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Arrestation de l’ex-DG des Douanes : Désarroi des habitants du village natal de Ousmane Guiro

Publié le mardi 17 janvier 2012 à 01h46min

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L’ex-DG des douanes, Ousmane Guiro, a été arrêté et déféré à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) pour détournement de deniers publics, corruption, concussion et enrichissement illicite. Deux semaines après son arrestation, quel est l’état d’esprit des habitants de son village natal ? Sidwaya y a fait un tour pour en savoir davantage. 

Des habitats compacts juchés sur une petite colline, un calme presque plat, dû peut-être à l’harmattan. Quelques personnes âgées emmitouflées dans leurs blousons et assises à même le sol devisent tranquillement sous des neemiers. A quelques deux cents mètres de là, un autre bloc de maisons. A un jet de pierres de ce compartiment trône majestueusement un bâtiment luxueux érigé en R+1 dont l’architecture contraste avec celle de l’ensemble des habitats. Nous sommes à Boulounga, le village qui a vu naître l’ex-DG des douanes, Ousmane Guiro.

Cette bourgade de plus de huit cents âmes est rattachée à la commune rurale de Namissiguima, à une trentaine de kilomètres de Ouahigouya, chef-lieu de la région du Nord. Les habitants de la localité ont, eux aussi, appris comme tout le monde, soit par les médias, soit par les causeries, l’arrestation de «  ?leur fils ? ». Une situation qui les a surpris. «  ?Le problème de Ousmane a été une surprise générale dans le village d’autant plus que, de nature, il n’aime pas les affaires louches. Nous n’avons jamais appris qu’il a déconné ? », souligne le président du Conseil villageois de développement (CVD) de Boulounga, Salam Sawadogo. Hamidou Sawadogo, un autre habitant du village, est du même avis lorsqu’il déclare ? : «  ?Nous ne savons pas quoi faire sinon nous ne sommes pas contents ? ».

Selon lui, tous les grands hommes de ce pays ne doivent pas manquer d’argent dans leurs maisons. «  ?Mais comme nous ne maîtrisons pas tous les contours de cette affaire, nous nous en remettons à Dieu ? », se résigne t-il. Kalizèta Sawadogo, une habitante de la localité, sans trop se soucier de l’importance de la somme retrouvée chez M. Guiro, est catégorique ? : « Ousmane travaille depuis longtemps dans la Fonction publique. J’estime qu’il est normal qu’il détienne de l’argent chez lui ? ». La conseillère municipale de Boulounga, Alimata Sawadogo, elle, n’a de mots que d’implorer Dieu et la clémence des plus hautes autorités du Burkina pour que son collègue conseiller soit relaxé.

C’est également le souhait de tous nos interlocuteurs qui demandent à ce que M. Guiro soit pardonné et libéré. Le président du CVD de Boulounga, lui, va plus loin et menace de protester. «  ?Je suis affligé à telle enseigne que je voulais demander aux habitants de sortir pour que l’on manifeste notre colère par une marche. Le village se mobilise à chaque élection pour voter, mais avec cette affaire c’est comme si on a été payé en monnaie de singe ? », clame t-il. Pour le moment, il dit temporiser pour attendre la suite de l’affaire.

M. Guiro a sa part de responsabilité

Si à Boulounga les gens défendent bec et ongle la cause de l’ex-DG des douanes, à Namissiguima par contre, les positions sont mitigées. Selon l’un des conseillers municipaux de ladite localité, Hamidou Kindo, les conversations sur l’affaire Guiro diffèrent selon la compréhension de tout un chacun. Mais eu égard à la complexité du sujet, beaucoup n’ont pas voulu se confier à la presse. N’empêche, les commentaires vont bon train, en bien ou en mal. M. Kindo avoue ne pas comprendre qu’en 2007, M. Guiro soit accusé dans une affaire de fausses exonérations et qu’en 2012, il soit encore inculpé pour détournement d’argent. «  ?C’est comme si c’était sciemment fait. C’est sûr qu’au niveau de sa famille, c’est choquant mais dans la commune de Namissiguima, plusieurs personnes lui imputent la responsabilité de son acte.

