies, sauvant peut-être le monde de quelques conflits inutiles. Mais cela, il faut encore le vouloir !

Raphaël KAFANDO

Sidwaya

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