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Boko Haram : Danse macabre au bord du précipice

Publié le jeudi 19 janvier 2012 à 01h00min

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Comme toujours, c’est de la triste manière que Boko Haram s’est signalé mardi dernier à Maiduguri, en ouvrant le feu contre un poste de contrôle, causant la mort de 6 personnes (2 soldats et 4 policiers). Appelée en renfort, l’armée a, au cours d’un accrochage, tué 4 membres présumés de ce groupe islamiste. De représailles en représailles, les cadavres s’amoncèlent dans cette partie du nord nigérian, d’où les fous d’Allah entendent chasser tous les non-musulmans.

Il faut avouer qu’à Abuja, on ne sait plus par quel bout prendre cette secte islamiste. Alors que le front social est en train de se stabiliser après les grèves contre la hausse du prix du pétrole à la pompe, voilà que sur le terrain sécuritaire, Boko Haram a encore fait le coup de feu. Comme quoi il faut toujours que quelque chose se passe dans ce pays qui n’est jamais un long fleuve tranquille. Avant, c’était les rebelles du delta du Niger qui donnaient de l’insomnie au pouvoir central, à présent, on ne parle plus vraiment de ce mouvement, qui a été en quelque sorte supplanté par Boko Haram sur le plan de l’affrontement armé.

La grande question est de savoir ce que peut faire Abuja pour enrayer les actions barbares de ces fous d’Allah, qui semblent avoir des ramifications dans plusieurs structures étatiques. Le président Goodluck Jonathan lui-même a dénoncé récemment les connexions, les complicités qui existeraient entre cette secte et certains bonzes militaires, économiques et politiques tapis dans l’ombre et qui agissent comme des supplétifs de Boko Haram.

Si de telles connexions s’avéraient, alors on ne pourrait pas ne pas se rappeler l’hydre islamiste dans les années 90 en Algérie, où ces mahométans d’un genre peu recommandable avaient des relais dans tout le corps social à tel point qu’il était difficile de les vaincre. Le combat contre Boko Haram sera des plus harassants, d’autant plus que la secte n’a pas de camp retranché ou de maquis qu’on peut aisément cibler. Du coup, Abuja est réduit à se battre contre un adversaire invisible, donc à n’intervenir qu’en réaction, en représailles.

Vu le gigantisme du pays, on avait pensé que le fédéralisme serait la solution à ce genre de dérive, mais hélas. Les Etats sont en passe de devenir plus forts que le gouvernement central. Bien malin alors qui saura trouver la solution définitive à cette équation, à ce casse-tête nigérian. C’est à cause de tout ce bordèle que le géant de la sous-région ne parvient pas à assumer et à affirmer convenablement son leadership et apparaît davantage comme un colosse aux pieds d’argile. Ce qui est sûr, c’est que si le Nigeria doit continuer sa danse macabre au bord du précipice, inéluctablement, il finira par y tomber en entraînant tout l’ouest africain.

Le problème est d’autant plus complexe qu’il touche à la foi. S’il s’agissait de confrontations politiques, idéologiques, on pouvait toujours recoller les morceaux, raisonner les gens ; mais quand le mal a une origine religieuse ou ethnique, il devient presqu’impossible de démêler l’écheveau. C’est toute la complexité du problème nigérian.

Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut baisser les bras. Au contraire, Abuja doit ferrailler pour tempérer l’animosité entre ses fils de religions différentes. A défaut, le gouvernement fédéral risque d’assister en spectateur impuissant aux massacres interreligieux. En effet, si on n’y prend garde, les barbaries actuelles pourraient être de petites répétitions en attendant le grand soir, le pogrom qui ouvrira les portes de l’enfer sur le Nigeria.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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