Car il est inadmissible qu’un responsable ait ce genre de comportement ? », dit-il. Dans le développement de ses idées M. Kindo explique n’être pas allé très loin dans les études mais il pense qu’il n’est pas prudent de garder une importante somme d’argent par devers soi. «  ?Ç’aurait été dans une banque qu’il avait déposé l’argent, on pouvait comprendre. Nous-mêmes, nous sommes dans le besoin. Personnellement, je trouve que c’est inadmissible ? », indique t-il. A la question de savoir si M. Guiro a fait des réalisations dans sa commune, la plupart des interlocuteurs ont répondu par la négative. «  ?Nous n’en avons pas encore vu, à part son pied-à-terre qu’il a construit. Pour le développement de son village, les habitants n’avaient pas besoin de le lui rappeler. C’était plutôt à lui d’y penser ? », rétorque Kalizèta Sawadogo.

Et M. Kindo de renchérir ? : «  ?L’école de Boulounga a des difficultés et les habitants sont dans le besoin. Si cet argent avait servi à développer la commune, on pouvait témoigner que M. Guiro a fait œuvre utile ». Au vu de tout cela, le conseiller estime que ce qui arrive à l’ex-DG des douanes n’est pas souhaitable mais il a sa part de responsabilité. Le président du CVD de Boulounga reconnaît tout de même que «  ?leur fils ? » n’a pas fait grand-chose pour le village. «  ?Il a réalisé un forage mais ce n’est pas suffisant. Nous souffrons toujours du manque d’eau ? », précise t-il.?

Mady KABRE & Philibert NIKIEMA

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 17 janvier 2012 à 06:58, par Hamane En réponse à : Arrestation de l’ex-DG des Douanes : Désarroi des habitants du village natal de Ousmane Guiro

    Vous partez dans le village du Mr, vous demandez aux habitants de se prononcer, et vous venez écrire que X à dit ceci, X a dit cela, Z a dit comme ça, etc. est-ce du journaliste ou du monafica ? Si ces gens avait trop mal parler de l’ex-DG, de sa femme, de ses enfants, qu’alliez-vous écrire ? ce qu’ils ont dit ? et dans quel but ? de vendre votre journal ? donc dans le but de survivre ? et eux, en retour qu’auraient-ils gagné ? avez-vous la capacité de protéger ces gens qui se sont exprimés contre une forme quelconque de représailles à court ou moyen terme ? j’ose croire qu’en journalisme aussi il y a une éthique et on doit se soucieux de protéger le bien être moral, physique, etc. de ses informateurs. Pourquoi ne pas rendre anonyme ceux les propos de ceux qui sont favorable à cette arrestation ou qui le voient responsable de ce qui lui arrive ? Par ailleurs, au Burkina Faso, les journalistes sont les premiers à nous dire, tel boss est de tel village, tel boss est de tel village, etc. bientôt vous irez dans le village du nouveau DG pour venir nous dire qu’il n’a encore rien fait dans son village et quand il sera remplacé vous repartirez pour venir nous rendre compte de son R+0 ou R+0,5 ; etc. vous n’avez pas aussi tord de faire cela car nous dirigeants actuels ne pensent qu’à leur village d’abord, ensuite leur commune, et après on pense aux autres. sous la revolution, la vraie, la revolution originale (1983-1987), le peuple ne connaissaient pas le village de ses dirigeants qui dirigeaient avec conscience professionnelle, le principe de la justice sociale. le fils d’un village n’avait pas besoin de se prostituer politiquement pour voir le goudron passer dans son village. Aujourd’hui, pour goudronner koudougou dedougou, sabou, koudougou, ou dédougou nouna (frontière du Mali), il faut que les fils de ces localités se prostituent politiquement sinon rien. ok, sous la vraie revolution, on ne voyaient pas cela et les journalistes qu’écrivaient pas non plus cela. Au sujet de l’arrestation du DG, voici la logique des habitants de son village : "si je participe au malheur d’autrui, je suis cependant heureux d’être à ma place". Donc les gens sont heureux que ce soit pas leur propre fils ou frère.

  • Le 17 janvier 2012 à 14:04 En réponse à : Arrestation de l’ex-DG des Douanes : Désarroi des habitants du village natal de Ousmane Guiro

    Article d’une bassesse inouie et nous ramène à 100 ans en arrière avec la régionalisation des intérêts dépendants des gourvernants ! Il pouvait investir n’importe où au Burkina. Pas nécessairement dans son village. Non je suis écoeuré par l’esprit qu’il y a derrière un article de bas niveau pareil.

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