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Bouteilles vides de combustibles : Il y a de l’eau dans le gaz

Publié le vendredi 20 janvier 2012 à 00h28min

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Depuis quelques années, la consommation du gaz butane a augmenté à tel point que, en plus des distributeurs agréés et reconnus par l’Etat, des points de vente non autorisés ont vu le jour aux abords des artères des grandes agglomérations du pays. Après avoir fermé les yeux sur ce commerce dangereux, le ministère de tutelle a décidé d’y mettre fin. Et tel un couperet, un communiqué est tombé le 16 janvier 2012, interdisant désormais ce commerce. Une décision qui met en à mal les rapports revendeurs/gouvernement. Véritablement, le butane pose problème à Ouaga, d’où notre titre.

Après avoir constaté que des revendeurs d’articles divers aux abords des artères des grandes agglomérations du pays « s’adonnent illégalement à la revente de bouteilles de gaz butane pleines et/ou vides de marques agréées ou non au Burkina Faso », le ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat a invité, à travers un communiqué, lesdits commerçants à restituer ces marchandises à leurs distributeurs agréés que sont TOTAL, ORYX, STD-SODIGAZ-APC et PETROFA. Précisant que cette restitution se fera contre le remboursement par le distributeur concerné du taux de consigne de la bouteille, ce communiqué, paru le 16 janvier dernier dans les colonnes de L’Observateur Paalga, invite ces revendeurs illicites à s’exécuter avant deux semaines à compter de la première diffusion dudit communiqué ; sous peine de voir leurs marchandises saisies par les services de contrôle compétents d’une part, et de se faire sanctionner d’autre part.

Ce même jour, la Rédaction de L’Obs. a reçu la visite de plusieurs revendeurs de bouteilles de gaz installés aux alentours du ciné Burkina, venus exprimer leur ras-le-bol quant au contenu de ce communiqué. Le lendemain, nous sommes allés à leur rencontre, et voilà comment Salif Traoré, leur porte-parole, voit les choses : « C’est la force que le ministère veut nous faire. Vous voyez ces bouteilles (NDLR : il montre des bouteilles de gaz butane importées), nous les importons du Mali, du Ghana et de la France. Et quand nous les recevons, nous allons à SODIGAZ les échanger avec des bouteilles qui portent leur marque. Il arrive aussi que des gens viennent nous revendre leurs bouteilles, que nous leur avions nous-mêmes vendues auparavant.

Nous faisons ce commerce pour nourrir nos familles. Il y a quelques années déjà, la gendarmerie avait effectué des descentes au niveau de nos étales et avait emporté nos bouteilles sans explication aucune. Cette fois-ci, nous ne tolérerons rien de tel, nous n’allons pas nous laissés faire ». Ne vous arrive-t-il pas de faire dans le recel en achetant des bouteilles volées ? « Nous ne pouvons pas deviner si quelqu’un qui vient nous vendre une bouteille l’a volée. Et s’il arrive qu’il soit arrêté et conduit à notre niveau, nous restitution la bouteille ». Mais savent-ils seulement que leur activité peut être dangereuse pour eux, leurs voisins immédiats ainsi que leurs clients ? A en croire Salif Traoré, depuis plus de 15 ans qu’il fait ce commerce, aucune bouteille de son étalage n’a jamais explosé et il n’a jamais entendu parler d’un tel cas. Il n’y croit même pas.

Du coté des distributeurs agréés, on se refuse à tout commentaire. Mais au ministère du Commerce, on nous fait comprendre que le ministre a été on ne peut plus clair : il attend la fin de l’ultimatum, et au cas où des revendeurs ne se seraient pas exécutés, force restera à la loi. Rappelons que c’est conformément aux dispositions du décret n° 2002-146/PRES/MCPEA/MCE du 3 mai 2002, portant réglementation de la distribution des produits pétroliers et dérivés, qui stipulent que “seuls les distributeurs agréés de gaz butane sont autorisés à importer des bouteilles de gaz butane qu’ils font agréer à leurs marques et couleurs”, que l’autorité a pris cette décision.

Et aussi du fait que la mise à la disposition de ces bouteilles aux consommateurs, appelée consigne, s’effectue, pour des raisons de sécurité, par leurs soins et sous leur responsabilité, selon le taux de consigne défini par l’arrêté modifié n°02-045/MCPEA/SG du 3 juin 2002. Mais pourquoi est-ce seulement maintenant que la décision d’appliquer ce décret a été prise ? Cette question n’a trouvé de réponse au département en charge du Commerce et de l‘Industrie. A en croire Daouda Ouédraogo, revendeur de bouteilles de gaz butane devant le ciné Burkina, l’autorité est de mèche avec les distributeurs agréés pour « couper leur pain » ; même si les revendeurs disent n’avoir pas oublié le bien que leur a fait le ministère lorsqu’ils ont été vandalisés par les mutins l’an dernier, ils ne comptent pas se laisser faire.

M. Arnaud Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 20 janvier 2012 à 11:41, par Jouné En réponse à : Bouteilles vides de combustibles : Il y a de l’eau dans le gaz

    Ce décret s’il est aplliqué viendra quelque peu mettre un terme au vol incessant des bouteilles de gaz dans les habitations. Soutenons tous nos autorités pour qu’il en soi ainsi.
    Je suis sidéré de ce qu’à chaque fois que l’autorité veuille prendre une décision, il y a toujours des gens qui s’interpose nt à la raison que c’est leur gagne-pain même s’ils reconnaissent que leurs activités portent atteintes à l’intérêt général. Faut-il laisser l’intérêt général périr au détriment des intérêts individuels ? Mettons de l’eau dans notre vin et faisons confiance à nos autorités même si quelque fois certains mélangent les pédales.

    • Le 20 janvier 2012 à 15:02 En réponse à : Bouteilles vides de combustibles : Il y a de l’eau dans le gaz

      Il ya beaucoup de chose que je n’ai pas aimé du gouvernement mais cette fois ci je le soutien fermement. Force reste à la loi. Ce sont ces vendeurs qui font que le gaz est de plus en plus rare et cher. Vous vous imaginez quand on approvisionne un lieu en gaz ils sont les 1ers à se ruser déçu et ils échangent souvent les bouteilles à 5000 ou 6000F au lieu de 4000F. Moi meme j’ai été victime de ça. M. KAFANDO on est derrière vous, il faut qu’on mette de l’ordre dans beaucoup de domaine au Faso.

  • Le 20 janvier 2012 à 12:55, par ROMIK WEND BENE En réponse à : Bouteilles vides de combustibles : Il y a de l’eau dans le gaz

    En réalité ,il n’y a pas que de l’eau au sens figuré dans le gaz , il y a de l’eau au sens propre ! Voyez vous la bouteille du gaz peut effectivement faire les 12 kg , mais la composition chimique du gaz laisse à désirer ;à peine cette bouteille me fait le mois aujourd’hui ,cependant mes habitudes n’ ont pas variées comme auparavant ou elle me conduisait à un mois et demi.
    J’invite les grands chimistes à nous éclairer la lanterne.

  • Le 20 janvier 2012 à 12:56 En réponse à : Bouteilles vides de combustibles : Il y a de l’eau dans le gaz

    Forec doit rester a la loi

  • Le 20 janvier 2012 à 13:51, par Yabiri En réponse à : Bouteilles vides de combustibles : Il y a de l’eau dans le gaz

    Salut. Cette mesure est la bienvenue. Du coup, elle résoudra plusieurs problèmes :
    - Le vol et le recel des bouteilles de gaz.
    - Les ruptures ; ces nombreuses bouteilles jadis immobilisées par les commerçants entreront enfin dans la chaine de distribution du gaz.
    - L’insécurité ; les fuites de gaz nous seront fatales à la moindre étincelle. Il faudrait ajouter le danger que toute bouteille de gaz présente face à un incident(notamment les incendies qui peuvent survenir à tous moment).
    - Etc.
    Je souhaite que les commerçants coopèrent et négocient des meilleurs conditions de reprises de ces bouteilles qui du reste ne leur appartiennent pas.

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